Mattia Binotto est en passe de réussir son pari chez Ferrari : la monoplace rouge est apparue plus rapide que la Mercedes à Spa.
Dans quels secteurs plus précisément la Scuderia a-t-elle pris l’avantage sur sa rivale allemande ?
« C’est difficile de répondre à cette question » a relativisé le directeur technique de Ferrari à Monza.
« Je préfère toujours regarder l’ensemble du package plutôt que de le diviser en différents facteurs. La différence dans l’ensemble face à Mercedes, a toujours été très faible au bout du compte. Ils ont été en pole en qualifications à Spa sous la pluie, donc ils avaient la voiture la plus rapide, en fait, et je pense qu’en course notre rythme était très similaire. Donc essayer de distinguer s’il y a une petite différence, et d’où elle provient, est un exercice très difficile. »
« Notre package fonctionne bien dans l’ensemble, du point de vue aérodynamique, du point de vue du châssis, et de l’unité de puissance aussi. En termes de développement nous sommes concentrés sur tous les domaines. »
L’an dernier Monza fut un tournant du championnat : c’est à partir de cet instant que Mercedes avait repris l’avantage. Mais cette fois-ci, Ferrari semble en meilleure position…
« Certainement, nous sommes dans une meilleure situation, d’abord du seul point de vue de Ferrari. Et à Spa l’an dernier, par exemple, nous n’avions pas été aussi compétitifs que cette année. Depuis le début de cette saison, nous avons dit que nous avions concentré notre développement pour le rendre plus efficient, et pour s’assurer que notre voiture pouvait être compétitive dans les virages à moyenne vitesse comme à Silverstone, comme à Spa. Nous y avons obtenu de bons résultats et c’est une bonne base pour le reste de la saison. »
« Donc de nouveau, par rapport à l’an dernier, nous pouvons compter sur une voiture qui est certainement meilleure en termes d’efficience aujourd’hui. Il reste toujours huit courses, donc le championnat est encore long et ce sera une bataille difficile. »
Si Ferrari a pris l’avantage au niveau de l’unité de puissance, c’est aussi en raison d’éléments techniques innovants… qui ont fait polémique quant à leur légalité. La FIA a fini d’inspecter et de valider tous les systèmes, notamment au niveau de la récupération d’énergie.
« Bien sûr, l’unité de puissance est un élément complexe, et c’est le cas depuis 2014 » explique Mattia Binotto. « La FIA connaît en profondeur les caractéristiques de nos composants, et c’est de notre devoir de répondre à la FIA, à chaque fois qu’elle est convaincue qu’il y a quelque chose de normal ou non. C’est simplement ce qui est arrivé, puisque certaines questions se posaient : nous avons répondu à ces questions, nous nous sommes expliqués. C’est tout. La FIA est certainement satisfaite, elle a dit que notre voiture était légale, lors de chaque course, et de notre côté, c’est une affaire totalement classée. »
Lorsque Mattia Binotto est arrivé à ce poste chez Ferrari en 2016, l’écurie était dans une situation délicate. Désormais, elle semble avoir la meilleure voiture. Comment un tel changement de perspective a-t-il pu se construire ?
« Les personnes qui composent notre équipe sont très solides. Nous avons de très bons talents, dans tous les domaines. Nous bénéficions certainement d’une certaine stabilité en termes d’organisation, ce qui est en F1 très important, parce que vous pouvez ainsi commencer à améliorer vos procédures internes. »
« De mon côté, je ne suis certainement pas un expert dans tous les domaines. J’ai 25 ans d’expérience en F1 : j’ai vécu une époque formidable avec Michael Schumacher, mais j’ai toujours été un homme spécialiste des questions moteur. Dans mon nouveau rôle, je me suis assuré que chacun comprenait ses fonctions, les procédures internes, et travaillait mieux non en tant qu’individus, mais pour l’équipe et en tant qu’équipe. Il faut oublier les petits jeux individuels. Et c’est pourquoi de nouveau, j’essaie de comprendre le package d’un point de vue global, et non domaine par domaine. Parce que ce qui fait gagner, ce n’est pas une unité de puissance, ou un aileron, mais une voiture complète. »
« Donc de nouveau, tout l’effort consistait à construire une équipe qui agisse en tant qu’équipe, et de fixer les bons objectifs, de les atteindre, d’essayer d’être ambitieux. C’est ce qui arrivé, je pense, ces deux dernières années. »