Après avoir dominé Michael Schumacher durant trois saisons chez Mercedes, Nico Rosberg doit composer avec Lewis Hamilton depuis 2013. Après avoir été très proche du Britannique au championnat la saison passée, l’Allemand a de quoi se montrer ambitieux à l’orée de la saison 2014. En effet, son écurie semble avoir très bien préparé le passage au V6 turbo hybride.
Résumé de la saison :
La tendance de l’hiver se confirme en Australie : les Mercedes sont au dessus du lot. Mais alors qu’Hamilton signe la pole position, Rosberg n’obtient que la troisième place sur la grille de départ. Qu’importe, l’Allemand prend le lendemain un excellent envol et s’empare de la tête de la course dès le premier virage. Son coéquipier abandonne en plus sur problème moteur après deux tours seulement. La voie royale est alors ouverte à Rosberg, qui ne sera à aucun moment menacé par ses adversaires. L’Allemand remporte avec une facilité déconcertante cette manche inaugurale et envoie un message très fort à la concurrence.
Rosberg est à nouveau battu par Hamilton en qualifications à Sepang, et ne décroche encore une fois que la troisième place puisque Vettel s’intercale entre les deux flèches d’argent. Mais le leader du championnat réalise à nouveau un très bon départ et dépose la Red Bull du champion sortant. Il ne pourra en revanche jamais menacer son coéquipier, intouchable et très facile vainqueur. Nico termine deuxième et continue de faire la course en tête au championnat.
Les deux pilotes Mercedes vont livrer une course spectaculaire à Bahreïn. Cette fois, Rosberg parvient à obtenir sa première pole position de la saison. Il manque en revanche son envol et se fait dépasser par Hamilton dès le premier tour, hypothéquant d’entrée ses chances de victoire. Mais l’Allemand reste au contact et va tenter une première attaque au dix-huitième tour de course. Il tente l’intérieur au premier virage après avoir utilisé son DRS mais Hamilton le dédouble dans la ligne droite suivante. Nouvelle attaque de Nico au tour suivant, qui fonctionne cette fois. Mais Hamilton reste dans l’aileron de son coéquipier et parvient à repasser Rosberg quelques virages plus tard. La lutte offre des images magnifiques.
L’Allemand n’arrive pas à doubler en piste, et tente donc une stratégie différente en chaussant des pneus médiums contre des pneus tendres au Britannique lors de la première salve des arrêts. Nico perd du terrain à cause de cela et doit alors se dire que sa stratégie est la mauvaise. Mais suite à un accrochage entre Maldonado et Gutierrez, la safety car entre en piste et les pilotes Mercedes en profitent pour changer à nouveau de gommes. Rosberg a cette fois l’avantage puisqu’il est en pneus tendres contre des médiums à Hamilton. A 10 tours de l’arrivée, l’Allemand est à nouveau dans l’aileron de son coéquipier. Lors de la 52ème boucle, Nico tente une nouvelle attaque au quatrième virage du circuit, mais Hamilton tient bon. Il essaie à nouveau au premier freinage un tour plus tard mais freine trop tard et laisse l’Anglais s’envoler. C’est finalement ce dernier qui l’emporte malgré des pneus qui le désavantageaient clairement en fin de course. Rosberg en a conscience, dans ces conditions il aurait dû l’emporter.
C’est un premier coup sur la tête de l’Allemand, qui manque ensuite ses qualifications en Chine avec une quatrième place sur la grille, alors qu’Hamilton est à nouveau en pole. Rosberg doit en plus composer avec un problème de télémétrie, ce qui le handicape grandement au départ. Nico n’est que sixième à la fin du premier tour, et peut déjà dire adieu à la victoire. Il remonte facilement tous ses concurrents au long du Grand Prix pour obtenir une nouvelle deuxième place à l’arrivée et limiter la casse sur son coéquipier. Il n’a plus que quelques points d’avance sur Hamilton au championnat.
La saison européenne est déjà là, mais Rosberg continue de subir la loi de son partenaire de garage, encore en pole position. L’Anglais prend un bon départ et Rosberg perd tour après tour des dixièmes sur le leader. Comme à Bahreïn, Nico tente alors une stratégie de pneus différente en misant sur la fin de course. Mais cette fois, il ne sera jamais en mesure de tenter une attaque sur le Britannique, qui signe donc sa quatrième victoire consécutive et s’empare de la tête du championnat au détriment de l’Allemand.
Grosse polémique ensuite à Monaco. Alors qu’il est en pole position provisoire, Rosberg tire tout droit à Mirabeau et déclenche un drapeau jaune. Hamilton, alors dans un tour lancé, doit renoncer et se contenter de la deuxième place. Nico est alors convoqué chez les commissaires suite à cette manœuvre litigieuse, mais ne reçoit aucune pénalité. La championnat entre alors dans une autre dimension, Hamilton est furieux et la communication entre les pilotes semble rompue. Rosberg est donc en pole, et la convertit facilement en victoire le lendemain, sur un circuit où les dépassements sont presque impossibles. Il reprend la tête du championnat, mais lance une dangereuse guerre psychologique avec son coéquipier.
