Tout le monde a remarqué sa présence dans le paddock d’Imola : ‘fit’ et fringuant, Sebastian Vettel a tenu à se rendre dans ce circuit chargé d’histoire pour la F1.
Chargé d’histoire, mais aussi de drames, en ce 30e anniversaire des morts de Ratzenberger et Senna.
C’était l’occasion pour Sebastian Vettel de s’exprimer sur le danger, la peur qu’il a ressentis lorsqu’il concourrait encore en F1.
L’ancien pilote Ferrari et Aston Martin F1 se souvient en particulier du week-end terrible à Spa, en 2019, quand Anthoine Hubert perdit la vie en F2.
Il avait alors questionné le sens même de son engagement en F1.
« Je me souviens des appels téléphoniques, des discussions avec ma femme. Je me demandais… quel est l’intérêt de remonter dans une voiture ? Mais finalement, c’est ce que j’aimais et j’ai décidé de courir. »
« Vous étiez évidemment conscient du danger que représente le sport automobile. Mais la mort n’était pas vraiment présente pendant ma période en F1 et puis vous avez cet accident avec Jules Bianchi qui a payé le prix de sa vie. Cela soulève beaucoup de questions, et évidemment si vous regardez ce qui s’est passé et a été mis en œuvre après cela. »
L’hommage de Sebastian Vettel à Senna
Très attaché à l’histoire de la F1, l’encyclopédiste Sebastian Vettel a organisé, ce jeudi, un footing sur la piste d’Imola, en hommage à Senna, en compagnie de pilotes F1, F2 et F3. Tous portaient un T-Shirt jaune aux couleurs du Brésil et avec l’inscription ’Forever’. Ils se sont ensuite rendus près de la statue de Senna pour lui rendre hommage.
30 ans après, la F1 a fait d’énormes progrès sur la sécurité. Mais peut-elle en faire davantage ? Sebastian Vettel s’est exprimé sur le sujet.
« Grâce à cet horrible week-end, aussi étrange que cela puisse paraître, les gens se sont penchés sur les circuits afin de les rendre plus sûrs, d’agrandir les zones de dégagement, de modifier le tracé, de changer les voitures, d’augmenter la résistance du châssis. »
« Mais ce n’est jamais assez rapide, les vitesses sont élevées et donc le danger est toujours là. »
« Mais je pense qu’après cet horrible week-end, les pilotes se sont vraiment rassemblés, se sont levés, et Michael [Schumacher] a beaucoup insisté pour que le GPDA se réunisse et fasse pression sur la FIA et la Formule 1 pour rendre les circuits plus sûrs. »
« Tous les pilotes qui ont continué et qui suivent encore aujourd’hui ont bénéficié de ce week-end. Mais il s’agissait d’une étape importante pour faire avancer les normes et les mesures de sécurité. »
« Il y a plus de 10 ans, avant ce week-end, la Formule 1 n’avait pas perdu de pilote. J’étais dans une situation similaire en 2014 où la mort… évidemment, vous êtes conscient du danger du sport automobile - mais la mort n’était pas vraiment présente. »
« Mais il est bon qu’après des moments aussi sombres, nous nous réunissions et essayions d’accélérer les choses, même si l’on peut penser que les choses sont aussi sûres que possible au préalable. »
« C’était un moment très, très sombre (Imola 1994), mais il est évident que j’ai été l’un des premiers pilotes à bénéficier des implications de cette décision les années qui ont suivi (en termes de sécurité). »
Le décès de Senna avait bien provoqué un immense choc en F1, permettant d’accroître sensiblement la sécurité en F1. Mais Sebastian Vettel retient aussi l’héritage humaniste du triple champion du monde.
« Il ne s’agit pas du tout de moi. J’essaie simplement de raconter l’histoire et de me souvenir de lui et de ses couleurs, en essayant d’inspirer les autres pilotes - les pilotes actuels - à s’en souvenir et à s’inspirer de lui. »
« Ayrton a défendu tant de causes. Il est probable que beaucoup de gens ont été inspirés par son époque et son héritage et qu’ils s’en inspirent encore aujourd’hui, qu’ils le transmettent à leurs enfants et qu’ils racontent l’histoire. C’est la raison pour laquelle nous sommes ici. C’est pourquoi je suis ici. »
Quelque part, en tant que pilote, Sebastian Vettel se sent guidé et inspiré par Ayrton Senna - par le désir de reproduire les engagements sociaux et humanistes de l’ancien pilote McLaren F1.
« Il est certain qu’en tant que pilote, j’ai été très inspiré par le succès qu’il a connu. D’un côté, il y a les chiffres - combien de victoires, combien de poles, combien de courses - mais il y a plus que cela, et je pense qu’il y a plus dans l’homme que les résultats et le succès. »
« Et il y a surtout ce qu’il faisait hors-piste. Le personnage qu’il était et l’importance qu’il a eue au Brésil et pour le peuple brésilien à l’époque sont probablement inégalés au Brésil. »
« Mais il est également très rare de voir une personnalité sportive non seulement atteindre une telle popularité, mais aussi assumer ce rôle et tenter d’inspirer le pays et ses habitants pour qu’ils se sentent mieux. »
« Je pense qu’il y a beaucoup de choses dont on peut s’inspirer et c’est pourquoi il est encore plus tragique que son histoire se soit arrêtée lors de cet horrible week-end, car je pense qu’il y aurait obtenu beaucoup plus sur la piste, mais aussi en dehors de la piste. »