Si l’annonce de la participation de Fernando Alonso aux 500 miles d’Indianapolis à la fin du mois prochain a été une vraie surprise, cela fait longtemps qu’une nouvelle dans le monde de la Formule 1 et des sports mécaniques n’avait pas autant suscité d’intérêt et d’enthousiasme.
Toutefois, des points négatifs ont été plusieurs fois soulevés, notamment sur les réseaux sociaux, à commencer par le fait que Fernando Alonso, pilote de Formule 1 sous contrat, ne devrait pas renoncer si facilement à une participation à Monaco. L’autre raison souvent évoquée est le rayonnement du Grand Prix de Monaco, en oubliant manifestement le prestige de l’Indy 500.
Une chose est sûre, un tel événement doit être accueilli comme une chose très positive, tant le pilote, les deux écuries impliquées, mais surtout les deux disciplines, peuvent en sortir grandies. Plusieurs raisons pour lesquelles on doit se réjouir du défi que s’est lancé l’Espagnol.
La première raison qui doit nous donner envie de le voir combattre les 32 autres pilotes alignés à l’Indy 500, c’est sa vraie possibilité de bon résultat. Bien qu’il n’ait aucune expérience des circuits de ce type et de la course ultra intense qu’ils peuvent provoquer, Alonso disputera son Indy 500 dans des conditions similaires à celles d’Alexander Rossi l’an dernier.
L’Américain avait certes plus d’expérience au volant de la voiture, avec notamment une course sur l’ovale de Phoenix, mais il avait été dans le rythme rapidement après les essais de mai auxquels participera cette année Alonso, et avait réussi à s’imposer grâce à une très belle stratégie de l’équipe Andretti. Le tout avec un moteur Honda qui avait dominé sur ce type de circuit, et qui a cette année remporté les deux premières courses de la saison face au bloc Chevrolet.
L’une des autres raisons est l’aspect exceptionnel d’une telle décision. Sous le règne de Bernie Ecclestone, la Formule 1 se positionnait comme le nombril du monde des sports mécaniques et ’Tonton’ refusait que les pilotes participent à la promotion d’autres séries, concurrentes ou non. L’ouverture d’esprit de Liberty Media a certainement donné des idées à un autre Américain, Zak Brown, qui a poussé à ce qu’un tel événement se produise.
De fait, Alonso sera seulement le troisième pilote de Formule 1 encore en activité à aller disputer l’Indy 500 en 40 ans, et le premier depuis plus de 30 ans. En effet, Téo Fabi en 1984 avait fait une infidélité à Brabham pour aller disputer les 200 tours du circuit d’Indianapolis alors que le précédent, il y a donc tout juste 40 ans, était Clay Regazzoni qui avait piloté son seul Indy 500 au volant... d’une McLaren !
Alonso sera seulement le troisième pilote de F1 en activité depuis 40 ans à aller à l’Indy 500, mais il y retrouvera un bon nombre d’autres pilotes passés par la discipline reine durant leur carrière, et ce sera l’occasion de prendre de leurs nouvelles pour les gens qui ne suivent pas l’IndyCar de près !
Ils sont cinq à avoir connu la Formule 1 et à avoir trouvé refuge en monoplace de l’autre côté de l’Atlantique, dont l’un avait débuté en Formule 1 la même année qu’Alonso : Juan-Pablo Montoya.
Après son passage en Formule 1, le Colombien a roulé en Nascar où il a connu la victoire mais a vu son passage se terminer de manière difficile. Il est ensuite revenu en IndyCar, où il était déjà avant la F1, et a remporté les 500 miles d’Indianapolis pour la deuxième fois ! Ecarté par Penske cette saison, son ancien employeur lui offre quand même une participation à la manche mythique et à la course qui s’y disputera deux semaines avant, sur le circuit routier où la F1 se rendait dans les années 2000.
Le deuxième ancien pilote de F1 qu’il retrouvera est un Français, Sébastien Bourdais, qui retrouve aux Etats-Unis sa réussite d’antan. Le Français a remporté la manche d’ouverture de l’IndyCar cette saison et a terminé second de la 2e course. Rien de surprenant puisqu’il a été quatre fois champion dans la discipline dans les années 2000.
Alonso fera équipe chez Andretti Autosport avec deux pilotes passés par la F1. Le premier est Takuma Sato, qui compte une victoire à son actif en IndyCar et disputera son 8e Indy 500. Le Japonais n’y a brillé qu’une année, où il avait lutté avec Dario Franchitti et Scott Dixon pour la tête de course, mais avait fini dans le mur. L’autre pilote Andretti étant passé par la F1 est Alexander Rossi, vainqueur du dernier Indy 500 en date.
Enfin, l’autre pilote contre lequel Alonso a déjà roulé est Max Chilton, qui a rejoint les Etats-Unis après son éviction de chez Manor, et vit des hauts et des bas dans l’équipe Ganassi. Le jeune Anglais avait quitté le fond du peloton en Formule 1 mais a parfois du mal à s’en extraire en IndyCar.
Le fond de peloton est d’ailleurs certainement ce qui attendait Fernando Alonso à Monaco et c’est l’une des raisons pour lesquelles il ne faut pas regretter son absence dans la principauté fin mai.
Oui, on peut dire que la McLaren y a signé ses meilleurs résultats en 2015 et 2016, oui la voiture et le moteur auront évolué d’ici-là, mais vu la fiabilité des équipes de pointe et le niveau de la concurrence, Alonso pourra difficilement lutter pour mieux que les années précédentes.
La question se pose : veut-on le voir rouler difficilement pendant 1h30 dans les rues monégasques jusqu’à une correcte 5e place, ou préfère-t-on le voir batailler roues contre roues durant près de 3 heures contre des pilotes mieux préparés de lui mais contre lesquels il pourra rappeler son talent et sa faculté d’adaptation ?
Le dernier point intéressant concerne le second baquet chez McLaren qui doit encore être attribué. S’il devrait en toute logique revenir à Jenson Button, les tractations actuelles laissent penser que d’autres pistes sont envisagées chez McLaren. Nouveau galop d’essai pour Giovinazzi ? Grands débuts pour Pierre Gasly ou Lando Norris ?
Dans tous les cas, on constate qu’il y a de nombreuses raisons de se féliciter de la participation de Fernando Alonso à cette course mythique que sont les 500 miles d’Indianapolis, et le mois de mai n’arrivera pas assez vite pour nous offrir le spectacle de ce vrai défi.