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Giovinazzi, un pilote qui revient de loin

Trois crashs ont failli dynamiter sa carrière

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C’est en toute discrétion qu’Antonio Giovinazzi a été annoncé chez Sauber en 2019. Il faut dire que la nouvelle de son arrivée a été éclipsée par la signature d’un champion du monde, Kimi Räikkönen, qui revient ainsi au bercail.

Or, le parcours de l’Italien mérite d’être scruté de plus près. Le pilote de 25 ans revient quelque peu de loin.

Le talent d’Antonio Giovinazzi avait éclaté lors de la saison 2016, en GP2. Rookie à 100 %, le vice-champion de la F3 Européenne avait alors affronté Pierre Gasly, qui avait eu lui quelques courses, fin 2015, pour s’acclimater au GP2. Coéquipiers chez Prema, les deux jeunes hommes s’étaient livrés une bataille haletante. Le titre, remporté par le Français, ne s’était joué qu’à huit points.

« Antonio a été exceptionnel » confiait alors Bruno Michel, le président du GP2. « Parce qu’il a fait les courses les plus incroyables que l’on puisse imaginer. »

Cette saison 2016 de GP2 est aujourd’hui quelque peu oubliée, mais elle est riche d’enseignements : à voiture égale, et avec moins d’expérience, Antonio Giovinazzi est passé proche de battre Pierre Gasly.

Cette saison de GP2 n’était bien sûr pas passée inaperçue dans les paddocks. Dès l’hiver 2016, Ferrari annonçait avoir engagé Antonio Giovinazzi comme pilote de réserve et d’essais.

Mais c’est chez Sauber que l’Italien ferait ses grands débuts en F1. A la Race of Champions de janvier 2017, Pascal Wehrlein, titulaire au sein de l’écurie suisse, s’était sérieusement blessé au dos. Antonio Giovinazzi pilota en essais hivernaux, mais s’attendait à regagner le muret des stands à Melbourne. Or la blessure de Pascal Wehrlein s’avéra être plus sérieuse que prévue. Comme Sauber était motorisée par Ferrari, l’écurie italienne avait accepté de prêter son pilote.

En Australie (photo), Antonio Giovinazzi, prévenu à la dernière minute, ne put grimper dans la Sauber qu’à partir du samedi (Pascal Wehrlein avait testé ses limites physiques le vendredi). « J’ai cru à une blague ! » confiait-il alors le vendredi soir.

En qualifications, son bilan fut donc largement satisfaisant, avec une 16e place sur la grille. Marcus Ericsson, avec plus de temps passé dans la Sauber, s’était qualifié 15e.

« Il s’agissait de mes premières qualifications, je m’attendais déjà à moins que ce que j’ai fait. Je suis heureux d’être à seulement quelques dixièmes de Marcus qui a plus d’expérience avec la voiture, avec la F1. Je pense que c’est assez bon » confiait-il après la séance.

Monisha Kaltenborn, la directrice de l’écurie, saluait alors le « travail impressionnant » de son remplaçant surprise. « Je pense qu’Antonio a fait un travail impressionnant ; il ne connait pas vraiment la voiture. Notre C36 est assez différente maintenant de celle qu’il a testée lors de la première semaine d’essais à Barcelone, elle a déjà beaucoup évolué sur le plan aérodynamique. Nos titulaires ont confirmé que cela leur donnait un sentiment très différent. Alors, dans ces conditions, Antonio a fait un très bon travail. »

En course, propre et régulier, Antonio Giovinazzi termine à la 12e place, non loin des points.

Le deuxième Grand Prix, en Chine, sera celui de trop pour le jeune pilote. Il réduisit presqu’à néant le capital sympathie qu’il avait accumulé à Melbourne.

Tout allait bien jusqu’à la Q2, où l’Italien avait réussi à se faufiler. Mais, trop ambitieux, il se crasha violemment et dut même reculer de cinq places après avoir changé de boîte de vitesses.

En course, alors qu’il devait faire profil bas, Antonio Giovinazzi n’arrangea pas son cas : il commit une faute similaire, et détruisit sa voiture pour la deuxième fois en deux jours.

Redevenu pilote d’essais chez Ferrari, Antonio Giovinazzi fut ensuite prêté par Ferrari à Haas, une autre écurie partenaire. L’Italien disputa quelques séances d’essais libres… mais là encore, ses performances ne plaidèrent pas pour lui.

Un troisième crash desservit totalement sa cause, en EL1 en Hongrie. Il perdit le contrôle de sa voiture au virage 11. Trois crashs en peu de sorties, c’était sûrement de trop pour sa réputation.

« J’ai fait quelques tours et les temps étaient vraiment bons, et ensuite j’ai juste perdu la voiture en raison d’un survirage agressif à l’entrée du virage, donc je pense que nous avons eu un problème. Bien sûr, un crash n’aide pas, mais c’est seulement ma deuxième session en EL1 » plaidait-il à l’époque.

Le couperet tomberait à la fin de l’année : déçu par l’apport d’Antonio Giovinazzi, Haas décidait de ne pas le retenir pour 2019. Les propos de Günther Steiner, le directeur d’écurie, à l’encontre du jeune pilote, étaient même particulièrement inquiétants pour son avenir.

« Cela n’a aidé ni l’équipe, ni nos pilotes. Je ne peux pas dire à quel point c’était négatif, mais ce n’était pas positif. Nous verrons ce que nous ferons l’année prochaine mais nous n’en avons pas encore parlé. »

De toute évidence, Antonio Giovinazzi a su tirer les leçons de ses erreurs pour impressionner Sauber en 2018, lors des séances d’essais qu’il a réalisées pour l’écurie suisse. Frédéric Vasseur a préféré oublier les nombreux crashs et errements passés de l’Italien, pour retenir sa pointe de vitesse aperçue à Melbourne ou en GP2. Il compte peut-être aussi sur l’expérience et la sagesse de Kimi Räikkönen pour canaliser l’impatience de son deuxième pilote.

Quoi qu’il en soit, au vu de ce passé qui tient plus du passif, Antonio Giovinazzi peut s’estimer heureux de se voir accorder une deuxième chance en F1. A lui de la saisir.

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