Vainqueur à quatre reprises à Monaco, Alain Prost sait mieux que quiconque à quel point le pilotage dans les rues de la Principauté peut se révéler jouissif. A condition d’avoir une voiture parfaitement réglée... Le quadruple champion du monde français est revenu sur ses expériences passées lors d’une interview publiée sur le site internet du quotidien Le Figaro.
« Monaco, question pilotage, c’est un must, un plaisir compliqué », confie "le Professeur". « C’est le circuit où je m’imagine encore parfois dans la voiture. J’adorais. Au volant d’une bonne auto, c’est quelque chose d’incroyable. À l’époque des turbos, sans direction assistée, c’était très physique. Les vitesses étaient au levier, on pilotait d’une main en appui, on finissait avec la paume de la main à vif, le bras ankylosé, quitte pour une bonne tendinite. Il fallait attaquer comme une bête mais savoir préserver le matériel, sachant que le comportement de la voiture évoluait énormément. L’exercice était très difficile. »
Malgré ses quatre victoires, Alain Prost a toujours en travers de la gorge son dernier Grand Prix disputé dans la Principauté. « Une victoire à Monaco représente quelque chose d’unique », poursuit l’ancien pilote Williams. « C’est pour ça que le Grand Prix 1993 m’est resté en travers de la gorge. On m’a volé la victoire. Je fais la pole avec la Williams, et on me met une pénalité pour départ anticipé. Sur ce départ, il y a cinq ou six voitures qui bougent, comme elles bougeaient toutes un peu à l’époque. C’était subjectif. Mais il fallait apparemment relancer le championnat. On m’a privé ce jour-là d’une cinquième victoire ici, je ne l’ai toujours pas accepté… ».
A Grand Prix unique, programme unique. L’épreuve monégasque est ainsi la seule du calendrier où les essais libres se déroulent le jeudi avant une journée de soi-disant repos le vendredi. Le reste du week-end se déroulant ensuite normalement le samedi et le dimanche. « Les essais dès le jeudi, la journée "off" du vendredi, il n’y a qu’à Monaco que c’est comme ça. Votre emploi du temps s’étire et votre routine est cassée. C’est une journée de fatigue de plus avant la course. C’est un Grand Prix qu’il faut savoir gérer. Il est impossible d’échapper aux sollicitations, c’est logique, c’est Monaco, et vous devez faire beaucoup de relations publiques. Mais il faut veiller à garder le plus de temps possible pour soi, pour se reposer. Moi, j’avais mes habitudes au Beach Plaza. On dort moins bien dans l’agitation du centre, je préférais être au calme, face à la mer », se souvient Alain Prost.