David Coulthard est revenu sur le Grand Prix d’Espagne, marqué par l’usure des pneus Pirelli. Selon l’Ecossais, tout imputer aux gommes n’est pas juste envers le manufacturier italien. Ferrari et Lotus ont fait un meilleur boulot.
"Tout le monde ne se plaint pas de la situation actuelle, mais certains se souviennent du temps où l’on rentrait pour ravitailler - avant 2010 - et lorsque les pilotes étaient capables de tourner en course avec des chronos à deux secondes de ceux réalisés en qualification," reconnait David Coulthard à la BBC. "En 2010, la dernière année de Bridgestone, les pilotes étaient encore capables de rouler à deux secondes de leur temps en qualification, mais ce dimanche en Espagne le meilleur chrono était à 5,5 secondes de la pole."
Comment expliquer cela ? "C’est parce que les pilotes ne peuvent plus pousser la voiture à ses limites, car les pneus ne le supporteraient pas. Si vous poussez trop fort, vos pneus se détruisent. Par le passé, les pneus étaient plus résistants. Je me souviens qu’en 2009, Fernando Alonso avait demandé que le Grand Prix de Singapour soit raccourci, car physiquement les pilotes avaient été à la limite lors de la course inaugurale de l’année précédente. Mais une telle demande n’est désormais plus possible, car les pilotes ne sont plus à leurs limites. Les pilotes roulent aujourd’hui à plusieurs secondes des possibilités de leur voiture pour gérer l’usure de leurs pneus," poursuit l’Ecossais.
Est-ce que la faute ne revient qu’aux pneus ? "Vettel s’est plaint après la course, il ne pilotait pas à la limite de sa voiture mais de ses pneus selon lui. Le problème de cet argument c’est qu’il a les mêmes pneus qu’Alonso et Raikkonen et qu’ils sont allés plus vite. Dire que tout est de la faute des pneus ce n’est pas possible."
Les problèmes sont bien liés à la conception des voitures selon Coulthard. "Red Bull était limité par l’usure de son pneu avant gauche alors que pour Mercedes c’était le pneu arrière gauche. Tout dépend donc des réglages de géométrie de suspension, eux-mêmes dictés par les flux aérodynamiques. Si Mercedes ou Red Bull savaient régler cela, ils le feraient mais la base c’est bien que, sur les mêmes pneus, Ferrari et Lotus, et particulièrement Alonso et Raikkonen, ont fait du meilleur boulot en Espagne que ces deux équipes."
Mais l’inquiétude de Coulthard se situe ailleurs. "Plus que les plaintes sur les pneus et les courses que cela engendre, je suis bien plus inquiet par le nombre de défaillances des pneus que nous avons vues cette année. J’ai bien compris que Pirelli a dit que cela était dû à des coupures causées par des débris en piste mais que va-t-il se passer si la défaillance se produit à un moment critique sur la piste ou en course ?"