Q : Bernie, Fernando, qu’est-ce qui vous rend aussi confiant que le duo Ferrari-Alonso aura le même succès que celui formé par Ferrari et Schumacher ?
Fernando Alonso : Je ne sais pas. J’espère seulement que ce sera le cas. J’ai l’impression que les gens aiment cette combinaison, surtout en Italie et en Espagne où ils sont très enthousiastes et j’en suis très fier. La rumeur qui voulait que je rejoigne Ferrari un jour était dans l’air depuis de nombreuses années.
Bernie Ecclestone : Il y a une grande différence entre les situations de Fernando et de Michael. Lorsque Michael était chez Ferrari, ses rivaux étaient très peu nombreux. La procédure habituelle à cette époque était que Michael prenait le départ depuis la pole position et ensuite gagnait la course. Regardez quelle est l’opposition à laquelle doit faire face Fernando aujourd’hui : il y a les deux pilotes Red Bull, les deux de McLaren. La concurrence est beaucoup plus forte et on ne peut donc pas comparer les deux situations.
Q : Bernie, vous avez déclaré que si vous étiez patron d’une équipe, vous aimeriez avoir Fernando Alonso et Sebastian Vettel comme pilotes...
BE : C’est parfaitement exact.
Q : Pouvez-vous nous donner les raisons de ce choix ?
BE : Il y en a, c’est sûr. Selon moi, Sebastian a le talent nécessaire pour devenir champion du monde, ce que Fernando a déjà démontré. C’est seulement une question de qualité. D’après moi, ces deux pilotes formeraient le duo idéal, car ils se compléteraient à la perfection. Ai-je raison Fernando ? Tu n’as jamais eu le moindre problème avec lui, n’est-ce pas ? Qu’en penses-tu ?
FA : C’est exact, et je n’aurai jamais le moindre problème avec Sebastian.
BE : C’est ce que je disais. Les deux ont du respect l’un pour l’autre bien qu’ils soient adversaires.
Q : Engager ces deux pilotes dans la même équipe doit coûter beaucoup d’argent. Mettriez-vous autant d’argent sur la table Bernie ?
BE : Bien sûr que je le ferais.
Q : Fernando, quand s’est déroulée la réunion cruciale avec Ferrari, celle à la fin de laquelle vous vous êtes dit que votre rêve de piloter pour Ferrari allait se réaliser ?
FA : Lorsque j’ai quitté McLaren à la fin de l’année 2007, il était déjà clair pour moi que je voulais un jour signer chez Ferrari. C’était devenu mon objectif. Je n’ai pas passé les meilleurs moments de ma carrière chez McLaren, mais dans l’histoire de la F1 il apparaît que Ferrari et McLaren sont les meilleures équipes. Si je voulais que ma carrière soit parfaite, je savais donc que je devais aller chez Ferrari.
Au début, ce n’était qu’un rêve. Mais c’est l’été dernier que s’est déroulée la réunion cruciale et à l’issue de laquelle je savais que mon rêve allait devenir une réalité. Après, tout s’est passé très rapidement et je n’ai pas laissé passer cette occasion.
Q : On peut constater aujourd’hui que vous avez l’air à l’aise dans votre combinaison rouge...
FA : C’est parfaitement exact. J’ai trouvé chaussure à mon pied. Les Italiens et les Espagnols ont des personnalités et un style de vie très similaires. Nous avons tous la même passion pour la course.
Q : Bernie, vous qui avez suivi la carrière de Fernando depuis ses débuts chez Minardi, vous avez dû être ravi lorsque vous avez appris qu’il avait signé chez Ferrari...
BE : Oui, d’autant plus que Fernando est un pilote qui a le style de ceux qui ont roulé pour Ferrari. C’est un battant avec un gros coeur et il a la passion pour la compétition. Ils étaient faits pour s’associer.
FA : C’est vrai. Je suis aussi très fier de faire partie de l’histoire de Ferrari et de ses pilotes. Mais je ressens aussi une grande responsabilité. Ferrari a le plus grand nombre de fans au monde, c’est assez incroyable. Je sais que je dois être à la hauteur, et je suis prêt pour cela.
Q : Pour quelle raison l’équipe Ferrari est-elle si particulière ?
FA : Il y a par exemple une grande passion pour le travail chez Ferrari. On peut ressentir ça auprès de n’importe quel membre de l’équipe. Ils aiment tous Ferrari. Lorsque vous visitez le quartier général de Maranello, vous ressentez cette passion. Ils arrivent tous avec le sourire à l’usine à 8 heures du matin. Ils aiment tous admirer une Ferrari en rue, car ils savent qu’ils ont contribué à la propagation de cette passion.
BE : Et pour être honnête, il n’y a pas un pilote sur la grille qui ne rêve pas de conduire un jour pour Ferrari. J’en suis certain, Ferrari transmet ces émotions si particulières. En contrepartie il y a plus de pression sur les pilotes que partout ailleurs. Fernando, tu ne peux qu’être d’accord avec ça. Bien sûr tu voulais gagner avec Renault mais la passion chez Ferrari, l’immense pression de devoir se donner à fond, ce n’est pas ce dont chacun rêve dans sa carrière ?
FA : Tout à fait. J’adore cette pression. Et tous les sentiments autour, devoir se donner à fond. J’adore prendre le départ d’une course en tant que favori. C’est aussi pour cela que ça a été difficile pour moi chez Renault les deux dernières saisons. Savoir après les qualifications que vous pouvez être au mieux 8ème ou 9ème, ce n’est pas ma tasse de thé. Je préfère être dans la situation actuelle. Plus je ressens de pression, plus les gens attendent de moi, le mieux je me sens.
Q : Bernie, pourquoi Ferrari est-elle si spéciale pour vous directement ?
BE : Il y a deux choses qui ne perdront jamais leur valeur : la Formule 1 en tant que produit, Ferrari en tant que marque. Sans vouloir être dédaigneux, on pourrait dit que les autres vont et viennent et qu’à la fin cela n’importe pas vraiment. C’est un peu inexplicable, et il y a un peu de tragédie dans ces mots, mais c’est exactement la situation.
Q : Fernando, vous avez dit vouloir finir votre carrière chez Ferrari. Cela veut-il dire que vous y êtes pour longtemps...
FA : Oui, je l’espère en tout cas. C’est mon but. Je veux apporter la performance, toujours donner mon maximum et gagner, aussi longtemps et souvent que possible.