Depuis le Grand Prix d’Autriche 1976 et la 12e place de Lella Lombardi, plus aucune femme n’a couru en F1.
Après Susie Wolff, désormais devenue directrice de Venturi en Formule E, Maria de Villota, ancienne pilote essayeuse de Manor décédée des suites d’un accident, ou Carmen Jorda, ancienne pilote de réserve de Lotus, c’est au tour de Tatiana Calderon d’essayer aujourd’hui de devenir la première femme à courir en F1 au XXIème siècle.
La Colombienne n’a pas pour le moment le CV requis pour accéder à la discipline reine du sport automobile. En trois saisons de GP3, dont celle de 2018 en cours, elle n’a pu encore inscrire plus de 10 points.
Celle qui est aussi la pilote d’essais de Sauber, estime que l’égalité entre les femmes et les hommes dans le sport auto est encore un objectif, voire un idéal.
« Les gens ne me traitent pas encore exactement de la même façon que les hommes. C’est difficile quand vous arrivez dans une nouvelle équipe : vous devez gagner le respect des ingénieurs et des autres membres de votre écurie. »
« J’ai couru dans des écuries où j’étais la troisième pilote sur trois, avant même d’être montée dans la voiture. Il faut combattre cela, et faire vos preuves au niveau du chronomètre. Je demande beaucoup de choses de mes ingénieurs, parce que j’en sais un rayon sur le plan technique et je sais ce qu’il faut faire pour être rapide. Il y a certaines choses que j’aime dans une voiture, je le sais déjà, donc je me bats pour que toutes ces choses soient installées dans la voiture. Et j’ai trouvé cela chez Jenzer Motosport en GP3 : ils n’ont pas d’ego au point de me refuser ces adaptations dans ma voiture, donc cela fonctionne pour moi pour le moment. »
Pour les autres pilotes femmes qui essaient de percer dans le sport, Tatiana Calderon a conscience qu’elle est devenue aujourd’hui un nouveau point de repère pour toute une génération. Il reste à ne pas la décevoir…
« J’ai commencé à le réaliser davantage cette année. Je rencontre des filles engagées en sport auto tout le temps et elles me disent ‘Oh, tu es une source d’inspiration pour moi’. Je n’avais jamais pensé le devenir, parce que ce n’était pas ma première intention. Je cours en sport auto parce que j’adore ça. Mais si je peux aider pour leur ouvrir des portes, alors, je serais heureuse. C’est pourquoi je travaille avec la FIA – pas seulement pour être différente. Susie Wolff a fait la même chose pour moi, et je lui en suis très reconnaissante. »
« Chaque matin, je me dis que je veux piloter en F1. Ce n’est pas bon de le dire, mais peu importe si on ne me paie pas des millions, je veux juste conduire ces voitures aussi vite que je le peux et avoir vraiment la chance de prouver par moi-même ce que je peux faire. C’est pourquoi je cours en GP3. Je ne veux pas que les gens m’offrent une opportunité juste parce que je suis une femme. Je veux être prise telle que je suis, en tant que pilote. J’ai quelque chose à apporter, parce que je suis très sensible, mon retour d’expérience est assez bon. Je veux vraiment gagner ma place. »
« Je suis assez bonne pour dépasser je pense, et j’adore la pluie, c’est toujours dans ces conditions que je réalise mes meilleures performances. »
« Mais la F1, c’est un autre niveau, et je dois signer des résultats au bout du compte. Je sais ce dont je suis capable. Fernando Alonso est sur la plupart des courses, il peut voir les données et il a pu voir que je suis rapide. Il m’a dit ‘OK, nous devons montrer au monde ce dont tu es capable’. C’est ce que nous essayons de faire. »
Tatiana Calderon aimerait maintenant que Sauber lui fasse confiance, au point de lui confier un test sur piste réelle en essais privés.
« J’aurai une chance de tester la voiture je pense, mais cela dépend vraiment de l’équipe. J’ai déjà passé du temps dans le simulateur l’an dernier. C’est sacrément rapide, mais j’étais rapide aussi. Donc je me sens prête à montrer dans la voiture. J’étais plus rapide que certains des pilotes ayant essayé le simulateur. Peut-être qu’au début, je me crashais un peu, mais plus maintenant. »