Mark Webber parti à la retraite, c’est vers son compatriote Daniel Ricciardo que se tourne Red Bull pour le remplacer. Après une demi-saison d’apprentissage chez HRT en 2011 et deux saisons complètes chez Toro Rosso, l’Australien gagne son duel interne avec Jean-Eric Vergne et obtient sa place dans un top team. S’il marquait moins de points que le Français sur une saison, Ricciardo était plus rapide que lui dans l’exercice des qualifications, et c’est visiblement ce qui a prévalu aux yeux du responsable du recrutement Helmut Marko. La tâche s’annonce toutefois très compliquée pour Ricciardo, qui va devoir s’adapter à la pression exigée dans une grande équipe tout en devant partager son garage avec nul autre que le quadruple champion du monde du monde en titre, Sebastian Vettel.
Résumé de la saison :
Après un hiver compliqué qui a vu l’écurie Red Bull et ses pilotes souffrir de problèmes liés au V6 Renault, l’écurie arrive dans la peau d’outsider en Australie. Une chance finalement pour Ricciardo, qui n’a du coup plus la pression de devoir gagner immédiatement.
Et le moins que l’on puisse dire est que le pilote commence très fort sa saison. Dans une séance de qualifications difficiles, Daniel réalise l’exploit de sa jeune carrière et va se hisser en première ligne, intercalé entre les deux Mercedes. Une performance d’autant plus remarquable puisque Vettel n’est que douzième sur la grille. L’Australien confirme le lendemain en course et va décrocher son tout premier podium avec une très belle deuxième place, devant son public.
Une très mauvaise nouvelle tombe malheureusement pour Ricciardo dans la soirée, il est disqualifié du Grand Prix après que sa Red Bul ait été jugée illégale, en raison d’un débit massique de carburant trop élevé. Le pilote perd son podium et ses 18 points, une véritable déception pour lui.
L’Australien encaisse le coup et se tourne vers la Malaisie. Les Red Bull sont à l’aise à Sepang et confirment être la deuxième force de ce début de saison derrière Mercedes. Battu par Vettel en qualifications, Ricciardo prend un bon départ et va se battre en course contre son coéquipier pour la troisième marche du podium. Hélas, la malchance frappe à nouveau et alors qu’il occupe la quatrième place, Daniel perd sa roue lors d’un changement de pneumatiques et perd énormément de temps. Accablé en plus par un nouveau problème de débitmètre, l’Australien préfère abandonner avant la fin de l’épreuve pour préserver sa monoplace. Le calice est bu jusqu’à la lie puisque le règlement l’impose : une perte de roue aux stands est fortement pénalisée. Ricciardo se retrouve ainsi condamné à dix places de pénalité sur la grille du Grand Prix de Bahreïn pour une faute contre laquelle il ne pouvait rien.
Deux Grands Prix, une disqualification, toujours pas de point et une pénalité en prime, on se demande alors si Webber a laissé son chat noir à son jeune compatriote en quittant l’écurie.
Ricciardo va toutefois ouvrir son compteur à Bahreïn, et de quelle manière. Treizième sur la grille en raison de sa pénalité, Daniel domine largement Vettel et va même s’offrir le luxe de le dépasser en fin de course pour terminer quatrième. Cette passe d’arme surprend beaucoup le petit monde de la F1, étonné de voir ainsi un quadruple champion du monde surclassé de la sorte.
Il va cependant falloir s’y habituer. L’Australien enchaîne un nouveau week-end idéal en Chine avec une quatrième place avant de goûter enfin aux joies mérités d’un premier podium en Espagne. Battu en essais comme en course à chaque fois, Vettel semble accuser le coup. Un nouveau podium à Monaco pendant que l’Allemand abandonne et voilà Ricciardo devant son illustre coéquipier au championnat. Une surprise sur le papier, une normalité dans les faits tant le pilote de la Red Bull numéro 3 impressionne.
Moins à l’aise que Vettel au Canada, Ricciardo ne décroche que la sixième place en qualifications. Pas forcément transcendant en course, Daniel profite notamment des déboires techniques des Mercedes et du fait que son coéquipier soit bloqué par Hulkenberg pour remonter dans la hiérarchie. Le deuxième arrêt aux stands voit même l’Australien ressortir devant la monoplace flanquée du numéro 1, et le podium devient plus qu’envisageable. C’est alors que les deux Mercedes vont sombrer, Hamilton étant contraint d’abandonner alors que Rosberg perd de la puissance moteur. Ricciardo fond d’abord sur la Force India de Perez en pneus usés, et va venir coiffer à seulement trois tours de l’arrivée la Mercedes diminuée de Rosberg. Voilà l’Australien vainqueur du tout premier Grand Prix de sa carrière, et premier pilote non Mercedes à s’imposer en 2014. La joie du pilote est à la hauteur de l’événement.
