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Hamilton à sa manière - entre sérénité et prière

"J’ai arrêté ma voiture pour prier"

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À 30 ans, Lewis Hamilton en est à sa neuvième saison de Formule 1. Un pilote brillant jusqu’ici et auréolé de 37 victoires, 45 pole positions et deux titres de champion du monde dont la maturité surprend dorénavant, lui qui semblait dans son petit monde durant une grande partie de sa carrière après avoir grandi puis mûri sous la houlette d’un père autoritaire et d’un patron du même acabit, Ron Dennis.

À l’approche du Grand Prix de Silverstone, rendez-vous incontournable s’il en est pour un sujet britannique, Hamilton revient sur son parcours et sa façon d’être lui-même, tout comme sur le récent incident monégasque.

« C’est assurément la meilleure période de ma carrière, et je n’ai que 30 ans. Les dix années précédentes sont passées follement vite et je tâche de m’assurer de faire autant de choses que possible sans dépasser mes limites en termes d’énergie. »

« Je me sens un peu différent. Remporter le championnat du monde pour la première fois, c’était spécial. Mais tout le monde a un titre. Enfin, pas vraiment, mais un certain nombre de pilotes en ont un, ce qui fait que le sentiment s’est un peu estompé. Alors être couronné une seconde fois, ça a été immense. »

« Je n’aime pas me dire que je suis dans ma meilleure période, je préfère penser qu’elle est toujours à venir. Mais oui en effet, je vis probablement mes meilleurs jours en Formule 1 actuellement, espérons qu’ils durent encore longtemps. »

Après ses multiples accomplissements, Hamilton estime qu’il peut être lui-même sans coller à un quelconque stéréotype.

« Beaucoup de fans disent ‘Jim Clark a fait ceci’ ou ‘James Hunt a fait cela’ et ma réaction, c’est ‘et alors ?’. Mon heure est venue, et je fais les choses à ma manière. C’est très étrange de voir que les gens veulent que tout le monde fasse pareil qu’avant. ‘Voilà comment un pilote de F1 se comporte, parle et à quoi il ressemble, c’est comme ça et pas autrement’. Ça me fait marrer ! »

« Déjà, je suis le premier pilote noir sur la grille. Alors je suis bien différent de mes prédécesseurs. Le problème aujourd’hui, c’est que les gens jugent la moindre petite chose, et au lieu de le garder pour eux, ils sont prompts à lancer des commentaires sur les autres. Les gens ne me comprennent pas complètement : récemment, j’ai simplement été moi-même. Au fil des ans, j’ai beaucoup évolué dans ma manière d’encaisser les remarques négatives. »

Et pour illustrer la différence entre le Hamilton ‘d’avant’ et l’actuel, il suffit de regarder deux Grand Prix à Monaco : lors du premier, en 2011, le Britannique avait heurté Felipe Massa et Pastor Maldonado, qui s’étaient vus qualifiés de « ridicules » et « stupides. » Pénalisé ensuite par les commissaires, Hamilton déclarera, amer : « c’est une vaste plaisanterie. J’ai été convoqué 5 fois chez les commissaires sur 6 courses cette année. » Et quand on lui demande pourquoi : « peut-être parce que je suis noir, comme dirait Ali G ! »

Quatre ans plus tard, un Hamilton serein domine tout le week-end, signant la pole position et se rapprochant d’une victoire apparemment inéluctable en course. Mais c’est sans compter un arrêt aux stands hâtivement décidé qui le fait rétrograder à la troisième position.

« C’était atrocement dur à avaler. Sans aucun doute le moment le plus difficile dont je puisse me souvenir. Je suis très croyant et j’ai arrêté ma voiture pour prier. Prendre une seconde pour reprendre mes esprits, trouver la force d’encaisser, parce qu’aller de l’avant est bien plus positif. Ça m’a aidé à être l’homme que je suis pour envoyer un message fort aux gens : quoi qu’on puisse mettre en travers de votre chemin, vous pouvez passer outre et continuer. Ce fut réellement le test ultime pour moi. »

« Il y a des gamins qui me regardent aujourd’hui, et ma façon de me comporter affectera peut-être la leur à l’école, quand ils seront au volant ou quoi que ce soit. Il y a un message plus important, ne pas être égoïste dans un moment pareil et agir. »

Monter sur une plus petite marche que son coéquipier et rival chez Mercedes Nico Rosberg fut également un moment difficile.

« La plupart des gens qui regardent ne réalisent pas que nous en avons sué pendant la course. Mais il ne faut pas montrer à quel point vous êtes déçu, parce que vous savez que votre équipier en tirera de l’énergie. »

Mais il s’agit maintenant pour Hamilton de se préparer pour la course de Silverstone dimanche : « au fur et à mesure que l’année avance, vous abattez vos cartes course après course. Et il s’agit de sortir vos meilleurs atouts. Comment trouver la fraction de secondes que vos rivaux ne parviendront peut-être pas à aller chercher ? Et à mesure que la voiture évolue, les écarts s’amenuisent jusqu’à se résumer à de simples millièmes de seconde. »

« Ce sont les règles de jeu, et elles me conviennent. C’est la raison pour laquelle j’ai deux couronnes de champion du monde : j’ai toujours réussi à trouver cette fraction de seconde quelque part. Mes performances sont meilleures que jamais cette année, et j’adorerais avoir quelques as dans ma manche ce week-end. Un pour samedi et un pour dimanche. C’est ce que j’espère. »

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