On le sait, les pilotes ont droit à trois années chez Toro Rosso avant d’être priés d’aller voir ailleurs. Alors que Daniel Ricciardo a été promu chez Red Bull pour remplacer le retraité Mark Webber, Jean-Eric Vergne est contraint de rester pour une troisième saison dans l’équipe italienne, et doit donc briller pour sauver sa place en F1, sous peine de devoir se tourner vers une autre discipline. Avec le très jeune Kvyat comme nouveau coéquipier, Vergne a l’occasion de montrer qu’il peut être le leader d’une équipe et qu’il mérite de rester dans son sport.
Résume de la saison :
Le Français commence très bien sa saison et se qualifie en superpole dès la manche inaugurale en Australie, avec une convaincante sixième place. Il réalise une course solide et profite des nombreux abandons et de la disqualification de... Ricciardo pour empocher une huitième position à l’arrivée. Son coéquipier est toutefois très proche de lui, et il lui faudra dominer davantage le Russe pour la suite de la saison.
En Malaisie, après une nouvelle Q3, Vergne passe totalement à côté de son départ et se fait dépasser par la totalité ou presque du peloton. Il est même touché par son compatriote Bianchi dans le premier tour et endommage légèrement son aileron. Il finit par abandonner au vingtième tour car son turbo Renault est défectueux. Une course à oublier.
A Bahreïn, Jean-Eric est battu pour la première fois de la saison par Kvyat en qualifications, et va encore se trouver au mauvais endroit en course. Touché à l’arrière par la Lotus de Maldonado lors du second tour, le Français doit rentrer aux stands pour changer de pneus et repart bon dernier. Il finit par abandonner après un accrochage avec Sutil.
Vergne retrouve la Q3 en Chine, mais réalise une nouvelle fois un envol moyen et perd des positions au départ. Finalement douzième à l’arrivée, il ne marque pas de point à l’inverse de Kvyat qui le devance et termine dixième.
Retour en Europe, et les choses vont de mal en pis pour le Français. Qualifié lointain seizième, Jean-Eric est en plus rétrogradé de dix places suite à une roue mal fixée par son équipe lors des essais. Il ne pourra tirer aucune satisfaction de sa course, abandonnant encore une fois à cause d’un problème technique tôt dans l’épreuve.
Alors qu’il rebondit à Monaco avec une septième place sur la grille, Vergne connaît de nouveau une course frustrante. Son équipe le relâche trop tôt après un arrêt et le laisse repartir juste devant Magnussen, manquant l’accrochage de très peu. Jean-Eric est ainsi pénalisé d’un drive through et ne peux plus éspérer les points. Il finira même par renoncer suite à un nouveau problème d’échappement sur sa Toro Rosso, décidément peu fiable.
Cette fois, le Français va au bout à Montréal. Encore une fois dans le top 10 de la grille, loin devant Kvyat, Jean-Eric réussit à joindre l’arrivée en huitième position et marque enfin ses premiers points depuis l’Australie.
Vergne est cette fois loin du compte sur la grille du Grand Prix d’Autriche, ne signant que la quatorzième place alors que le Russe est cette fois septième. Le Français abandonnera une fois de plus en course, cette fois volontairement après avoir vu de la fumée émaner de ses freins arrière.
Le pilote de 24 ans est à nouveau dominé deux fois de suite à Silverstone et Hockenheim par Kvyat, et n’arrange pas sa situation en vue d’assurer son avenir en F1. Un petit point marqué en Angleterre toutefois, avant une course transparente en Allemagne.
A la mi-championnat, Vergne compte 9 points contre 6 points à Kvyat. Souvent malchanceux en course avec de nombreux problèmes de fiabilité, le Français doit toutefois dominer davantage le Russe dans la deuxième partie de saison pour sauver sa place.
Le Français réagit en Hongrie, avec une Q3 et une neuvième place à l’arrivée d’une course difficile, durant laquelle il est bien au dessus de Kvyat. Il est en revanche en difficulté à Spa, et ne parvient pas à remonter dans la zone des points après avoir une fois de plus manqué son départ.
Juste avant la manche belge, Vergne apprend d’ailleurs une très mauvaise nouvelle pour lui. Le jeune Max Verstappen, 16 ans, le remplacera en 2015 chez Toro Rosso. Sans réelle surprise, Jean-Eric subit donc à son tour la règle des trois années imposée par son écurie, et est prié de se tourner ailleurs pour la prochaine saison.
Peut-être touché par cette annonce, Vergne passe au travers de son Grand Prix d’Italie. Pourtant qualifié loin devant Kvyat, le Français sombre en course, et termine derrière le Russe en course et loin des points.
