Comme Bernie Ececclestone et Jenson Button le pensent, faut-il raccourcir la durée des Grands Prix, quitte à organiser deux courses sprint par week-end ? Les jeunes générations en effet seraient plus portées vers des épreuves moins longues, plus rythmées, au lieu de courses parfois monocordes s’étalant sur 1h45 voire 2 heures.
Ancien pilote McLaren et consultant pour la télévision, David Coulthard a bien entendu son opinion sur le sujet – un avis qui se fonde sur une remise en perspective historique.
« Dans sa forme originale, le dimanche d’un Grand Prix était un événement bien plus long que ce que nous connaissons aujourd’hui : une course d’environ 305 km, pour une durée totale de 4 heures, en incluant les interruptions. Curieusement, nous avions eu une même durée marathon pour le GP du Canada 2011, une course que les gens décrivent toujours comme un classique. Donc pour moi, le divertissement importe plus que la durée. Si vous regarde d’autres sports, les matchs de football durent 90 minutes, les finales à Wimbledon peuvent s’étirer sur de nombreuses heures, mais sont toujours incroyablement spectaculaires. »
« En football comme en tennis, c’est l’intensité du spectacle qui importe, et les courses de F1 ne sont pas différentes. Il y a une montée en puissance et une anticipation avant un GP qui en fait un événement vraiment spectaculaire. Aussi, étant donné la durée des courses que nous avons pendant la saison (la plus courte, Monza, dure environ 1h20, et la plus longue, Singapour, atteint les 2 heures), je pense que nous avons assez de diversité pour combler les désirs d’une action concentrée ou plus longue, avec des courses évolutives. »
David Coulthard ne pense d’ailleurs pas que les nouvelles générations soient moins concentrées que par le passé…
« Quand vous avez une course comme celle de 2011 au Canada, ou celle au Brésil l’an dernier, qui a duré un peu plus de 3 heures en raison de la pluie et des interruptions, les gens demeurent excités et impliqués. Ils parlent des incidents et des accidents, et disent moins ‘c’était bien, et dieu merci, ça n’a duré qu’une heure’. »
« J’accepte le fait que les enfants consomment des choses en un laps de temps plus court. Mais je sens qu’ils le font en zappant avec leurs amis, en trouvant quelque chose d’inhabituel ou d’amusant. S’ils jouent à Minecraft, ou à n’importe quel jeu, ils y sont plongés pendant des heures, et c’est parce qu’ils y sont impliqués. »
David Coulthard n’est donc partisan de réduire la durée des Grands Prix. Pourtant, les chiffres d’audiences de la F1 sont en baisse constante depuis plusieurs années. Mais il s’agit d’un faux problème selon lui.
« La F1 est autant populaire que par le passé. Nous n’avons pas vu une chute de popularité, mais nous voyons des chiffres décliner, puisque le modèle est devenu celui du pay-per-view. Le détenteur des droits commerciaux a enterré les grosses audiences TV car il voulait générer plus de revenus – ce qui profite aux détenteurs du sport et aux équipes, mais pas aux chiffres d’audience, puisque tout le monde ne peut pas se permettre de payer pour regarder la F1. Pour moi, c’est un argument plus pertinent. Recherchez-vous des audiences qui n’ont pas disparu mais qui sont devenues inaccessibles ? »
« La F1, ce devrait être des pilotes qui triment assez pour avoir l’air fatigués. En Moto GP, il y a un format bien plus court. Et je ne veux pas rabaisser la Moto GP en disant cela, mais si nous avions un format de 40 minutes pour les Grands Prix, est-ce que ce serait meilleur ? »