Dans le paddock de Monza, Nextgen-Auto.com a pu rencontrer Cyril Abiteboul, le Directeur Général de Renault Sport Racing. A l’occasion de cet entretien exclusif, le manager français en a dit plus sur le patient mais productif travail de restructuration en cours à Enstone et à Viry qui commence clairement à porter ses fruits.
Depuis Silverstone, Renault a sans aucun doute fait des progrès sensibles. Renault semble maintenant la quatrième force du plateau en performance pure, devant même Force India. Romain Grosjean nous confiait hier avoir été surpris par cette progression… et selon le pilote français, Renault elle-même aurait pu être surprise. Cyril Abiteboul peut-il confirmer ?
« C’est un peu vrai, en fait. On savait qu’on allait dans une très bonne direction de travail, mais c’est un petit peu vrai pour une raison très précise – je vais être un peu technique. Le step qu’on a fait, c’était un mode de fonctionnement très différent de la voiture, sur des virages moyennement rapides à rapides, qui sont en fait des virages que l’on n’arrivait pas à bien mesurer et simuler dans notre soufflerie actuelle. C’est un problème d’angle de braquage, de plateaux tournants, de la rolling road… »
« C’est un upgrade que l’on a fait cet été. Donc c’est vrai que quand on a introduit ce fond plat à Silverstone, on avait beaucoup d’informations en CFD, des informations parcellaires, relatives aux angles de braquage notamment. Et c’est vrai, il s’est avéré que ça fonctionnait encore mieux que prévu. Maintenant, je ne veux absolument pas dire que c’était un coup de chance. Mais on a tout simplement de nouveaux outils sur lesquels s’appuyer. »
Cyril Abiteboul révèle même que Renault pourra encore monter en puissance au cours des prochains mois grâce à un nouveau renfort technologique de poids.
« Hier – un scoop - la soufflerie a été remise en route après ce travail énorme – 22 tonnes qui ont été réinsérées dans la soufflerie. Depuis hier, on est à nouveau capable de bien pousser le développement dans ce genre de fonctionnement de la voiture. Donc voilà, je ne veux pas faire croire que c’est par hasard, car oui, notre step est justifié. »
Renault n’a donc eu aucun véritable problème de corrélation, contrairement à Red Bull en début de saison – même si tout est relatif en F1, détaille encore Cyril Abiteboul.
« Notre corrélation n’est pas mauvaise. Est-ce que c’est un problème de sensibilité ? Je pense qu’il y a un peu près une seconde, niveau châssis, entre la Red Bull et la Renault, peut-être un petit peu moins que ça, mais au moins 8 dixièmes à une seconde. Donc quand Red Bull se plaint de sa corrélation, pour nous, c’est peut-être une corrélation qu’on serait heureux d’avoir, vous savez, tout est relatif en F1. »
Si Renault est maintenant devenue la quatrième force du plateau, intégrer le top 3 serait une étape logique en termes de progression constante de l’écurie. Aller chercher Red Bull, Mercedes ou Ferrari, est-ce pour autant jouable dès 2018 pour Renault ?
« Déjà, il faut confirmer cette position de 4e force. Elle a été vraie sur trois Grands Prix, avec des circuits très différents, c’est ça qui est encourageant. En tout cas, sur le plan arithmétique, on pointe toujours à la 8e place au championnat. Déjà, l’objectif, c’est de retrouver, d’essayer de se rapprocher de cette 6e place, voire de cette 5e place. »
« L’objectif, l’année prochaine, c’est de consolider cette 4e place, et de commencer à inquiéter le top 3. C’est ce qu’on voudra faire. Maintenant, ce que j’observe, c’est que l’on s’attendait finalement à ce que cette partie de notre feuille de route ne soit pas nécessairement la plus dure. La plus dure, ça va être effectivement de s’attaquer au top 3. »
Dans cette optique, le développement du moteur sera évidemment crucial pour rattraper l’écart qui existe encore avec Ferrari ou Mercedes. Le V6 Renault 2018 sera-t-il dès lors une évolution ou une nouvelle révolution ?
« Moins de pièces vont changer en 2018 que pour cette année. C’est vrai que la grosse révolution, c’était cette année, d’où les problèmes de fiabilité qu’on a eus à la fois sur la partie moteur thermique et hybride – ERS. Peut-être, rétrospectivement, on se dit qu’on en a fait beaucoup. Mais en même temps, il fallait passer par là. L’an prochain, beaucoup, beaucoup moins de pièces vont changer. »
« Mais on va enfin pouvoir pousser le développement sur les pièces, dans la même philosophie qui a été introduite cette année. On va pouvoir vraiment se concentrer sur ce qui fait vraiment la différence – chambre de combustion, tout ce qui est injection… Ce sont juste certains éléments du moteur, mais des éléments très importants au niveau de la performance. »