En tant que sommet des sports mécaniques, est-il important qu’on perçoive la Formule 1 comme étant à la pointe de la technologie automobile ?
C’est difficile à dire, parce que la F1 est un mélange grisant de tout plein de choses que des millions de gens et moi-même trouvons très amusantes. Et je crois donc qu’il est difficile d’isoler un seul élément et dire que c’est la F1. Mais après avoir grandi en la regardant, je peux dire que c’est un point important pour moi, et que ça a aussi l’air d’être le cas pour les autres si je me fie à tous les sondages que j’ai pu voir.
En tant qu’ingénieur et puisque les règlements changent l’an prochain, pouvez-vous nous en dire plus sur le développement de deux voitures en parallèle ?
Chaque année est un défi amusant, mais c’est encore plus le cas quand les règlements changent. C’est tout aussi appréciable qu’effrayant. Appréciable parce que c’est l’occasion de tout mettre de côté et suivre des idées nouvelles pour aborder la problématique, et effrayant parce que chaque équipe doit à la fois gérer sa voiture actuelle et la suivante, même si c’est plus facile quand les règles sont stables et qu’on peut réutiliser certains concepts. Quand on part d’une feuille blanche, c’est très difficile d’estimer avec exactitude les ressources nécessaires au projet.
Les moteurs ont beaucoup fait parler depuis leur introduction en 2014. Pouvez-vous nous expliquer à quel point ils sont impressionnants technologiquement parlant ?
Ce sont des monstres tout à fait remarquables, en effet. En F1, on parle d’efficacité thermique, et c’est le critère principal pour mesurer à quel point un moteur est bon. Notre travail est de tirer le maximum de chaque calorie quand nous alimentons le bloc en essence. Pour les moteurs actuels, le chiffre magique est un rendement de 50%. Ça n’a pas l’air d’être fabuleux mais en comparaison, une voiture de route correcte en est à à peine plus de 30%.
Les seules choses sur Terre à se rapprocher d’une telle efficacité sont soit des projets de recherche dans les universités - et par conséquent loin d’être des appareils utilisables - soit des bateaux gigantesques équipés de moteurs diesel qui fonctionnent jour après jour à 90 tours/minute avec un vilebrequin de 600 tonnes. En Formule 1, nous pouvons faire pareil avec un petit moteur de course flexible qu’un pilote peut utiliser sur circuit et contrôler très finement tout en consommant excessivement peu.
Les F1 vont de plus en plus vite et les temps au tour sont de plus en plus courts, mais il semblent que la discipline soit perçue de façon quelque peu négative…
Certains pensent que les chronos ne sont pas si importants et que la seule chose qui compte, c’est la course roue dans roue. Mais je pense que les deux sont importants. Nous aimerions que chaque Grand Prix soit un combat rapproché et c’est de plus en plus le cas. Cette année, on assiste a de très belles courses et ça ne va aller qu’en s’améliorant. Les meilleurs chronos de tous les temps ont été établis il y a maintenant un petit moment et nous commençons à nous en approcher. Je suis impatient d’en être à l’an prochain, parce que nous allons les exploser.