Marek Reichman en tant que directeur créatif d’Aston Martin F1, pour l’AMR21, a dû passer du rose de Racing Point au vert de la marque britannique… en choisissant parmi toutes les nuances de vert.
Reichman est un habitué du vert d’Aston Martin puisqu’il travaille pour la marque depuis 16 ans. Mais choisir la couleur la plus emblématique ne suffit pas, comme il l’a raconté : il y a aussi bien sûr des enjeux de visibilité à la TV.
« Ce fut un long processus en fait. La couleur est quelque chose de si important. La façon dont vous percevez la couleur, la façon dont vous percevez la couleur à l’écran, la façon dont vous percevez la couleur en public à la lumière du soleil, et aussi un jour gris à Silverstone, c’est un facteur vraiment, vraiment important. »
« Nous avons passé 12 mois à développer une couleur. Nous avons procédé à de nombreuses itérations sur la livrée - jusqu’à la 59e minute de la 11e heure avec des changements de détails pour que tout soit parfait.
« Je pense que quand vous voyez la voiture, c’est spectaculaire. C’est tout ce que nous pouvons espérer. Et ce sera la plus belle couleur de la grille. »
« Développer la couleur de la peinture elle-même est si complexe, parce que nous devons traduire cela sur nos voitures de route aussi. Il ne s’agit pas seulement de développer une couleur pour la livrée qui se trouve sur la voiture de F1, parce que les gens diront qu’ils la veulent sur leurs voitures de route quand ils la verront. »
« Il faut donc passer par un processus de développement complet, qui prenne en compte la reproductibilité, les dégâts potentiels, la capacité à réparer la voiture rapidement… »
« Vous utilisez les bonnes technologies de caméra 4K, et les technologies de caméra 3D, tout cela parce que c’est le monde dans lequel nous vivons maintenant en termes d’augmentation, dans le monde du design. »
« La plupart de nos intérieurs [de voiture] sont maintenant développés en CAO et nous ne faisons pas de modèles physiques. Nous avons donc une grande capacité à simuler à la fois la couleur, la forme et la forme et à demander à l’ordinateur si cette couleur est corrigée pour l’œil. Et c’est ainsi que nous avons procédé. »
« Mais cela a été un long processus, car vous devez vous assurer que lorsque les gens sont passionnés par la couleur, et qu’ils viennent du monde de la mode dans certains cas et qu’ils connaissent leurs couleurs, ils aiment ce que vous avez fait. »
La couleur a aussi des considérations liées à la performance à prendre en compte. C’est ainsi qu’Otmar Szafnauer a surveillé de près le processus...
« Et évidemment, en pensant à une F1, je dois tenir compte des besoins d’Otmar en matière de poids. Vous ne voulez pas peindre une peinture lourde. Nous avons donc dû nous pencher sur ce point également. »
« De plus, comment obtenir la nature réfléchissante d’une belle couleur avec la technologie que nous savons pouvoir appliquer sur une F1, et ensuite passer nos pistolets à peinture pour l’appliquer également sur une voiture de route : c’était à prendre en compte. »
Qu’elle fasse ou non l’unanimité pour le moment, cette livrée sera surtout belle si l’Aston Martin F1 est rapide, conclut Reichman, qui sait aussi que la valeur de son travail est relative...
« Toujours en tant qu’esthète, vous cherchez à rendre les choses plus belles. Mais je vais voler une réplique à Otmar : une voiture est belle si elle est rapide, je suis tout à fait d’accord. Il y a donc toujours plus d’une réponse à un problème et à la façon dont on le résout. Il y a seulement quelques semaines, je regardais la Jordan qui sortait de la même usine qu’Otmar maintenant et c’est une belle voiture. »
« Je pense que l’on souhaite toujours que les choses soient plus esthétiques, parce que je pense que les gens regardent quand quelque chose est beau. Ils regardent et ils sont impressionnés. Et je pense que c’est toujours un espoir. »