Les choses commencent à nouveau mal pour le Français à Singapour. Qualifié seulement douzième, Vergne va cependant se rattraper en course, et de quelle manière. Il commence par déposer Kvyat au huitième tour, le Russe ne résiste pas. Après son premier arrêt aux stands, il dépasse un concurrent en pneus usés, mais malheureusement en dépassant les limites de la piste. Cela lui vaut une pénalité de cinq secondes qu’il devra effectuer lors de son prochain arrêt aux stands. Cela n’empêche pas le Français de rester dans le bon wagon.
Suite à une longue intervention de la voiture de sécurité après un accident de Perez, la course reprend ses droits. Et alors qu’il ne reste que quelques tours à parcourir, le Français chausse des gommes neuves et remonte comme un boulet de canon sur ses concurrents. Il dépasse d’abord Maldonado, mais encore une fois en sortant des limites de la piste. Il écope d’une nouvelle pénalité de cinq secondes qui lui seront ajoutées à son temps final à l’arrivée. Cela ne l’empêche pas de dépasser ensuite successivement Hulkenberg, Raïkkönen et Bottas, se saisissant de la sixième place. Il garde cette position jusqu’à l’arrivée et prend suffisamment d’avance pour ne pas perdre de position à cause de sa pénalité. Le Français serre le poing, cette fin de course magnifique lui offre le meilleur résultat de sa carrière et est la bienvenue alors que Vergne n’a pas de volant pour 2015.
A Suzuka, Vettel est annoncé chez Ferrari, mais Red Bull annonce immédiatement son remplaçant : il s’agit de Daniil Kvyat. Il est possible d’imaginer que cette place serait revenue à Vergne si celui-ci n’avait pas déjà été annoncé comme partant de chez Toro Rosso. Un mauvais timing qui coûté très cher au Français, qui accuse le coup. Il marque toutefois deux points dans une course où le côté sportif n’a plus d’importance suite au terrible accident de Bianchi.
Très touché par l’accident de son compatriote, Vergne n’a pas la tête à courir à Sotchi, comme tous les autres pilotes d’ailleurs. Il est à l’origine de la campagne "Tous avec Jules" et distribue des stickers à tous ses collègues pilotes qui acceptent tous de les appliquer sur leur casque en soutien au Niçois, placé en soins intensifs et dans un état critique. La course de Vergne est quant à elle anecdotique.
Vergne tente de sauver sa place en F1 lors des dernières courses de la saison. Un mince espoir de rester chez Toro Rosso existe d’ailleurs, car des membres de l’équipe soutiennent le Français, bien plus en vue ces dernières semaines. Jean-Eric marque un point de plus en course à Austin et éclipse de plus en plus un Kvyat en difficulté depuis son annonce chez Red Bull.
Il s’agira toutefois des derniers points du Français cette saison. Seulement treizième de la manche d’Intelragos, Vergne ne parvient pas non plus à lutter pour les points lors de l’ultime épreuve à Abu Dhabi.
Jean-Eric termine sa saison avec 22 points après un beau finish, loin devant Kvyat et ses 8 unités. C’est pourtant bien lui qui perd son volant tandis que le Russe est promu chez Red Bull.
Bilan :
Malgré quelques coups d’éclat, Jean-Eric Vergne a sans doute manqué de régularité durant ses trois années chez Toro Rosso, et le paie en perdant sa place. S’il marque beaucoup plus de points que Kvyat, il ne l’a pas dominé dans l’exercice si important des qualifications, ce qui lui avait déjà fait défaut face à Ricciardo auparavant.
Carlos Sainz Jr. étant finalement annoncé aux côtés de Verstappen chez Toro Rosso, Vergne doit se trouver un volant ailleurs pour 2015. Mais alors qu’on l’annonce en Indycar, le Français rebondit de façon très surprenante en tant que pilote d’essai chez Ferrari. On ne sait pas encore s’il pourra courir dans des compétitions annexes, mais cela lui permet de garder un pied en F1 et de travailler avec une grande écurie.
Tops :
— A marqué plus de points que Kvyat
— Une fin de saison remarquable
— Rebondit finalement pour 2015
Flops :
— Perd sans doute une opportunité de piloter pour Red Bull
— A encore été un peu trop lent en qualifications
— Ne sera pas titulaire l’année prochaine
Statistiques de Jean-Eric Vergne :
— 13ème du championnat 2014 avec 22 points (il s’agit de son meilleur classement en carrière)
— meilleur classement en course en 2014 : 6ème (il s’agit de son meilleur classement en carrière)
— meilleure qualification en 2014 : 6ème (il s’agit de la meilleure qualification de sa carrière)
— aucun podium en carrière
A noter : Vergne aura marqué plus de points que Ricciardo en 2012, et dominé Kvyat en 2014. Pourtant, ses deux concurrents sont désormais les deux titulaires chez Red Bull, Vergne devant se contenter d’un poste de pilote d’essai chez Ferrari.