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Aéro, pneus, carburant : le règlement 2019, un triple retour en arrière pour la FIA

Elle tire la leçon des erreurs commises

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En cette nouvelle année 2019 qui débute à peine, trois changements d’importance entreront en vigueur en F1. Le règlement technique sera modifié au niveau des déflecteurs et des ailerons, afin de favoriser le spectacle en piste. Les pneus devraient moins se dégrader et être plus résistants, pour permettre aux pilotes d’attaquer davantage. Enfin, le poids maximum de carburant embarqué passera de 105 kg à 110 kg.

Or, à bien y regarder, ces trois changements apparaissent comme un retour en arrière problématique, voire comme un désaveu, pour la FIA.

Le premier de ces changements concerne donc l’aérodynamique générale des monoplaces. La simplification des ailerons arrière et surtout avant, est censée réduire l’appui, pour permettre aux monoplaces de se suivre davantage sans subir trop de perturbations aérodynamiques. Les temps au tour seront, toutes choses égales par ailleurs, abaissés d’une seconde et demie environ.

La FIA prend ainsi le contre-pied parfait de la philosophie générale du règlement 2017. A l’époque, il s’agissait de rendre les F1 plus véloces, plus spectaculaires, plus agressives à l’œil, plus physiques, pour éviter que de trop jeunes pilotes (Max Verstappen était dans les pensées) n’arrivent trop facilement à les dompter. L’appui général avait donc été augmenté… ce qui a eu, comme attendu, des conséquences néfastes sur les batailles en piste.

Déjà, avant le début de saison 2017, plusieurs pilotes comme Lewis Hamilton avaient pointé les dangers de ce règlement. Alexander Würz, le président du GPDA, déclarait lui aussi : « Si nous n’améliorons pas les records du tour, comment vendre la F1 comme quelque chose de cool ? Nous en sommes donc arrivés à ce règlement, mais je ne suis pas complètement heureux, parce que je crois que le règlement s´éloigne d’une aérodynamique raisonnée. »

En corrigeant le règlement 2017, la FIA reconnaît ainsi être allée trop loin dans l’augmentation du niveau d’appuis.

Un deuxième retour en arrière est perceptible sur la dégradation pneumatique, un sujet lancinant en F1 ces dernières années. En 2018, Pirelli, poussée par la FIA, était allé un cran plus tendre dans sa gamme. L’objectif était, là encore, de favoriser le spectacle en piste en provoquant des courses à deux arrêts.

Que s’est-il passé en pratique ? Les courses sont principalement restées à un seul arrêt ; pire, les pilotes ont adopté un train de sénateur la plupart du temps, pour ne pas trop dégrader leurs pneus.

Les pilotes se sont alors unis pour demander des pneus plus durs, à l’image de Pierre Gasly : « Nous pouvons améliorer beaucoup de choses mais clairement, un de ces aspects pour améliorer le spectacle, c’est d’avoir des pneus plus robustes, moins sensibles à la surchauffe. Cela nous donnerait une opportunité de suivre plus longtemps les autres voitures. Pour le moment, vous faites trois virages derrière une voiture et vous pouvez commencer à glisser. »

Pour 2019, Pirelli a écouté ces exigences : les pneus seront donc plus robustes, dans le but de laisser les pilotes s’attaquer. Sans le dire, une fois de plus, il s’agit d’un retour à la situation antérieure, qui n’avait déjà pas donné entière satisfaction…

La FIA a ensuite opéré un troisième retour en arrière, par rapport au règlement 2014 cette fois-ci. A l’époque, la limite maximale d’essence embarquée avait été ramenée à 100 kg. Sous l’impulsion de Max Mosley, poursuivie par Jean Todt, la F1 promouvait alors pleinement l’efficience énergétique avec les moteurs hybrides.

Or, cette règle des 100 kg a été accusée de créer des courses à l’économie. La F1 ressemblait davantage à des courses d’endurance et non de sprint. Pour permettre aux pilotes d’attaquer davantage (toujours cet objectif), la limite a été relevée à 105 kg dans un premier temps. 110 kg sera donc la norme cette saison.

Une fois de plus, la FIA renie donc, sans le proclamer ouvertement, la philosophie d’un changement réglementaire précédent.

2014, 2017, 2018 : par trois fois, la FIA a essayé de changer les règles pour favoriser le spectacle ; par trois fois, à bien regarder les retours en arrière opérés en 2019, elle est allée trop loin. La leçon de ce bilan ? Il faudra être particulièrement précautionneux avant de dresser la liste des changements réglementaires pour 2021, qui devraient modeler le visage de la discipline pour de nombreuses années.

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