Romain Grosjean est désormais un pilote très expérimenté en Formule 1, mais il revient de loin : le Français est un des rares dans le paddock à avoir connu « deux carrières ». Non-retenu par Renault à la fin de la saison 2009, après sept premières courses logiquement compliquées, il a su trouver les ressources pour rebondir en GP2 et faire son retour à Enstone, avec Lotus en 2012.
A la fin de la saison 2009, le coup fut cependant rude pour Romain Grosjean, qui s’attendait véritablement à conserver son volant chez Renault. Dans une chronique pour The Players Tribune, l’actuel pilote Haas a raconté les coulisses de son éviction, forcément douloureuse… et surtout injuste selon lui.
« Je m’attendais à avoir un volant dans l’équipe pour la saison 2010. Je sentais que j’avais bien conduit, que j’étais sur la bonne trajectoire. Mais la politique en F1 est assez… déterminante, disons. J’ai essayé de me comporter comme un rookie, de faire profil bas. Mais ensuite, j’ai entendu que j’étais ‘arrogant’ et que j’avais un ‘égo surdéveloppé’… Et ce n’était juste pas vrai. J’étais seulement timide. J’étais juste moi ! Donc les gens ne m’aimaient pas je pense, et le 31 janvier, j’ai reçu un appel d’Eric Boullier, le directeur de Renault. »
« ‘Romain, je suis désolé de le dire, mais oui, nous avons engagé Vitaly Petrov pour l’an prochain.’ »
« J’ai raccroché autour de 10h30 ce jour-là, en pensant que ma carrière en F1 était terminée. Si je n’avais pas un volant en F1, où irais-je ensuite ? »
« Quelques heures après cet appel, j’ai sauté dans un train de Genève vers Paris, un train à grande vitesse. J’étais pressé. J’ai appelé ma petite amie, aujourd’hui ma femme, pour lui dire que j’allais lui rendre visite… et que j’avais des nouvelles au sujet de ma carrière. »
De manière plus surprenante avec le recul, Romain Grosjean a alors pensé à rebondir, non pas dans une catégorie inférieure, mais… dans le monde de la gastronomie.
« J’allais devenir un chef, oui, un chef. J’ai grandi dans l’amour de la cuisine. Je regardais ma mère cuisiner des repas formidables chez moi. Le chocolat était ma religion… J’ai toujours adoré la cuisine, et je savais une chose ou deux sur les mets les plus fins. Donc oui, Romain le chef, allons-y. »
« Malheureusement ou peut-être heureusement, je n’y suis jamais arrivé. Je suis allé voir, en réalité, une école de cuisine à Paris… Mais ils ne m’ont pas même pris. On m’a dit que j’étais trop vieux. Je n’y croyais pas ! Trop vieux, à 24 ans ! Donc non. Pas de cuisine. »
« Tout ou rien… Et pour moi, c’était rien. »
Après ce refus difficile à avaler, la carrière en sport automobile est alors devenue la roue de secours de Romain Grosjean…
« La passion de ce sport ne m’avait jamais quitté. Je savais que je n’avais pas d’autre choix que de revenir. Ces trois mois avaient rallumé un feu sacré en moi. »
« Les années suivantes, je suis tombé amoureux de la course, au-delà de la F1. J’ai couru en GP2, GT1, AutoGP… Dans ces catégories, on aimait juste la course. Seulement la course. Pas la gloire. Et quand le moment s’est présenté pour obtenir une deuxième chance en F1, je me sentais prêt. »