La bonne entente entre Webber et Vettel ne sera peut-être plus qu’un bon souvenir chez Red Bull si les choses restent en l’état. Hier soir, après la victoire de Webber et une petite photo de famille de l’équipe, la soupe à la grimace était de retour. L’ambiance était clairement pourrie suite aux évènements de la veille.
Les mécaniciens de Mark Webber jubilaient dans le stand, lorsque leur poulain a gagné le Grand Prix. "Avec un ancien aileron," rappelait-on. Un ancien aileron qu’ils ont pris et agité sous le nez de leurs collègues qui s’occupent de Vettel et de sa voiture. La revanche est un plat qui se mange froid pouvait-on entendre...
Webber a pris le dessus sur Vettel au championnat, il devrait normalement recevoir à partir d’Hockenheim le même traitement dont a bénéficié Vettel à Silverstone, si la logique d’Horner est suivie. Les meilleures pièces, si elles sont en nombre restreint, iront sur sa voiture. "Normalement... oui," soupirait Webber.
Le départ des deux Red Bull, Vettel serrant Webber contre le mur avant que ce dernier ne s’impose dans le premier virage a figé quelques têtes dans l’équipe. Vettel a ensuite crevé mais il reste toujours un mystère sur l’origine de la crevaison. Les deux Red Bull ne se sont pas touchées mais Vettel aurait peut-être touché l’aileron de Hamilton (ou le contraire, selon la position dans laquelle on se place).
Chez McLaren, on n’a relevé aucune trace de gomme sur l’aileron de Lewis après la course. Vettel a donc dû crever son pneu lors de son excursion hors piste. Toujours chez McLaren on rigolait bien de la drôle d’ambiance chez Red Bull alors que Webber et Horner avaient agité quelques jours avant la course le spectre d’une mauvaise entente à venir chez McLaren entre Button et Hamilton. "Charité bien ordonnée commence par soi-même," ironisaient quelques hommes en gris.
Dans ce climat interne à la limite du respirable, le père de Webber s’est dit inquiet. Il n’avait jamais vu son fils si soucieux avant un départ. "C’est tout juste s’il a pu avaler son petit déjeuner le matin avant la course," confie-t-il.
Pour beaucoup, Red Bull est maintenant une écurie en guerre, en guerre contre elle-même. La tension dans l’équipe est palpable. Vettel est allé serrer la main de Webber après sa victoire, mais le cœur n’y était pas. Les regards noirs. Vettel n’a d’ailleurs pas posé sur la "première ligne" pour la photo de groupe... "La chose la plus importante maintenant est l’atmosphère dans l’équipe. Notre voiture est excellente, la seule chose qui peut nous stopper, c’est nous-mêmes," confiait d’ailleurs le pilote allemand avant de quitter le circuit.
Enfin Christian Horner, d’un naturel assez calme, s’est même fâché après la course avec certains journalistes, qui le harcelaient sur la controverse née avant les qualifications. "Pour mémoire je vous rappelle qu’on a gagné ce put... de Grand Prix."
Ce soir l’équipe doit se réunir à Milton Keynes et mettre les choses à plat. La tâche va être grande pour Horner afin de calmer les esprits...