A l’exception notable de Monaco, le circuit de Catalunya près de Barcelone est le tracé de la Formule 1 qui a traditionnellement le plus petit nombre de dépassements. Une seule statistique est plus parlante que toutes les autres : 16 des 20 courses qui s’y sont disputées ont été gagnées depuis la pole position, dont les dix dernières !
Lors des trois dernières années, les manœuvres de dépassement réussies se sont comptées sur les doigts d’une seule main en moyenne : 2,3 dépassements par course seulement...
Pourquoi les dépassements sont-ils si difficiles à Barcelone ?
Le problème majeur est que la longue ligne droite de 880 mètres est précédée par un virage très rapide, le numéro 16. C’est une courbe où les voitures ne peuvent se suivre de près et lorsque les écarts sont faibles en performances pures, les dépassements sont très difficiles dans ces conditions. De plus les équipes connaissent les réglages et les pneus par cœur pour ce circuit, ce qui permet moins de différences entre les voitures et moins de variations de stratégies que la normale.
Peut-on quantifier l’impact de rouler dans la trainée aérodynamique d’une autre voiture ?
Oui car les appuis sont mesurés en temps réel par les équipes, via des capteur placés sur la voiture. Plus vous vous rapprochez d’une voiture, plus vous perdez d’appuis. La perte se fait sur toutes les parties de la voiture mais plus particulièrement sur l’aileron avant, d’où le sous-virage que cela provoque. Les équipes de F1 estiment que la perte en appuis peut déjà être mesurée par les capteurs quand une voiture est à 3,5 secondes d’une autre, c’est dire si l’air derrière le passage d’une Formule 1 est perturbé ! Lorsque l’écart est d’une seconde, la perte d’appuis monte à 7% du total. Et lorsqu’il est d’une demi-seconde, elle est de 12%.
Comment compte t-on les dépassements en F1 ?
La méthode traditionnelle consiste à compter les changements à la fin d’un tour, sur le tour par tour mais cette méthode ne tient pas compte d’éventuels multiples dépassements lors d’un même tour, ou des dépassements faits lors de l’entrée ou de la sortie des stands. Maintenant une équipe calcule cela à partir d’une combinaison entre la vidéo, le timing et les positions GPS. Cette méthode permet d’affiner les calculs en termes de stratégie : par exemple les dépassements entre équipiers sont comptés à part parce qu’un pilote peut délibérément laisser passer son équipier, même si ce n’est pas systématiques le cas. De même nous ne comptons pas les dépassements des voitures les plus rapides sur les trois "anciennes" nouvelles équipes. Il n’y a pas vraiment de définition standard pour un vrai dépassement, on peut donc aboutir à des chiffres différents selon la méthode utilisée. La constance de la méthode est importante pour lui donner de la valeur.
Combien y a-t-il eu de dépassements à Barcelone les trois dernières années ?
Les statistiques brutes sont : 11 en 2008, 3 en 2009 et 10 en 2010 mais le total de 2008 inclut des dépassements faits lors d’accidents ou d’erreurs alors que celui de 2011 inclut les dépassements faits par des voitures très rapides sur les trois nouvelles équipes. Les statistiques réelles, corrigées, sont : 2 en 2008, 3 en 2009 et 2 en 2010.
La situation semble avoir profondément changé en 2011...
Le nombre n’a pas seulement augmenté depuis 2010 mais il a aussi augmenté de course en course cette année, de 30 à Melbourne (en incluant tous les types de dépassement) jusqu’à 112 en Turquie. Si on ne prend que les dépassements réels entre voitures différentes, on en a vu 31 en Turquie, contre 12 à Melbourne et 29 à Sepang. Par contre les dépassements dans la zone du DRS a augmenté significativement, de 5 à Melbourne à 40 en Turquie.
Combien y a-t-il eu de dépassements au total ?
Les statistiques brutes sont : Australie, 30 ; Malasie, 70 ; Chine, 90 ; Turquie, 112. Dans ces totaux, ceux ayant eu lieu dans la zone du DRS : Australie, 17 ; Malaisie, 48 ; Chine, 53 ; Turquie, 71.