Avant le Grand Prix de Grande-Bretagne, un nouveau FOTA Fans Forum s’est tenu jeudi, cette fois à l’invitation de McLaren Mercedes à Woking. Encore une fois, des personnalités importantes de l’industrie y ont participé, parmi lesquelles James Allison, le Directeur Technique de LRGP. Il a donné son avis sur les sujets techniques chauds du moment, dont l’impact du DRS, du KERS et de la dégradation, des pneus.
Avec l’apparition de nouveaux facteurs comme la dégradation des pneus, le DRS et le KERS, il semble que cela demande moins de talent au pilote pour dépasser. Comment revenir à cette valeur de base ?
Je rejette cette affirmation jusqu’à un certain point parce que je ne crois pas que le talent des pilotes soit rabaissé par les règlements de cette année. Il y a plus de dépassements, c’est vrai, et c’était l’objet de ces mesures. Mais en aucun cas elles ne diminuent le talent des pilotes. Il y a simplement plus de dépassements cette année, c’est tout. Peut-être, en certaines occasions sur des circuits particuliers, y en a-t-il eu un peu trop. Mais si vous considérez la saison dans son ensemble, elle a produit plusieurs courses d’anthologie. Sur la plupart des circuits, le dépassement reste extrêmement difficile et même si le DRS, en particulier, gêne les puristes, ce que je comprends, je pense que la balance penche dans le sens d’un sport qui procure plus d’émotions aux spectateurs. Si je prends pour référence ma femme ou ma mère, qui ne sont pas du tout impliquées dans ce sport, ma femme surtout est restée scotchée pendant toute la course plusieurs fois. L’animation est constante du début à la fin et nous savons que cela n’a pas toujours été le cas dans le passé. Nous allions parfois sur certains circuits en trainant des pieds parce que nous savions que la course allait être d’un ennui terrible du début à la fin. Nous n’avons pas vu cela cette année et c’est une bonne chose.
Que pense le panel de la double zone de DRS du Canada ?
La FIA a fait du très bon travail en définissant cela cette année. C’est leur première expérience sur tous les circuits cette année. Ils ont plutôt bien évalué les variables de distance.
Quels problèmes avez-vous rencontrés pour ajuster vos voitures à l’interdiction des diffuseurs soufflés hors accélération à Silverstone ?
Nous sommes tous un peu réservés, les uns par rapport aux autres, sur le pouvoir de ces éléments. Cela varie d’une équipe à l’autre. Je ne vous donnerai pas notre chiffre, mais je vais vous en donner une idée : imaginez qu’ils valent 0,8 secondes de mieux qu’un diffuseur non soufflé. Maintenant, nous descendons à la moitié environ de l’autorisation précédente. Le soufflage continue pourtant de manière importante parce que le moteur continue à tourner et que les gaz d’échappement passent dans le soubassement. Nous ne pouvons pas optimiser l’utilisation du moteur pour le rendre aussi efficace qu’une pompe quand l’accélération est partielle. C’est la nouvelle interprétation qui est appliquée.
A quelle vitesse pourrait rouler une F1 et à quoi ressemblerait-elle si les règlements étaient totalement libres ?
Je crois que ce serait un sport très ennuyeux si les règlements étaient complètement libres. Nous aurions des espèces de petits scarabées qui seraient totalement collés à la piste, avec des ventilateurs aspirant l’air du dessous et les rivant au sol. Les pilotes passeraient tous les virages le pied à la planche et je crois que nous devons nous féliciter d’avoir quelques règlements bien sentis pour nous éviter ces excès.
Le pétrole étant amené à se raréfier, étudiez-vous des solutions pour la suite, que ce soit l’hydrogène, les moteurs électriques, etc…
Je pense que la F1 sera un tout petit problème à gérer quand il n’y aura plus de pétrole ! Le moteur 2014 va déjà dans une direction qui s’accorde avec celle de la société en général. L’essence devient de plus en plus chère. A un certain point, le monde atteindra son pic de production de pétrole et déclinera ensuite. Le moteur 2014 se conforme à ces réalités et nous aurons de l’énergie électrique dans les voitures dans une large proportion. Nous en avons déjà, à un petit niveau. Quand nous arriverons au point d’utiliser des voitures sans pétrole en course, il faudra bien regarder ce qui se fait dans l’automobile de route pour déterminer cette énergie. Je ne crois pas que beaucoup d’analystes tablent sur les voitures à hydrogène dans le futur proche. Mais des voitures totalement électriques vont jouer un rôle important dans les centre-villes. La technologie des voitures électriques n’est pas assez développée encore pour donner assez de performance sur la route. Aussi, je ne pense pas la voir arriver dans les cinq prochaines années et je pense que vos devez regarder les voitures de route pour savoir à quoi elles vont ressembler.
Existe-t-il des projets pour partager les données techniques avec les fans par Internet ?
Les équipes font déjà beaucoup de choses qui sont plus ou moins de cet ordre. Nous pourrions parler de détails techniques sans trahir de secret particulier de nos équipes parce que nous révèlerions juste des choses intéressantes à propos du sport, ce que nous faisons tous.
Pourquoi n’y a-t-il pas plus de femmes dans ingénierie en F1 ?
Je ne ressens aucune obligation à employer des femmes plus que des hommes. Je suis légèrement ennuyé par les stéréotypes de femmes bonnes décisionnaires dans plusieurs domaines et d’hommes bons pour garer la voiture, même si c’est un peu vrai. Nous réagissons en fonction de la qualité des candidats et ce qui est fantastique, c’est que, au fil des années, la F1 est devenue de plus en plus impressionnante et la qualité des candidats, hommes et femmes, s’élève sans cesse. Chez certains de ceux qui se présentent aujourd’hui, la qualité de leur intellect et ce qu’ils nous apportent sont époustouflants. Nous voyons de plus en plus de femmes se présenter et elles ont des qualités. En conséquence, nous avons de plus en plus de femmes dans la partie technique de notre entreprise.
Quelles sont les principales différences entre les équipiers ?
Il est très facile de penser qu’un pilote est une constante alors qu’il ne l’est pas. Ses capacités fluctuent avec sa confiance. Quand il pense aller bien, les choses tournent bien pour lui parce que sa confiance est haute. Une des choses qui rendent ce sport intéressant est la dynamique entre les équipiers. Ce serait beaucoup moins intéressant si chaque team ne faisait rouler qu’un pilote parce que ce serait un domaine de confrontation en moins. Certaines relations entre eux sont tendues, d’autres plus amicales et je trouve cela fascinant.
Voudriez-vous revoir des ravitaillements en carburant ?
Personnellement, je pense que ce serait la dernière chose à faire. Sans ravitaillement en essence, la course se joue sur la piste, pas sur la stratégie des pit stops. Le ravitaillement en essence ralentit les pit stops et offre beaucoup moins de spectacle que l’actuel système qui est une véritable explosion d’activité. Egalement, d’un point de vue d’équipe, transporter l’équipement de ravitaillement autour du monde coûte beaucoup d’argent. Par ailleurs, c’est un équipement que nous devons acheter chez un fournisseur. Quand il ne fonctionne pas, malgré toute l’attention que vous lui portez, il crée une terrible amertume de voir vos chances dans la course ruinées par un outil que vous ne contrôlez pas directement.
Traduction : Lotus Renault GP