Le directeur technique de Renault F1 voit beaucoup de similitudes entre les projets de Renault F1, son nouveau défi, et celui qu’il a mené chez Mercedes à l’époque, à partir de 2010.
Bob Bell avait rejoint Mercedes en tant que directeur technique à la fin de la saison 2009 lorsque la marque allemande avait racheté Brawn Grand Prix. Il a été l’un des piliers du succès de l’équipe de Brackley, notamment pour mettre sur pied le programme W05, la première monoplace dotée du V6 turbo hybride, championne du monde en 2014.
"Je pense qu’il y a beaucoup de similitudes entre Renault F1 et Mercedes," explique Bell.
"Quand je suis arrivé chez Mercedes, c’était encore l’équipe Brawn GP, qui avant cela était l’équipe Honda. Bien entendu, quand Honda s’en est allé et que c’est devenu Brawn GP, beaucoup de gens ont été licenciés. L’équipe comptait beaucoup moins de personnel et la première chose à faire était de remettre en place une structure qui était capable de gérer plusieurs défis à la fois : la voiture actuelle, la voiture de l’année suivante et ensuite la voiture capable de gagner avec les nouvelles règles de 2014."
"A un moment, nous avons même mené trois programmes en parallèle, il fallait donc mettre en place la structure et les ressources nécessaires pour y parvenir. Je vois donc beaucoup de similitudes entre ces deux programmes, ce n’est donc pas un terrain inconnu pour moi, c’est certain."
Même si Bell a maintenant l’expérience de la transformation d’une équipe en un top team capable de dominer comme le fait Mercedes actuellement, il ne s’attend pas à ce que les choses soient faciles pour autant.
"Monter une équipe capable de gagner en Formule 1 reste une chose très difficile à faire de nos jours. Dans ce sport, la plupart des bons ingénieurs ont des contrats à long terme et de longues périodes de préavis. Il ne s’agit donc pas d’appuyer sur un bouton et de recruter tout à coup tous les ingénieurs dont vous avez besoin."
"Nous avons établi un plan de croissance parce que nous savons que nous sommes en Formule 1 pour un bon moment. Nous avons donc du temps pour trouver les bons éléments, ceux qui seront les meilleurs pour l’équipe et qui travailleront le mieux chez nous. Nous allons donc prendre notre temps trouver ces personnes, il n’y aura pas de raccourci."
"Dans notre plan, nous comptons passer de 470 employés à environ 650 en l’espace de 18 à 24 mois. C’est faisable mais nous devons faire en sorte que cela reste gérable et qu’à la fin, surtout, ce sont les bonnes personnes qui aient été recrutées."
Ces embauches concerneront essentiellement Enstone, pour la partie châssis. En ce qui concerne Viry Châtillon, en France, la croissance sera bien plus mesurée.
"Du côté du moteur, nous n’avons pas besoin d’avoir le même niveau de croissance parce qu’à Viry, il n’y avait pas vraiment un manque de ressources humaines jusqu’à l’an dernier. Viry dispose à peu près du bon nombre de personnes, il n’y a donc besoin que de quelques embauches. La situation à Viry est davantage une question d’organisation de la structure que de nouveaux éléments à recruter."
Et pour alimenter la machine, il faut évidemment beaucoup d’argent.
"Renault est très expérimenté dans le sport automobile, depuis plus de 100 ans. Quand ils disent qu’ils vont s’investir dans quelque chose, ils le font. Cette ère moderne de la Formule 1 est vraiment difficile sur le plan financier, cela coûte très cher et il n’y a plus les gros sponsors que nous avions l’habitude d’avoir dans le sport."
"Tous les constructeurs, que ce soient Renault, Mercedes ou Fiat (Ferrari), doivent faire attention aux sommes investies. Mais Renault sera totalement derrière nous, ils nous soutiendront avec les budgets dont nous aurons besoin pour faire le travail. En échange, ils attendent des résultats et de l’efficacité dans la maitrise des coûts. Nous devrons aussi aller chercher des budgets, auprès de nos sources actuelles mais aussi de nouvelles. Nous ne devons pas attendre de Renault de payer l’intégralité des factures."