Cinq jours seulement après le drapeau à damier du premier Grand Prix de la saison 2012 de Formule 1, Renault Sport F1 est de nouveau à pied d’œuvre cette semaine avec la préparation du Grand Prix de Malaisie. Mais les caractéristiques du circuit de Sepang sont à l’opposé du challenge proposé par l’Albert Park de Melbourne le week-end dernier.
Alors que l’Australie proposait un circuit temporaire tracé sur une route ouverte à la circulation en temps normal, Sepang est un circuit permanent. Entre petites averses et éclaircies, le climat de Melbourne était également bien différent de celui de Kuala Lumpur. La Malaisie est caractérisée par un climat tropical, avec un temps chaud, une humidité élevée et des possibles pluies diluviennes.
Comment Renault peut donc se préparer à affronter un tel défi ? Rémi Taffin, responsable des opérations piste de Renault Sport F1, révèle l’approche de ses équipes.
« C’est généralement en hiver, quand nous testons le moteur au banc d’essais en simulant les conditions de cette piste que nous en apprenons le plus sur Sepang », explique-t-il.
« Nous simulons les conditions que rencontrerait le moteur sur ce circuit. Au banc d’essais, nous pouvons reproduire tout ce que va affronter le moteur : la température, l’humidité, la pression atmosphérique. Nous le soumettons à ces conditions pour voir s’il réagit favorablement aux caractéristiques de ce climat. »
« Le plus gros problème est l’humidité élevée qui impacte la souplesse, il faut donc adapter les réglages en conséquence. En fait, c’est assez facile car nous contrôlons la température du moteur grâce à la carrosserie. »
Malgré les températures rencontrées en Malaisie, Rémi reconnait qu’il y aura peu de changement d’un point de vue opérationnel, puisque la température de fonctionnement d’un moteur sera toujours beaucoup plus élevée que la température de l’air.
« Nous essayons d’avoir la même température de fonctionnement du moteur, soit 120 à 130°C pour l’eau et 110 – 120°C pour l’huile. Notre but est d’éviter que la température de l’air ambiant et l’humidité aient une incidence sur le refroidissement. »
Il est donc évident que le refroidissement soit une des grandes priorités de Renault et de ses partenaires avant le Grand Prix de Malaisie.
Rémi poursuit : « Plus vous avez besoin de refroidir le moteur et moins vous avez d’appuis aérodynamiques, car vous devez récupérer l’air de façon moins efficace et depuis des zones moins idéales. Si vous pouvez rouler avec un moteur plus chaud, ceci amène la voiture à pouvoir rouler plus vite car nous pouvons conserver une carrosserie au plus près du moteur. Cela améliore l’aérodynamique et les équipes peuvent disposer d’un maximum d’appuis. C’est une des caractéristiques qui fait la force de Renault avec le RS27 : nous sommes capables de le faire fonctionner à de plus hautes températures sans problèmes de fiabilité ni de baisse de performance. Ceci permet aux équipes de construire des carrosseries plus audacieuses avec un arrière très serré, façon bouteille de cola, sans les persiennes habituelles pour augmenter l’entrée d’air vers le moteur. »
Comme la clé de la réussite est l’expérience, le Renault RS27 a déjà effectué beaucoup de kilomètres au banc d’essai l’hiver dernier.
« Nous réalisons en général deux tests d’endurance au cours de l’hiver, d’environ 3000 km. Mais ce n’est pas seulement pour Sepang, c’est un test général d’endurance pour le moteur. Sur ces 3000 km, nous en réservons un tiers pour ce circuit, et nous recueillons des données spécifiques pour nous assurer que tout va bien. Quand nous arrivons à Sepang même si ce n’est que la deuxième course de l’année, nous avons suffisamment de données pour assurer que tout se passera bien. »
Sepang est une piste unique, qui demande des réglages bien particuliers pour le RS27. On pourrait donc penser que Renault apportera des moteurs totalement neufs pour cette course spécifique…
« Et bien non, c’est complètement faux », rétorque Rémi avec le sourire.
« Nous utiliserons le même moteur pour le Grand Prix de Malaisie que celui utilisé en Australie. C’est quelque chose que l’on a déjà fait l’an dernier. Il faut garder à l’esprit que nous devons gérer 20 courses sur la saison et nous n’avons que huit moteurs disponibles pour chaque voiture. Nous avons élaboré plusieurs scénarios avec les équipes et nous avons convenu qu’il fallait utiliser le plus possible les moteurs en début de saison. Cette solution nous offrira plus de latitude en fin de saison. »
« Nous avons confiance dans les capacités du RS27, nous savons que nous pouvons le pousser au maximum dès les premières courses pour en exploiter tout le potentiel. En fin de saison, nous avons des moteurs neufs que nous avons la possibilité d’utiliser durant deux courses seulement. Je ne souhaite pas en dire plus mais je peux affirmer que les moteurs utilisés en Malaisie seront ceux qui ont tourné en Australie. »
Avec un podium et trois des cinq meilleurs tours pour le RS27 en Australie, la saison a été parfaitement lancée à Melbourne avec l’espoir de continuer sur la même voie en Malaisie.