Liberty Media mène en ce moment des négociations décisives pour l’avenir du sport : il s’agit de décider quelle sera la réglementation moteur à compter de 2021.
Red Bull plaide depuis longtemps pour une simplification du règlement, dans le but de rendre les moteurs à la fois moins chers et moins différenciants. L’écurie autrichienne aimerait aussi voir des motoristes indépendants arriver dans la discipline, afin de réduire sa dépendance à des motoristes-constructeurs comme Renault.
Christian Horner, le directeur de Red Bull, devra sans doute affronter les positions de Mercedes : l’écurie allemande est bien plus sceptique quant à tout bouleversement réglementaire… ce que Christian Horner explique très simplement.
« Si j’étais Mercedes je voudrais que le règlement moteur actuel dure jusqu’en 2050 ! Ils ont un avantage qu’ils veulent naturellement protéger. On ne peut pas les condamner pour cela, mais les écuries ne devraient pas déterminer le règlement moteur ou châssis. C’est à la FIA et au détenteur des droits commerciaux de le faire. »
Christian Horner tire son chapeau à Mercedes et ne blâme pas les Allemands pour leur conservatisme réglementaire. Il condamne bien plutôt les instances réglementaires qui ont pris des mauvaises décisions par le passé.
« Mercedes a fait un travail formidable avec leur unité de puissance et ils ont aussi un très bon châssis. Nous avons de notre côté une très bonne paire de pilotes et un châssis très solide. Nous avons seulement du retard sur Mercedes et Ferrari au niveau du moteur. Or il vous faut trois éléments clefs pour gagner : un bon châssis, de bons pilotes et un bon moteur. Sinon, vous ne tirez pas le maximum de votre package. »
« Mais le règlement moteur est trop complexe et trop lourd. Par exemple, le système de refroidissement moteur coûte presque 250 000 euros par voiture, c’est fou. »
« Sans le bruit des moteurs, la F1 manque d’émotions. La technologie n’intéresse pas les téléspectateurs. Ce moteur a été introduit seulement parce qu’il était supposé avoir une pertinence pour le développement des voitures de série, mais ce n’est juste pas le cas. »
« Nous pourrions le simplifier beaucoup plus et ainsi redonner un plus grand rôle aux pilotes. Il devrait y avoir une parité entre le moteur et le châssis : aujourd’hui, le moteur compte pour 70 % de la performance et le châssis pour 30%. Avec les V8, le ratio était de 55 % du côté du châssis. »
« Personnellement j’aimerais voir arriver un moteur différent, avec plus de cylindrées et un meilleur son. Les fans seraient contents. La technologie hybride que nous avons aujourd’hui n’a aucune pertinence. »
Pour rapprocher les performances entre les écuries, une autre piste réglementaire est étudiée par Liberty Media : introduire des budgets plafonnés. Christian Horner, directeur d’une écurie qui a beaucoup investi ces dernières années pour rattraper son retard, se montre sceptique sur ce dossier.
« Nous voulons juste que les coûts soient réduits. Investir 250 000 dollars sur les radiateurs d’une voiture est impensable. Un règlement plus simple, plus court, plus clair, pourrait réduire les couts. »
« Mais ce serait difficile de faire respecter un budget plafonné parce que chaque équipe a une structure différente et un processus opérationnel différent. Je ne sais pas comment la FIA pourrait surveiller tout cela. »
« Dans de nombreux domaines, vous pouvez trouver comment réduire les coûts. Il faut d’abord regarder ce qui augmente les coûts, et cela commence par le nombre d’employés dans chaque équipe. Pourquoi avons-nous besoin de tant d’employés ? Parce que la Recherche et Développement dévore beaucoup de temps de travail. »
« 10 millions maximum pour le prix d’un moteur, serait-ce la solution ? Mais le coût d’un moteur n’est pas le problème par rapport au budget total. Nous dépensons des millions pour alléger le poids des moteurs ou pour refroidir ces V6. »