Nico obtient cette fois la pole à Montréal, devant Hamilton. Mais alors que ce dernier prend un meilleur envol, l’Allemand le tasse dans le premier virage et lui fait perdre une position au profit de Vettel. Hamilton repasse la Red Bull après dix tours et remonte progressivement sur Rosberg. Mais alors que les deux pilotes ont une nouvelle fois une grande avance sur la concurrence, ils sont tous deux touchés par un problème de puissance moteur qui leur fait perdre beaucoup de temps. Mais Lewis finit par abandonner sur problème de freins et laisse Nico seul en tête. L’Allemand ne peut rien faire pour contenir Ricciardo à trois tours du but, et laisse filer la victoire. Il termine cependant deuxième et signe une belle opération au championnat suite à l’abandon de son équipier.
Rosberg est ensuite impeccable en Autriche. Troisième sur la grille derrière les surprenantes Williams, Nico profite du loupé en qualifications d’Hamilton pour prendre la tête de la course à la suite des premiers arrêts au stand. Il tiendra sa position jusqu’à l’arrivée et remporte sa troisième victoire de l’année devant l’autre Mercedes.
L’Allemand confirme son bon état de forme à Silverstone en signant une nouvelle pole position, quand Hamilton se loupe encore. Nico aurait dû remporter la course, mais il est à son tour victime d’un problème mécanique et doit abandonner. Son coéquipier en profite pour remporter l’épreuve et revenir à hauteur au championnat.
Rosberg enchaîne à domicile et part à nouveau en pole. Hamilton est cette fois malchanceux et doit s’élancer en fond de grille après un bris de freins en Q1. Une aubaine pour l’Allemand, qui signe devant son public une victoire facile, quelques jours après le sacre de l’équipe de foot allemande en coupe du monde.
Nous sommes à la mi-saison, Rosberg est leader du championnat avec 190 points, contre 176 à Hamilton. L’Anglais compte en revanche 5 victoires contre 4 à l’Allemand. Le suspens est total et nul ne peut alors prédire laquelle des Mercedes sera championne du monde.
Troisième pole consécutive pour Rosberg en Hongrie, et nouveaux déboires pour Hamilton qui doit partir dernier sur la grille après que son moteur l’ait lâché en qualifications. Mais alors que l’on prédit une victoire facile pour l’Allemand, le crash d’Ericsson en début de course entraîne une safety car et va changer la donne de la course. Celle-ci sort en effet trop tard et pénalisé les leaders, contraints d’attendre un tour de plus pour alors changer leurs gommes. Nico perd ainsi son leadership et voit son coéquipier revenir à hauteur. Il va même devoir terminer derrière son coéquipier à l’arrivée, malgré des pneus plus frais en fin de course. Finalement quatrième, l’Allemand perd une grosse occasion de s’envoler au classement.
Le Grand Prix de Belgique marque le plus grand tournant de la saison. Encore en pole, Rosberg est battu au départ par Lewis, mieux parti. Mais alors que l’on dispute le deuxième tour, Nico tente de se porter à hauteur de son coéquipier et le percute à l’arrière. Le Britannique est victime d’une crevaison qui gâche sa course, tandis que son coéquipier peut continuer. Rosberg terminera deuxième de l’épreuve derrière Ricciardo, Hamilton abandonne. L’équipe Mercedes est furieuse et fustige l’Allemand publiquement. Ce dernier est en plus sifflé sur le podium, et prend ce jour-là un très grand coup au moral.
Rosberg fait ensuite preuve de fébrilité à Monza, sans doute marqué par les récents évènements de Spa. Alors qu’il dépasse son coéquipier poleman au départ, Nico se fait rattraper dangereusement en course. Et à la mi-course, l’Allemand craque et manque son freinage au premier virage. Hamilton reprend la tête et remporte la course sans avoir eu à lutter.
Nico ne peut cette fois rien faire à Singapour, victime de soucis électroniques sur sa monoplace avant même le départ. Pendant ce temps-là, Lewis gagne et reprend le commandement du championnat.
Rosberg réagit et signe une belle pole position à Suzuka. Mais alors que la course se déroule sous la pluie, Nico va cette fois subir un dépassement de son coéquipier, bien plus à l’aise dans ces conditions difficiles. Le championnat semble avoir tourné en faveur de l’Anglais, qui remporte la victoire.
