La grille, en F1, est divisée entre les trois écuries de pointe (Mercedes, Ferrari et Red Bull) et le « milieu de grille », soit toutes les autres écuries, de Renault à Williams.
Un écart de performance substantiel existe entre les deux catégories d’écuries, si bien qu’un pilote Haas, Racing Point Force India, McLaren, etc., ne peut légitimement aspirer qu’à être le « meilleur des autres » (soit une 7e place) en Grand Prix ou qualifications – à la régulière.
Kevin Magnussen, grâce à la compétitivité de sa Haas, a pu être à plusieurs reprises le « meilleur des autres », en 2018. Mais courir pour une 7e place modifie profondément sa vision de la F1 et de la course automobile…
« Cela a fait une grande différence » se réjouit pour commencer le Danois, au sujet du bond en performance pure réalisé par Haas en 2018.
« Mais ce n’est toujours pas fantastique, on parle toujours d’une 7e place. »
« C’est si loin de ce que j’avais imaginé. La mentalité que j’ai aujourd’hui est très différente de ce à quoi je m’attendais. Et ça craint vraiment, ce n’est pas du tout amusant. »
« Mais il s’agit toujours de la F1, et vous prenez toujours du plaisir à faire du bon travail, bien sûr. Mais j’ai hâte qu’un jour, les choses changent. »
Kevin Magnussen réussit-il à trouver, tous les jours, la motivation pour conquérir, au maximum, une 7e place à la régulière ?
« Si vous m’aviez dit, quand j’étais enfant, ‘Kevin, un jour, tu seras heureux d’une 7e place’, je me serais tué ! Mais c’est la situation. »
« La F1 est juste ainsi de nos jours, sauf si vous êtes dans l’une des trois écuries de pointe. Sinon, vous pouvez oublier les podiums et les victoires, c’est un peu triste. Nous prenons du plaisir lors des courses où nous sentons que nous avons fait du mieux que nous pouvions. J’espère qu’un jour, si nous obtenons une victoire ou un podium, nous pourrons faire la fête un peu plus comme il convient – qui sait… ? »
Courir en milieu de grille a eu une conséquence concrète sur le style de pilotage de Kevin Magnussen : comme les écarts sont très serrés, il doit défendre plus agressivement chaque mètre carré. C’est la lutte rapprochée en milieu de grille qui lui vaudrait, ainsi, sa réputation de dur à cuire, non sa nature même…
« Non ce comportement n’est pas naturel. J’essaie de tirer le plus possible de chaque situation. Quand vous luttez pour le top 10, parfois, vous n’avez rien à perdre. Si vous vous battez pour un championnat, dans une Mercedes, Ferrari ou Red Bull, alors, vous avez l’assurance d’être dans le top 6. Vous marquerez toujours des points, donc vous pourriez prendre le risque de finir 6e et non 5e. »
« Alors que si vous êtes en milieu de grille, que vous êtes 10e, et que vous êtes sur le point d’être dépassé, vous êtes foutus de toute façon, et cela vous force à prendre plus de risques. C’est ce qui fait la différence, je pense. Je conduirais bien différemment si je luttais pour le championnat. »
« J’ai lutté pour des championnats auparavant [en formules juniors] et alors, je conduisais différemment. Mais c’est ainsi, c’est notre situation »
L’espoir de Kevin Magnussen réside dans les réformes souhaitées par Liberty Media pour 2021 : les budgets plafonnés devraient permettre de réduire l’écart entre les écuries de pointe et les autres.
« La situation idéale, pour la F1, serait d’avoir un plateau bien plus resserré » confirme l’ancien pilote McLaren, soutenant ainsi les objectifs de Liberty Media.
« La meilleure équipe gagnera toujours, et ce sera souvent Mercedes et Ferrari. Mais ce serait bien si des plus petites équipes, comme Haas, avaient l’occasion de parfois gagner une course, de finir sur le podium lors de plusieurs courses, et d’avoir un objectif pour lequel se battre, d’avoir un peu d’espoir. Quand vous abordez un week-end aujourd’hui, vous ne pensez même pas à faire un podium, ce n’est juste pas dans votre esprit. »