Ce 3 janvier, Michael Schumacher a 50 ans. En cette occasion, les témoignages élogieux sur la carrière du Kaiser se multiplient, en mettant l’accent, inévitablement, sur la période Todt-Ferrari.
Mais selon Ross Brawn, il ne faut pas occulter le travail réalisé par Schumi au sein de Mercedes, entre 2010 et 2012.
Selon Ross Brawn, qui dirigeait alors l’écurie allemande, Michael Schumacher, même s’il n’a obtenu qu’un podium en piste, a joué un rôle crucial dans la construction du projet Mercedes.
« J’ai travaillé avec Michael et je savais qui il était, et à quel niveau d’exigence il avait l’habitude de travailler. Ces gars [chez Mercedes] n’avaient pas les mêmes standards. »
Selon Ross Brawn, l’arrivée de Michael Schumacher chez Mercedes avait proposé quelques résistances, dont celle de Jock Clear, qui avait une bonne excuse : il avait été l’ingénieur de course de Jacques Villeneuve en 1997, lorsque la tension avec Michael Schumacher était au firmament…
« Jock détestait presque Michael avec passion » confirme Ross Brawn. « Pourtant, il est devenu l’un des amis les plus proches de Michael quand il a commencé à travailler avec lui. »
« L’éthique de travail de Michael, sa discipline, son zèle, avaient juste raison de tout. Il a permis d’élever le niveau de l’équipe car chacun savait ce qui pouvait ou devrait être fait. Je pense que j’ai eu un impact, mais Michael en a eu autant, peut-être plus d’impact encore sur l’équipe.
« Andrew Shovlin m’a dit, quand Mercedes a remporté son premier titre constructeurs, que Michael avait énormément à voir avec ce succès. »
Comment Ross Brawn a-t-il compris que Michael Schumacher voulait revenir à la compétition, après sa retraite de Ferrari ? Pour cela, il faut remonter à 2009 selon lui : après la blessure de Felipe Massa en qualifications au Hungaroring, Michael Schumacher avait testé une Ferrari pour remplacer éventuellement le Brésilien…
« En raison de l’accident de Felipe, Michael avait essayé de revenir dans la voiture et ce fut une sorte d’alerte pour moi. Michael commençait à ressentir les effets du sevrage. Il avait eu un accident de vélo, et il avait été pas mal blessé au cou, beaucoup plus qu’on ne le sut, parce qu’il n’a pas beaucoup communiqué sur cette blessure. Finalement, il a dû admettre qu’il ne pouvait pas conduire la voiture quand ils ont essayé de le faire remonter dans la Ferrari. Son cou le faisait juste trop souffrir. Mais cela m’a montré qu’il avait envie. »
« Et quand, assez honnêtement, nous avons été surpris par la décision de Jenson Button de partir [de Brawn à McLaren en 2010], je l’ai appelé et je lui ai dit ‘Voudrais-tu partager une bière ?’. Et il m’a dit : ‘Je sais ce que tu veux me demander, prenons une bière’. Il continuait de s’informer sur la F1, donc ce n’était pas du tout une surprise pour lui. »
« En fait, nous sommes tombés d’accord pour trouver un moyen de le faire arriver très rapidement chez Mercedes. Nous étions très enthousiastes à l’idée de l’avoir dans la voiture, bien sûr. Norbert Haug en particulier. Donc ensuite, il fallait juste trouver un accord pour que tout le monde puisse s’en satisfaire. Et c’est arrivé assez rapidement. »
Pourtant chez Mercedes, la suite fut moins heureuse pour Michael Schumacher : un podium à Valence, en 2012, et un meilleur temps en qualifications à Monaco, la même année (mais il traînait une pénalité de cinq places sur la grille), furent ses seuls grandes réussites en week-end de Grand Prix.
« La différence, c’est que nous n’avions plus de voiture dominatrice » explique Ross Brawn avec le recul. « Avec Ferrari, nous avions toujours une voiture performante, voire la plus performante. La réalité, c’est que nous ne l’avions plus en 2010. »
« L’équipe était en mode survie, parce que nous ne savions simplement pas où nous allions [fin 2009, après le retrait de Honda]. Nous ne pouvions compromettre notre budget en lançant un programme de développement d’ampleur pour 2010. Nous surveillions de très près chaque dépense, parce que nous pensions que nous devrions survivre une autre année sans autre investissement majeur. »
« C’était un signe des temps : en cette période [de crise financière], nous avions gagné le championnat du monde, mais nous n’avions toujours pas de sponsor majeur. Nous étions le conte de fées de l’année, mais sans sponsor majeur. L’environnement économique était alors assez rude. »
« Nous avons commencé 2010 avec une version légèrement évoluée de la voiture 2009, sans faire le niveau de progrès requis. Bien sûr, il y avait eu un nouveau règlement en 2009 et certaines équipes [Brawn GP en particulier] avaient mieux pris ce tournant que d’autres. Donc en 2010, nous étions plutôt dans la moyenne. »
Après l’arrivée de Mercedes comme actionnaire principal, l’écurie allemande conduite par Michael Schumacher et Nico Rosberg, a connu deux autres saisons, en 2011 et 2012, relativement décevantes. C’est à partir de 2014 que Mercedes commença à régner sur la F1. Une domination encore d’actualité.