Bernie Ecclestone a confondu pendant 40 années sa vie professionnelle avec la Formule 1. Désormais que « Bernie » est cantonné à un poste subalterne de « président d’honneur », il est temps de revenir sur les grandes étapes de sa carrière, à travers ses coups de génies et ses frasques, à travers, en somme, l’histoire de la Formule 1.
Comme pilote automobile, Bernie Ecclestone n’avait pas eu un franc succès. Sans y parvenir, il essaie de se qualifier au Grand Prix de Monaco 1958. Son talent est décidément ailleurs. C’est donc en tant que manager qu’il fait ses premières armes. Il s’occupe tout d’abord de l’Anglais Stuart Lewis-Evans… mais ce dernier trouve la mort au Grand Prix de Casablanca.
Bernie Ecclestone devient ensuite le manager de Jochen Rindt. C’est un triomphe teinté de tragédie qui attend cette fois-ci Ecclestone : Jochen Rindt est sacré champion à titre posthume en 1970 – le seul dans l’histoire de la discipline.
Jochen Rindt était alors en lutte pour le titre mondial face au vénérable Jack Brabham, qui pilotait pour sa dernière année en F1. C’est justement vers Brabham que Bernie Ecclestone se tourne pour donner une nouvelle impulsion à sa carrière. Ron Tauranac, l’associé de Jack Brabham, vend l’écurie à Bernie – qui n’en change pas le nom. Ron Tauranac ne tarde cependant pas à être écarté par Ecclestone, qui, déjà, montre un certain penchant à la gestion dictatoriale.
Avec Bernie Ecclestone, Brabham va connaître plusieurs saisons de gloire. Grâce aux monoplaces finement dessinées par Gordon Murray, en 1974, Carlos Reutemann remporte trois succès (Afrique du Sud, Autriche et États-Unis).
En 1978, au volant de la BT46B, véritable « voiture-aspirateur », Niki Lauda remporte un succès éclatant en Suède – mais aussi le dernier avec cette invention révolutionnaire aussitôt interdite par la FIA. Grâce à une autre victoire de l’Autrichien en Italie, Brabham finit 3e du championnat.
Mais c’est surtout avec Nelson Piquet que Brabham retrouvera les sommets. Après avoir frôlé le sacre en 1980, le Brésilien, de haute lutte, offre deux titres de champion du monde à Brabham, en 1981 et en 1983.
Après le départ de Nelson Piquet, en 1986, Brabham amorce un déclin définitif. La saison 1986 est absolument catastrophique, avec seulement deux points inscrits, et la mort d’Elio de Angelis en essais privés.
C’est donc en 1987 que Bernie Ecclestone décide d’arrêter les frais et de vendre, pour cinq millions de dollars, l’écurie au financier suisse Joachim Luth. Entre 1972 et 1987, Brabham aura donc remporté deux titres pilotes (1981 et 1983), 22 victoires et 25 poles positions.
Grâce au rachat de Brabham en 1971, Bernie Ecclestone s’est installé pleinement dans le paysage de la Formule 1 et se sera intéressé de près à l’aspect commercial de la discipline pour les écuries. Sans cette décision (et qui sait, sans la mort de Jochen Rindt ?), le Britannique n’aurait probablement jamais pu connaître un destin hors-normes en F1.