Jules Bianchi et Jean-Eric Vergne ont participé aux derniers essais privés de Formule 1, la semaine dernière sur le circuit Yas Marina d’Abu Dhabi. La ‘French touch’ a joliment coloré les deux écuries italiennes qui se sont félicitées de leurs qualités techniques.
Boudant volontiers la vague de froid qui enveloppe leur terre natale, Jules Bianchi et Jean-Eric Vergne ont prolongé leur séjour sur le bord du golfe arabo-persique qui accueillait récemment la finale du championnat du monde de Formule Un. Au programme des deux membres de l’Equipe de France FFSA Circuit, ni farniente ni tourisme sous le chaud soleil d’Abu Dhabi, mais des essais historiques : les derniers de Formule 1 chaussées de pneus Bridgestone.
Les deux hommes ont couvert la bagatelle de 1700 kilomètres en deux jours. Un marathon également réparti entre le nouveau pilote de réserve de la Scuderia Ferrari (151 tours) et l’un des fers de lance du Red Bull Junior Team (154 tours). La découverte de l’Olympe du sport automobile n’a pas manqué d’émouvoir Jean-Eric. « Honnêtement, je me suis très rapidement fondu dans le moule et c’est une grande satisfaction car les écuries F1 sont parmi les plus professionnelles au monde. La deuxième fierté est de n’avoir ressenti aucune fatigue musculaire malgré deux journées intenses » relate le pilote de Pontoise, « J’avais préparé les essais dans le simulateur et c’était la première fois que j’avais l’occasion de faire la corrélation entre ses données et celles du terrain. Je dois dire que le simulateur Red Bull est une excellente base de travail car s’il ne peut retranscrire les g, les sensations de pilotage sont fidèles à la réalité. »
Un évènement de ces premiers ébats avec la F1 restera à jamais gravé dans la mémoire de Jean-Eric, son premier tour où la Toro Rosso STR5 lui a dévoilé ses charmes. « Après un tour d’installation pour vérifier que tous les systèmes embarqués tournaient rond en passant les vitesses à bas régime, j’avais pour mission de rester à fond de 3ème vitesse, en allant au limiteur, au début de l’immense ligne droite. Je naviguais à 100km/h. Trente mètres plus loin je devais désactiver le limiteur et tirer toutes les vitesses à haut régime. Ça laisse sans voix ! » sourit Jean-Eric.
Pour Jules, les retrouvailles avec le cheval cabré n’avaient pas le sel de cette première rencontre mais le cœur du Varois n’en battait pas moins la chamade. « Se glisser dans une voiture rouge, c’est toujours très émouvant. Ça faisait un petit moment que je n’avais pas pris le volant d’une Ferrari pour une séance d’essais de longue haleine mais après un petit temps d’adaptation tout s’est très bien passé » se félicite le nouveau pilote de réserve de la Scuderia Ferrari. « Le premier jour nous avons principalement fait des tests de pièces aérodynamiques avec beaucoup de capteurs embarqués qui ont donné une avalanche de données que les ingénieurs pourront analyser pendant l’hiver. La piste avait beaucoup évolué depuis le week-end de course précédent mais il est difficile de quantifier le bénéfice en temps au tour. Cela dit, Ferrari pouvait établir des comparaisons en sachant quelle était la configuration de ma voiture à chaque instant des essais. Sa conclusion est positive et je suis moi-même satisfait du travail accompli et de mon intégration dans le groupe. »
« J’ai trouvé la F10 bien plus équilibrée que la F60 que j’avais prise en main au moment de mes tous premiers essais, à Jerez en Décembre 2009. La Scuderia Ferrari a fait un travail colossal pour concevoir une voiture beaucoup plus saine, plus performante et bien plus facile à conduire. Tout le monde travaille d’arrache-pied pour poursuivre dans cette voie et j’ai confiance. »
L’évaluation de Jean-Eric est tout aussi positive chez la Scuderia Toro Rosso dont le directeur général, Franz Tost, fait l’éloge de son pigiste. « Jean-Eric a été performant et nos ingénieurs ont été extrêmement impressionnés par ses qualités techniques. De plus, il a couvert 154 tours sans commettre la moindre faute et a graduellement augmenté la cadence. En se basant sur ses performances d’Abu Dhabi, je suis sûr qu’on le reverra en F1 de manière permanente ! »
En attendant de concrétiser la prophétie de Franz Tost, Jean-Eric a effectué son deuxième marathon de la semaine, aérien celui-ci : 6000 kilomètres et quatre heures de décalage horaire pour participer à la prestigieuse course de Macao qui regroupe les meilleurs représentants mondiaux de la Formule 3. « Je suis arrivé à Macao à 6h et à 10h je roulais ! J’avais emmené dans mes bagages l’envie de gagner mais j’ai révisé mon jugement après les qualifications » reconnaît Jean-Eric, auteur au débotté du 11ème meilleur temps des qualifications et 7ème des deux courses. « L’équipe Signature était intouchable et même le podium était un objectif difficile à atteindre. J’ai adoré le circuit de Guia, un peu fou mais délicieux. On entre maintenant dans la saison que j’aime le moins. Après une saison si riche je vais avoir un peu le blues de ne pas courir. Cela dit, après 45 départs, beaucoup d’essais et de pression, ce n’est pas plus mal de se relaxer et de faire le vide pendant deux semaines ! »