C’est à l’occasion du Mondial de l’Automobile, qui se tient à Paris cette semaine, que Nextgen-Auto.com a pu rencontrer Chase Carey, le président du Formula One Group. L’Américain, qui a remplacé Bernie Ecclestone après le rachat de la F1 par Liberty Media, est aux responsabilités depuis maintenant un an et demi.
Le retour du Grand Prix de France de F1 cette année, démontre que l’héritage historique et l’organisation de courses européennes demeurent au cœur de la stratégie de la FOM.
Pour autant, si le Grand Prix de France a signé un contrat de cinq ans, l’avenir des GP d’Italie, à Monza, et de Grande-Bretagne, à Silverstone, est plus que jamais en suspens. Des difficultés financières au premier plan, menacent la viabilité de ces deux courses emblématiques et ce dès 2020.
Chase Carey est-il certain de conserver ces deux Grands Prix historiques, aujourd’hui en danger ? Va-t-il faire des concessions ?
« Nous sommes certainement intéressés par l’organisation de ces Grands Prix » a répondu le président du Formula One Groupe en exclusivité à Nextgen-Auto. « Je ne crois pas qu’ils aient dit qu’ils étaient en danger. Au bout du compte, à la fin de chaque accord, il faudra signer un nouvel accord. »
« Nous avons trois accords qui vont expirer cette année, nous le savons. D’autres accords vont arriver à expiration à la fin de l’année prochaine. Nous sommes très investis pour continuer à travailler avec nos partenaires. Notre but est d’essayer de trouver un nouvel accord qui fonctionne pour les deux parties. Nous sommes très investis sur ce point. »
« Il n’y a pas de garantie dans la vie. Nous travaillons sur des accords et partenariats de long-terme avec des pays comme la Grande-Bretagne, l’Italie et la France, qui font vraiment partie des fondations de ce sport. Et nous aimerions nous assurer d’intéresser les fans de ces pays. Mais c’est un processus de long-terme, des discussions de long-terme, pour trouver des accords comme ceux que nous avons trouvés depuis deux ans. »
La viabilité économique des évènements dépend en bonne partie de la qualité du spectacle offert sur la piste. Or, les deux dernières courses, à Singapour ou à Sotchi, ne furent pas des plus séduisantes… En 2019 et 2021, Chase Carey peut-il assurer que le spectacle s’améliorera grâce aux changements réglementaires ?
« Je crois que nous faisons un certain nombre de choses qui vont continuer d’améliorer le spectacle et l’action en piste, pour apporter plus d’incertitude dans le sport. Nous avons un sport formidable, une saison excitante, avec plus de concurrence et de compétition par rapport aux précédentes années. »
« Mais nous ne sommes pas encore là où nous voudrions être. Donc en termes de changement de règlement, nous avons certaines choses qui sont prévues, dans le but de rendre les voitures capables de se battre sur la piste. Certaines initiatives, en termes de revenus et coûts, vont apporter plus de concurrence et ainsi améliorer le spectacle en piste. »
La FOM et la FIA doivent encore régler un autre problème, celui des jeunes pilotes qui n’ont pas actuellement les opportunités pour pouvoir glaner un volant de titulaire – l’exemple d’Esteban Ocon le montre assez bien. L’éventualité de l’introduction d’une troisième voiture a été discutée par les dirigeants d’écurie : Chase Carey la soutient-il ou est-il plus sceptique ?
« Il faut s’assurer que les jeunes pilotes puissent avoir des opportunités pour piloter. Je ne suis pas sûr qu’une troisième voiture soit la bonne voie à explorer pour ce faire. J’espère qu’avec la Formule 3, la Formule 2, les jeunes pilotes aient actuellement les possibilités de se frayer un chemin jusqu’à la F1 finalement. Nous prenons des initiatives pour mieux structurer ce chemin vers la F1, pour davantage le soutenir. »
« Nous allons continuer à prendre des initiatives pour nous assurer que les 20 meilleurs pilotes au monde luttent sur la piste ensemble, en F1. Bien sûr, nous n’avons que 20 voitures, et c’est une limite. Mais nous pensons que nous prenons les bonnes initiatives pour nous assurer que le chemin vers la F1 ouvre des opportunités. »
Les écuries de F1 comme la FOM devront peut-être revoir leurs business plans et l’ensemble de leurs stratégies ressources humaines dans le cas où un « hard Brexit » ou « no-deal Brexit » surviendrait au printemps 2019. Chase Carey a-t-il demandé à ses équipes de se préparer au pire ?
« Nous en avons certainement parlé, nous avons des gens qui comprennent mieux ce problème que moi – et c’est quelque chose que peu de gens arrivent pleinement à comprendre en ce moment ! »
« Nous sommes un sport mondial et nous sommes basés en Grande-Bretagne. Nous prenons des initiatives pour pouvoir courir tout autour du monde. Je ne pense pas que notre sport soit plus impacté que les autres sports mondiaux. La base opérationnelle de notre sport est en Grande-Bretagne, mais nous voyageons tout autour du monde. »
« Nous nous intéressons certainement au Brexit. Le Brexit… pour le moment personne ne sait exactement quelle en sera l’issue, quelles en seront les modalités. Certainement, nous en étudions de près les conséquences dans leur diversité. Mais je pense que nous nous sentons autant en confiance que nous pouvons l’être sur ce point. »