Suite et fin des états d’âme de l’ancien pilote de Formule 1 David Coulthard, dorénavant commentateur en Grand Prix pour la BBC. Au menu cette fois, les pneumatiques et l’esthétique des F1 modernes. Et l’Écossais jette un pavé dans la mare.
« Il est très rare qu’ils en fassent mention en public, mais personne en F1, sans exception, n’aime la structure et le choix de composition des pneumatiques actuels. Je n’ai pourtant aucun doute que, si on le mettait au défi, Pirelli pourrait développer de bien meilleurs pneus de course. »
« Les tenants de la discipline ne veulent pas d’un affrontement entre les différents manufacturiers et je ne comprends pas pourquoi. Après tout, c’est déjà la guerre au niveau des châssis et des moteurs. Tant que des limites sont établies - pas de tests et limitation des coûts - il n’y a aucune raison d’empêcher une guerre des gommes. »
Coulthard incrimine clairement les enveloppes, y voyant une paramètre envahissant à gérer plutôt qu’un outil pour attaquer sans relâche.
« Les pneumatiques sont clairement en cause quant au manque de dépassements en Formule 1 actuellement. Ils sont si sensibles, il y a tellement de gestion des pneus… Quand je suis aux commentaires devant un Grand Prix, j’ai du mal à ne pas m’emporter quand Mercedes tourne soudainement une seconde plus vite simplement parce qu’ils en ont besoin. »
La comparaison entre les pneumatiques semble clairement tourner à l’avantage des gommes utilisées dans le championnat du monde d’endurance.
« Les pilotes que je connais en WEC, où ils utilisent des pneus Michelin, me disent qu’ils attaquent lors de chaque tour en course. Et ils n’ont parfois besoin que d’un seul train de pneus pour deux ou même trois relais de 45 minutes. C’est super pour eux, mais c’est ce que nous faisions quand j’étais en Formule 1. Le seul moment où nous levions le pied, c’était dans le dernier relai et quand nous avions 20 secondes d’avance. Maintenant, c’est l’inverse : les moments où les pilotes sont à la limite sont minoritaires, et ils ne le sont parfois jamais. Le corollaire c’est que sans pousser, on a moins de risque de partir à la faute. On voit moins d’erreurs qu’avant. Mais ces erreurs ajoutent au suspense. »
Coulthard n’est pas non plus friand de l’esthétique actuellement en vigueur dans le paddock. Mais les instances dirigeantes pourraient bientôt y remédier.
« Les équipes et la FIA considèrent l’option de rendre les voitures à nouveau plus larges, de façon à ce qu’elles aient les mêmes dimensions qu’avant les mesures actuelles, introduites en 1998. À l’époque, je trouvais que les voitures avaient un meilleur look avec leurs deux mètres de large au lieu de 1,80m par la suite. Et mon avis n’a pas changé. »
« Quand on se penche sur le passé, certaines voitures sont belles et d’autres laides. Les voitures moches l’étaient déjà à l’époque et sont encore pire maintenant, alors que celles qui étaient jolies le sont toujours aujourd’hui. Les fondamentaux de l’esthétisme n’ont pas changé et il n’y a donc rien de mal à regarder en arrière pour voir ce qui fonctionnait pour ensuite s’en inspirer. »