Cyril Abiteboul est de retour chez Renault Sport F1 et il y a été plus que poussé par Red Bull Racing. L’équipe autrichienne semble avoir dicté ses conditions à Renault en coulisses afin de redresser la barre.
Pour le Français, nul doute que cela passe par une plus grande coopération entre les deux entités.
"Aujourd’hui, Renault est le seul motoriste qui ne soit pas intégré à une équipe," déclare le Français au magazine AutoHebdo. "Or, le groupe propulseur turbo/hybride est d’une telle complexité qu’il réclame un mode de travail et un partenariat spécifiques. Nous avons, bien sûr, cette fantastique équipe Red Bull mais, culturellement, elle se positionne en cliente plutôt qu’en partenaire. Elle ne possède pas dans ses gènes cette intégration totalement ouverte que Renault a connue avec d’autres équipes."
Abiteboul se permet tout de même une critique. "Adrian Newey s’est lui-même toujours positionné en tant que client, adoptant une position plutôt attentiste vis-à-vis de son motoriste, même durant son époque McLaren, sans assumer le rôle de responsable d’un projet châssis-moteur complet. La relation Renault-Red Bull n’est pas mauvaise mais elle doit être améliorée, élargie, amplifiée, pour arriver à travailler beaucoup mieux ensemble."
Cela sera facilité par le départ de Lotus vers Mercedes, même si cela n’a toujours pas été officialisé.
"C’est une perte pour Renault mais ce départ ne sera pas une mauvaise chose, si l’on est capable d’en tirer du positif par ailleurs. Red Bull sera soulagée dans son ego, mais là n’est pas l’essentiel. Il faut aller au fondamental : à savoir libérer les esprits et les ressources, les nôtres autant que les leurs."
"Le départ de Lotus va libérer des moyens, des hommes et clarifier notre stratégie. A partir du moment où nous n’aurons plus qu’une seule équipe de pointe, il ne faut plus se poser de questions, ne plus avoir d’hésitations et tout faire pour que Red Bull et Renault redeviennent Champions du Monde au plus vite."
Quant au budget, il ne sera pas en baisse, au contraire.
"C’est un gain sur les dépenses induites par ce quatrième client. Moins de groupes propulseurs, de pièces d’usure, de personnels de piste. Ce serait 25% du budget en moins si l’on part du principe que l’on gagne beaucoup d’argent sur chaque client, ce qui n’est pas le cas avec cette technologie. Économiquement parlant, perdre un client n’est pas un handicap."
Renault est bien à la recherche d’une meilleure reconnaissance de son travail au final.
"Renault et Red Bull Racing ont obtenu quatre titres de champion du monde et ça ne s’est pas vu. Là aussi, il faut apporter certaines corrections pour que l’équipe Renault, les gens de Renault et les clients de Renault se retrouvent dans cette aventure. Donc, il faut mettre du jaune sur la Red Bull. Pour l’instant, c’est Infiniti que l’on voit."
"Aujourd’hui, compte tenu de la règlementation, ce rôle de motoriste ne fonctionne pas. Ce n’est pas un problème propre à Viry mais un manque d’intégration à une équipe officielle. C’est sur ce plan-là qu’il va falloir bouger. Mais nous bougerons ! Les atouts ne manquent pas et nous n’avons pas le couteau sous la gorge. Si c’est simplement montrer sa marque, comme Infiniti, on sait faire. Si c’est pour raconter une histoire et faire parler de sa technologie, il faut faire différemment."