C’est désormais une certitude : Max Verstappen se succède à lui-même en remportant un deuxième titre pilotes consécutif.
A cette occasion, Nextgen-Auto revient sur le déroulement d’une saison moins cahoteuse que celle de l’an dernier – où le Néerlandais, après des débuts difficiles, a marché sur la concurrence.
Les bienfaits d’une éducation spartiate ?
Si Max Verstappen a pu remporter son titre presque de manière clinique, sans faille et sans douter, s’il se montre aussi performant depuis son arrivée en F1, tel un véritable métronome, si, enfin, il demeure un monstre de rigueur et de travail, ne sont-ce pas là les fruits d’une éducation à la dure ?
Car Max Verstappen a eu de la chance et de la malchance en même temps, en ayant eu non seulement pour père, mais surtout comme mentor, Jos Verstappen. L’ancien pilote Benetton a accompagné Max Verstappen dès ses premiers tours de roue à 4 ans, en karting. Et pour le faire grandir, n’a souvent pas hésité à se montrer ‘bad cop’, jusqu’à des situations parfois extrêmes.
Deux anecdotes représentatives et éclairantes ont ainsi été contées par Max Verstappen lui-même ces dernières années.
En hiver, quel que soit le temps, Jos obligeait par exemple son fils à limer le bitume. Quitte à se geler les doigts.
Jos Verstappen se rappelle : « Je me souviens qu’il avait probablement huit ou neuf ans ou quelque chose comme ça. Les mercredis, l’école se terminait à 12 heures, nous allions à la piste de karting, et en hiver il faisait froid. Alors, on faisait 10 tours. Puis il avait froid. Et un jour je lui ai dit : Je m’en fous, conduis. Et il ne pouvait pas bouger ses doigts, et je m’en foutais. »
Mais l’anecdote la plus marquante peut-être demeure celle de la station-service. Nous étions en 2012, au mondial de karting… et Max Verstappen, bien que poleman, était parti 10e en raison d’une défaillance de boîte de vitesses lors de la course qualificative. Voulant trop vite remonter sur la concurrence, au 2e tour, en dépassant un concurrent, il s’était finalement crashé.
Cette faute de pilotage, certes compréhensible pour un adolescent, avait rendu fou de rage Jos Verstappen.
Et Max décrit alors ce que fut la réaction de son père, qui alla jusqu’à l’abandonner dans une station-service…
« Il a cassé la tente, tout, il l’a jetée dans le van. J’ai dû aller chercher le kart avec un ami sur la piste après la course parce que mon père m’avait dit que je devais le faire moi-même. On s’est assis dans le van en rentrant à la maison. Je voulais parler à mon père de ce qui s’était passé, de mon opinion sur l’incident, mais mon père ne voulait pas me parler. »
« J’ai continué à essayer et à un moment donné, il s’est arrêté à une station-service et il m’a dit : "Sors, je ne veux plus te parler". »
Ce fut la mère de Max qui dut aller chercher son fils dans la station déserte…
Jos se justifie
Dans son langage quotidien, livre aussi Max Verstappen, son père n’hésitait pas à le rabaisser voire à l’humilier.
« ’Bordel’, ’idiot du village’, j’entendais souvent ce genre de choses » se rappelle Max Verstappen.
« Ou encore ’tu n’y arriveras jamais’. Cela résume bien les choses. Mon père était toujours très strict avec moi quand les choses allaient moins bien ou quand je ne faisais pas de mon mieux. »
Et Jos Verstappen ? Erigerait-il son ‘modèle éducatif’ en exemple ? Interrogé aujourd’hui sur son comportement, Jos Verstappen dit ne rien regretter. Si c’était à refaire, il le referait…
« J’ai essayé de préparer Max du mieux que je le pouvais. J’ai vraiment tout fait. Mais vraiment tout. »
« Même dans les courses où il gagnait si facilement, par exemple, je lui disais qu’il ne pouvait pas dépasser dans un certain virage ou une certaine partie de la piste. C’était juste pour lui rendre la tâche plus difficile, pour trouver d’autres moyens de doubler ou non. »
« En tant que père, vous voulez toujours aider votre fils le mieux possible. J’ai essayé de le pousser dans la bonne direction. »
Aujourd’hui, Max remercie son père pour son comportement
Qu’on n’aille pas imaginer qu’en retour, Max Verstappen en voudrait à son père, à l’époque ou aujourd’hui. Bien au contraire : le désormais double champion du monde est aujourd’hui reconnaissant pour cette éducation à la dure, qui l’a ‘endurci’ selon lui.
« Sans mon père, je ne serais pas là où je suis aujourd’hui » résumait-il ainsi l’an dernier.
« Depuis qu’il a arrêté de courir en F1, il a passé tout son temps à me préparer de la meilleure façon possible. Nous avons grandi ensemble, il était mon mécanicien de karting. Il a conduit notre van depuis la Hollande ou la Belgique vers toutes les courses de karting en Europe. »
« C’est ce qui compte. C’est comme ça que mon père m’a appris à vivre. Il faut se concentrer sur soi-même et travailler avec son équipe. Tout le reste n’a pas d’importance. »
« Un peu plus de colère… non, ça marche pour moi. J’en avais besoin. Il m’a endurci, c’est bien. »