Désormais vainqueur de Grand Prix et troisième du championnat, Ricciardo change totalement de dimension.
L’Autriche est une course à oublier, les Red Bull sont inexistantes à domicile. Ricciardo signe ensuite un nouveau podium à Silverstone, après avoir une nouvelle fois battu Vettel. L’Allemand le domine cette fois chez lui à Hockenheim, mais le rapport de force est désormais nettement en faveur de l’Australien.
En Hongrie, Daniel va profiter de circonstances de courses favorables pour briller. La voiture de sécurité sort trop tard en début de course et pénalise les leaders, ce qui permet à la Red Bull de gagner de nombreuses places et de se mêler à la lutte pour la victoire. Après son dernier arrêt au stand, Ricciardo est troisième mais bien plus rapide qu’Alonso et Hamilton en pneus usés. Il les rattrape à coups de plusieurs secondes par tour et se retrouve dans leurs échappements. Suite à deux superbes manœuvres, Daniel dépose ses adversaires et empoche sa deuxième victoire de l’année après une nouvelle course magnifique.
En Belgique, profitant une nouvelle fois des soucis entre les deux Mercedes qui s’accrochent, Ricciardo prend très tôt la tête du Grand Prix et cette fois, c’est sans suspens que l’Australien décroche tranquillement une troisième victoire, la deuxième consécutive. Avec 156 points au championnat contre 220 au leader Rosberg, Daniel peut même encore garder un mince espoir de titre en cas de nouveau problème chez l’écurie allemande.
Cinquième en Italie, Ricciardo ne pouvait cette fois rien faire face aux Mercedes, mais il a encore écœuré Vettel en le dépassant magnifiquement en fin de course.
Les Red Bull sont en légère perte de vitesse en fin de saison, mais cela n’empêche pas Daniel de décrocher deux podiums supplémentaires à Singapour et aux Etats-Unis. Lorsqu’il ne monte pas sur la boîte en fin de Grand Prix, Daniel marque toujours de gros points, à l’exception de son abandon au Brésil. Il est en revanche finalement éliminé de la course au titre, sans réelle surprise.
Ricciardo termine sa saison en beauté avec une quatrième place à Abu Dhabi, et ce en étant parti de la voie des stands après avoir été disqualifié de la séance des qualifications.
Daniel termine finalement troisième du championnat avec 238 points et trois victoires, contre 167 à son coéquipier Vettel qui n’a remporté aucune épreuve, faisant office de grande révélation de l’année 2014.
Bilan :
Peu d’observateurs auraient pu imaginer en début de saison que Ricciardo brille autant et domine à ce point Sebastian Vettel. Dans un contexte où Red Bull n’était pas en position de gagner le championnat, Daniel était débarrassé de la pression d’avoir à remporter des courses immédiatement, et il a été évident dès le début de saison que l’Australien était capable d’accomplir des prouesses. Plus à l’aise que son coéquipier avec les nouvelles monoplaces et les pneus Pirelli, Daniel va inexorablement prendre le dessus sur le quadruple champion du monde course après course. Auteur de trois victoires contre aucune à Sebastian, le pilote de 25 ans restera la seul pilote non Mercedes à avoir remporté des courses cette année. Troisième du championnat, meilleur des "autres", Ricciardo est la révélation de la saison et sans conteste un des grands hommes forts de ce cru 2014.
Tops :
— A écrasé Sebastian Vettel
— Trois belles victoires
— Révélation incontestable de l’année
Flops :
— Disqualifié en Australie
— Malchanceux en début de saison
— Légèrement moins rapide en fin d’exercice
Statistiques de Daniel Ricciardo :
— 3ème du championnat avec 238 points (meilleur classement au championnat de sa carrière)
— 3 victoires en 2014 (autant en carrière)
— meilleure qualification 2014 : 2ème (sa meilleure qualification en carrière)
— 8 podiums en 2014 (autant en carrière)
A noter : Ricciardo est le premier à battre Vettel en étant son coéquipier au championnat, et ce alors que l’Allemand est champion du monde quatre fois et que l’Australien n’était jamais parvenu à monter sur un podium avant cette année.