Fernando Alonso avait répliqué sèchement à Luca di Montezemolo jeudi à Barcelone. L’Italien, qui trouvait l’Espagnol sombre et lunatique lors de sa dernière saison avec Ferrari, n’avait pas vraiment impressionné Alonso.
Dans une interview confiée au journal l’Equipe, il en dit un peu plus. Alonso reconnait qu’il était de mauvaise humeur mais c’est parce que "j’étais tellement triste de cette situation."
"Ferrari m’a tout de même proposé de prolonger mon contrat jusqu’en 2019 et j’ai refusé. Étrange, non ? Ils me voyaient triste et ils voulaient continuer avec moi ! Ils voulaient donc un pilote triste ?"
S’il est parti, c’est parce qu’Alonso sentait le "besoin d’être complet. D’aller au bout de quelque chose. Là, ça ne marchait jamais. Je me suis battu comme un forcené en 2010, 2012 et aussi 2013… Et ça n’a pas marché !"
"Je pense simplement que ce n’était pas possible. Donc je suis parti avant la fin de mon contrat. Mercedes est très très fort. Pour les battre, il faut tenter quelque chose de radical. C’est ce que je fais aujourd’hui avec McLaren-Honda. Et je suis content. J’ai un beau projet devant moi, une approche différente, avec des gens différents, extrêmement motivés pour gagner, soudés pour réussir. C’est ce qui a manqué ces cinq dernières années."
"Le jour où on gagnera, c’en sera d’autant meilleur. Ça ne me dérange pas de repartir de zéro ; il y a quelque chose de beau à construire, cet esprit me plaît (...) Je pars du principe que cette saison a, pour nous, valeur d’essais. O.K., nous sommes en course, mais l’objectif premier est d’apprendre. Recueillir un maximum d’enseignements sur cette voiture et ses systèmes, sur le fonctionnement des batteries, les températures. Quand je prends le départ d’un Grand Prix, je sais que je vais courir différemment. Et ce n’est pas un problème. Pour l’instant, nous sommes en cage, et quand la voiture sera compétitive, on ouvrira la porte…"
Alonso sera-t-il encore là lorsque McLaren et Honda seront enfin en mesure de jouer les titres ?
"Qui sait ce qui va se passer ? Je n’ai pas de boule de cristal. La seule chose que j’aimerais que les gens comprennent, c’est pourquoi j’ai pris la décision de rejoindre McLaren-Honda. Je l’ai répété mille fois déjà, mais, manifestement, personne n’entend. J’ai conquis deux titres mondiaux, pas mal de victoires, de nombreux podiums, je suis compétitif depuis le début de ma carrière en F1. Et avec ça, le titre m’est passé sous le nez d’un rien, à plusieurs reprises. Sans doute trop… À la longue, ça devenait un peu pesant. J’avais beau marquer environ trois fois plus de points que mon équipier, chez Ferrari, à la fin, toute la charge de réussir m’incombait. Au bout de cinq ans, j’en ai eu assez."