Liberty Media cherche à accroître les revenus de la F1, et pour ce faire, une des voies privilégiées est de développer la présence du sport sur des marchés géographiques où il est encore trop peu présent. C’est ainsi que le calendrier devrait être porté à 25 courses dans les prochaines années, ce qui n’est pas sans susciter l’inquiétude des écuries, notamment des plus petites, en raison de la charge de travail supplémentaire que cette extension implique forcément.
A l’heure actuelle, les propriétaires américains du sport ont déjà prévu d’organiser un deuxième Grand Prix aux États-Unis, où la F1 est encore loin d’être un sport populaire. Miami est la grande favorite pour accueillir cette course.
Après les États-Unis, le Vietnam, un pays de 95 millions à l’économie très dynamique (près de 8 % de croissance annuelle) est dans le viseur de Liberty Media. Le premier Grand Prix de l’histoire du Vietnam se tiendra en 2020, dans la capitale Hanoi.
Toujours en Asie, Liberty Media souhaite qu’un deuxième Grand Prix de Chine se tienne… et accessoirement qu’un pilote chinois soit titulaire en F1, ce qui aiderait grandement à la popularité de la F1 dans l’Empire du Milieu.
En Europe, cœur historique de la F1, un Grand Prix des Pays-Bas est sur la table, pour surfer sur la popularité de Max Verstappen. Mais la cohabitation avec le Grand Prix de Belgique se poserait alors… Y a-t-il la place, dans le calendrier, pour deux Grands Prix aussi géographiquement rapprochés ?
Voici pour la liste des nouveaux Grands Prix actuellement envisagés par Liberty Media. Néanmoins, si le groupe américain entend encore développer l’audience et les revenus de la F1, il faudra probablement aller conquérir de nouveaux marchés. Dans quelles régions du monde ? La question mérite d’être posée…
Le marché le plus important actuellement laissé de côté par Liberty Media est incontestablement l’Afrique, où se situera l’essentiel de la croissance démographique du XXIe siècle. Le potentiel du continent est immense et encore laissé en jachère. Or depuis le Grand Prix d’Afrique du Sud 1993, à Kyalami, plus aucune course ne s’est tenue en Afrique. Le sport automobile a commencé, enfin, à se réintéresser à l’Afrique, comme le prouve l’organisation récente d’un e-Prix à Marrakech. Le retour du Grand Prix d’Afrique du Sud, sous le nom « Grand Prix d’Afrique » pour en maximiser l’impact, serait dès lors une bonne piste à explorer pour Liberty Media.
En 2016, la piste d’un retour de la F1 en Afrique du Sud avait même été explorée par Bernie Ecclestone. Une mission avait été confiée à Anthony Hamilton, le père de Lewis, en ce sens. Sans suite… Le Cap ou Durban s’étaient pourtant également montrées intéressées par la perspective d’accueillir un Grand Prix. A terme, l’organisation d’un deuxième Grand Prix en Afrique, dans un pays d’Afrique de l’Est ou au Maghreb, permettrait d’ancrer la F1 sur le continent.
En Amérique du Sud, les perspectives de développement semblent plus limitées. Le Grand Prix du Brésil a déjà du mal à être rentable financièrement. L’Argentine traverse une mauvaise passe financière, et on se doute que le retour de la F1 n’est pas une priorité du gouvernement. Il y a quelques années, étant donné le poids de PDVSA dans le sport, un Grand Prix du Venezuela n’aurait pas été une hypothèse absurde ; or la récession terrible et l’instabilité politique qui affectent le pays de Pastor Maldonado ont changé la donne.
L’Amérique du Nord et l’Amérique Centrale apparaissent aujourd’hui très bien pourvues avec trois Grands Prix (États-Unis, Mexique, Canada) et bientôt quatre, avec le deuxième Grand Prix aux États-Unis.
En Europe, les perspectives de développement apparaissent là encore limitées – le poids du vieux continent se réduit même d’année en année. Néanmoins, Liberty Media a affiché son intention de préserver le « patrimoine » de la F1 – comme si l’Europe devait être réduite à un rôle muséal. Il est tout de même permis de se demander si la F1 ne devrait pas renforcer sa présence en Europe de l’Est ou en Scandinavie (Finlande ?).
En Asie centrale, le Grand Prix d’Azerbaïdjan est un franc succès en termes de spectacle tout du moins. Le Kazakhstan et l’Ouzbékistan sont également des pays en plein dynamisme économique, mais la taille de leurs marchés paraît insuffisante. Et l’organisation d’un Grand Prix à Sotchi, dans le Caucase, phagocyte déjà l’attention.
Dans le Golfe là encore, l’Arabie Saoudite aura du mal à se faire une place au calendrier, étant donné que ses alliés, les Émirats Arabes Unis (à Abu Dhabi) et Bahreïn, disposent déjà d’un Grand Prix. Du reste, le royaume wahhabite, dans le cadre du projet de modernisation « Vision 2030 », a plutôt misé sur la Formule Electrique.
En Asie du Sud-Est, l’arrivée du Grand Prix du Vietnam devrait compenser le départ du Grand Prix du Malaisie. Étant donné l’importance croissante, sur les plans démographique et économique, de cette zone géographique, la F1 gagnerait pourtant à organiser un deuxième Grand Prix dans la région, par exemple en Indonésie, pays de 240 millions d’habitants. Mais Rio Haryanto a laissé passer sa chance en F1, et Sean Gelalel a plus de dollars que de talent. Un Grand Prix aux Philippines (105 millions d’habitants) serait une alternative possible.
Enfin, vu le poids démographique et économique de l’Inde, un retour du Grand Prix dans ce pays serait somme toute logique. Certes, le souvenir des tribunes désertes doit encore hanter les souvenirs des promoteurs… Cependant, se passer durablement d’un tel marché que le marché indien paraîtrait inconcevable.
En somme, pour ce qui est de l’exploration de nouveaux marchés, Liberty Media devrait prioriser deux régions : l’Afrique, où la F1 est actuellement invisible, alors que la Formule E a pris une longueur d’avance ; et l’Asie, que ce soit en Inde ou en Indonésie - il s’agit là de projets de moyen terme, assurément. Une chose est certaine : la F1 a encore de nombreux relais de croissance à activer.