Nouvelle preuve de fragilité de l’Allemand à Sotchi. Cette fois moins bien qualifié que son coéquipier, Nico prend un meilleur départ mais manque totalement son premier freinage et allume ses pneus. Il rentre aux stands dès la fin du premier tour et abandonne tout espoir de victoire. A nouveau deuxième, il semble impuissant face à un Hamilton irrésistible.
Les courses se suivent et se ressemblent pour Rosberg. En pole position à Austin, il réalise un bon début de Grand Prix et fait la course en tête. Mais encore une fois, c’est l’autre Mercedes qui est la plus rapide, et qui finit, comme en Italie et au Japon, par prendre le dessus en piste après un beau dépassement. Nouvelle victoire pour Hamilton et nouvelle désillusion pour Rosberg, qui ne compte que 4 victoires contre 10 au Britannique alors que la fin de saison est proche.
Très belle réaction de l’Allemand à Interlagos, avant-dernière épreuve du championnat. A nouveau en pole position, Nico est cette fois le plus fort tout le week-end. Alors qu’il essaie de réaliser l’undercut, Hamilton commet une faute de pilotage et perd beaucoup de temps sur son coéquipier. Rosberg s’impose avec panache et garde des chances d’être titré lors de l’ultime épreuve à Abu Dhabi. Il ne sera en revanche pas favori, mais ses 17 unités de retard lui laissent tout de même de l’espoir, d’autant que les points de l’ultime épreuve seront exceptionnellement doublés pour l’occasion.
Le décor est donc planté pour cette dernière course. Nico signe la pole position, sa onzième de l’année, devant Hamilton qui complète la première ligne. L’Allemand doit impérativement gagner et espérer au mieux une troisième place pour son coéquipier s’il veut être champion. Malheureusement, c’est bel et bien le Britannique qui réalise le meilleur départ et qui prend la tête de la course dès les premiers hectomètres de la course. Lewis est intouchable et la tâche de Nico se complique. Mais le cauchemar débute réellement alors que de nouveaux problèmes moteurs viennent affecter la Mercedes numéro 6. Rosberg perd plusieurs secondes par tour sur la plupart de ses concurrents et se fait peu à peu dépasser par tout le peloton. Ses espoirs de titre s’envolent. Son équipe lui propose de se retirer en fin d’épreuve pour éviter l’affolement médiatique, mais le pilote souhaite aller au bout de l’épreuve. Il termine finalement treizième avec une monoplace qui lui aura tout fait vivre ce jour-là, et doit se contenter du rang de vice-champion du monde.
Rosberg honore son nom et son sport en allant féliciter son coéquipier tout juste auréolé avant que celui-ci ne monte sur le podium. Après une saison de très haute intensité sur le plan sportif et psychologique, ce geste est hautement salué par l’ensemble du paddock, et montre l’intelligence du pilote.
Bilan :
Rosberg a, selon beaucoup d’observateurs avisés, perdu le titre à Spa. Après cet accrochage dont il est coupable sur son coéquipier, la tendance s’est définitivement inversée en faveur d’Hamilton. L’Allemand est ensuite devenu fébrile et a vu le Britannique enfiler les victoires comme des perles et monter de manière irrésistible en puissance. Meilleur homme en qualifications cette année avec onze pole positions obtenues, Nico aura été beaucoup moins fort que son partenaire de garage le dimanche, avec seulement cinq victoires contre onze à Hamilton.
Nico s’est toutefois fait un nom cette année, et n’est pas passé loin de son premier titre en Formule 1. Il aura permis à ce cru 2014 d’être historique et de nous offrir un dénouement plein de suspens. A 29 ans, il possède encore de longues années devant lui en Formule 1 et devrait selon toute vraisemblance toujours posséder la meilleure voiture en 2015. Nous devrions donc à nouveau le voit lutter pour le titre l’année prochaine.
Tops :
— 11 pole positions, personne n’a fait mieux cette année
— A réalisé certaines courses magnifiques, notamment à Hockenheim
— Sa ténacité aura rendu le championnat passionnant
Flops :
— Dans le rôle du méchant à Monaco et à Spa
— Sifflé sur les podiums en fin de saison
— Aura manqué de vitesse et de solidité psychologique face à Hamilton
Statistiques de Nico Rosberg :
— Vice-champion du monde 2014 avec 317 points (il s’agit de son meilleur classement en carrière)
— 5 victoires en 2014 (8 victoires en carrière)
— 11 pole positions en 2014 (15 pole positions en carrière)
— 15 podiums en 2014 (26 podiums en carrière)
A noter : Rosberg a manqué de peu l’opportunité de devenir le deuxième pilote de l’histoire de la F1 à remporter le titre en étant lui-même fils de champion du monde (Keke Rosberg avait été titré en 1982). Damon Hill, titré en 1996, reste donc le seul dans ce cas, son père Graham ayant été champion en 1962 et 1968.