La potentielle arrivée chez Renault de Marcin Budkowski à compter du premier janvier prochain remplit de surprise et de stupeur la plupart des directeurs d’écuries. Ce gros coup de l’écurie française constituerait, selon les autres écuries, une violation flagrante des principes de concurrence loyale et d’éthique dans le sport. Le directeur technique de la FIA (démissionnaire) est en effet dépositaire d’un certain nombre de secrets techniques de toutes les écuries.
Marcin Budkowski est autorisé à rejoindre une écurie de F1 après une période d’inactivité forcée de seulement trois mois. Christian Horner, le directeur de Red Bull, trouve sans surprise ce délai beaucoup trop court et évoque une rupture du lien de confiance avec la Fédération.
« Nous allons au devant d’un problème majeur s’il signe dans une autre équipe. Bien sûr, vous placez en ces personnes énormément de confiance. Dans le rôle qu’il occupait, Marcin était quelqu’un de responsable, parce qu’il était dans une position extrêmement privilégiée, et jusqu’à très récemment, il a visité les souffleries des équipes, il s’est penché sur les détails les plus intimes des designs des voitures de l’an prochain. »
« Je pense qu’un préavis de trois mois pour lui est entièrement inapproprié. J’espère certainement que ce n’est pas le cas. Je suis sûr que ce point sera discuté assez sérieusement lors de la réunion du Groupe stratégique. »
« C’est un rôle important et il est vital que les équipes aient confiance, aient foi en les instances dirigeantes, afin qu’elles puissent partager leur savoir-faire technique, en discuter sous tous les aspects – car cela coûte des millions et des millions de livres. Il faut avoir confiance dans le fait que ce genre d’informations ne pourra finir dans les mains d’une équipe rivale. »
Le propos est clair et vise à mettre la pression sur la FIA et sur Charlie Whiting. Dans sa croisade désormais pressante, Christian Horner a été rejoint par plusieurs autres dirigeants, dont Frédéric Vasseur chez Sauber.
« Nous devons savoir où va aller Marcin, mais c’est un gros problème. La FIA est pleinement informée des projets de chaque équipe dans tous les détails, et si nous ne pouvons être ouverts avec la FIA, c’est une situation délicate. C’est important de savoir où va aller Marcin. »
Le directeur des opérations de Force India, Otmar Szafnauer, est sur la même longueur d’onde.
« Connaître cette période minimale de préavis aurait été sympathique. Trois mois… je ne pense pas que ce soit assez long. Si nous l’avions su auparavant, peut-être que nous l’aurions engagé. Mais trois mois, ce n’est pas vraiment pas du tout assez long… »
« Cette période doit être assez longue pour que Marcin sache que cette technologie soit devenue, si ce n’est obsolète, du moins guère pionnière. Je pense que certains points dans le règlement nous interdisent de vendre des voitures de cette année, exactement pour la même raison. Les voitures doivent au moins être vieilles d’un an avant de pouvoir les vendre. C’est pour cela. Je pense que les périodes de préavis devraient s’inscrire dans la même philosophie. »
Christian Horner va même plus loin que son homologue de Force India puisqu’il considère qu’un préavis compris entre 12 et 18 mois serait « le standard » à considérer dans l’industrie.
Renault n’a toujours pas voulu confirmer à l’heure actuelle le recrutement de l’ingénieur polonais.