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Deux courses par week-end : que vaut l’idée d’Ecclestone ?

Un vœu pieux ?

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Bernie Ecclestone ne manque jamais d’idées pour relancer le spectacle en Formule 1. Sa dernière proposition a trouvé un large écho, au point d’être reprise par la presse généraliste : organiser non pas une, mais deux courses chaque week-end de Grand Prix.

Le grand argentier motive ainsi sa décision : « Les gens ont une capacité d’attention beaucoup plus courte et beaucoup de sports envisagent de raccourcir le format de leurs compétitions. Les audiences télévisées ont augmenté pour le Grand Prix du Brésil. On avait une course longue avec une grosse pluie et plusieurs accidents, mais cela a impliqué qu’on ait deux départs à cause du drapeau rouge et les gens se sont mis devant leur télé. Nous devons revoir le concept traditionnel d’une seule longue course. Deux courses de 40 minutes avec une pause de 40 minutes au milieu où les pilotes pourraient être interviewés, les voitures retravaillées, attirerait plus de téléspectateurs, de diffuseurs, de sponsors, et les annonceurs adoreraient ça. »

Avant d’aller plus loin, il est clair que la F1 traverse actuellement une mauvaise passe. C’est ainsi que les promoteurs des courses singapourienne et malaisienne ont décidé de se retirer de la compétition. A l’heure où le MotoGP, en parallèle, attire de nombreux spectateurs à chaque Grand Prix et offre suspense et spectacle tous les deux dimanches, la F1 a l’obligation de se remettre en question. Que vaut donc la proposition d’Ecclestone dans cette perspective ?

Les conservateurs de la discipline verraient d’abord dans cette hypothèse de deux courses en un week-end une trahison de l’esprit de la discipline. La F1, ce ne sont pas des courses de quarante minutes, mais bien d’une heure trente, argueraient-ils. De plus, réduire autant les courses aurait des conséquences sur la variété des options stratégiques offertes : il n’y aurait plus d’arrêt forcément nécessaire en course…

Le deuxième désavantage serait de diminuer forcément le nombre de rebondissements en course. Accrochages, problèmes de fiabilité… un dimanche normal de Grand Prix ne manque parfois pas d’incidents. A cela, on pourrait rétorquer que la fiabilité augmente année après année, si bien qu’il n’est désormais plus rare de voir toutes les voitures, sauf une ou deux, atteindre le drapeau à damiers.

Enfin, l’importance des qualifications serait énormément rehaussée, puisqu’une course courte signifie forcément moins d’opportunité de dépassements.

Néanmoins, il nous semble que la proposition de Bernie Ecclestone comporte davantage d’arguments en sa faveur.

Tout d’abord, on le sait, le grand public, à l’heure du smartphone et de Twitter, supporte de moins en moins des courses trop longues. Raccourcir la durée des courses est ainsi une option tout à fait dans l’air du temps. Et même un vieux briscard comme Jenson Button s’est récemment prononcé pour cette idée. La F1, dans son esprit, n’est-elle d’ailleurs justement pas la quintessence du sport d’attaque, une intense compétition, un concentré de sensations ?

Ensuite, deux courses par week-ends signifieraient deux départs. Et l’on sait que ce sont ces moments qui sont les plus passionnants, les plus scrutés aussi par le public.

Des courses plus courtes permettraient de plus aux pilotes de moins économiser leurs mécaniques, de davantage attaquer et de se livrer à fond. Les courses à l’économie sont en effet critiquées depuis au moins 2014, non seulement par le grand public mais aussi par certains pilotes comme Fernando Alonso.

Cette proposition peut certes paraître quasiment hérétique. Mais dans le monde du sport automobile, elle n’a pourtant rien d’extraordinaire. En WTCC, en F3 ou en GP2, deux courses au moins sont organisées chaque week-end. Si l’on prend l’exemple du GP2, on retrouve une course longue (avec un arrêt obligatoire) et une course sprint (avec une grille de départ inversée, le 8e de la course longue part 1er, le 7e part 2e, etc…). La course sprint est souvent la moins passionnante. Une solution serait alors de rendre égales la durée des courses et d’imposer un arrêt obligatoire au minimum.

Comme on le voit, Bernie Ecclestone, à 86 ans, garde donc sa justesse de vue pour le paddock quand il s’agit de relancer le spectacle. Le grand argentier de la F1 ne se montre néanmoins pas très optimiste quant à un tel bouleversement… « Je ne sais pas si nous en avons le courage » a-t-il ainsi conclu.

Il est vrai que l’unanimité des équipes sera difficile à trouver sur ce point. Les futurs nouveaux propriétaires de la F1, Liberty Media, sont américains, et plus ouverts aux changements. A voir si cela change quelque chose... En définitive, si le règlement 2017 n’apporte pas son lot de spectacle supplémentaire comme le craint déjà Ross Brawn, la solution pourrait rapidement revenir sur la table…

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