Directeur technique de Red Bull et principal artisan du succès des monoplaces autrichiennes en Formule 1, Adrian Newey a continué, avec la RB8 présentée aujourd’hui, à faire évoluer son concept né avec la RB5 de 2009. Un concept riche en victoires et en titres puisque Red Bull a remporté les titres pilotes et constructeurs en 2010 et 2011.
Est-ce que le succès ajoute de la pression, la maintient ou la fait diminuer étant donné que vous poursuivez dans la continuité ?
Adrian Newey : Les dernières années ont été vraiment bonnes, vraiment réussies. Ce fut un chemin incroyable pour y arriver. C’est la quatrième évolution de la RB5 cette année. Donc évidemment, la pression est là pour essayer de rester à ce niveau si nous le pouvons. C’est une tâche difficile. Nous avons perdu la technologie des diffuseurs soufflés que nous étions capable de développer. Cela a conduit à repenser beaucoup de choses cet hiver. Est-ce que ces changements vont nous toucher plus que d’autres ? C’est difficile à savoir. Nous avions conçu la RB7 autour de la position des échappements et nous avons probablement été les seuls à le faire. Il se peut donc que nous ayons perdu plus que les autres à travers cela. Seul le temps nous le dira. Ce sera bon de sortir pour faire les premiers tests et voir un peu où nous en sommes.
Avez-vous pris ce changement comme une frustration ou comme un nouveau défi ?
Cette restriction au niveau du règlement concernant les gaz d’échappement est un peu frustrante en vérité. Parce que justement, ce sont des restrictions. Autant j’aime les changements de règlement, autant je n’aime pas vraiment les restrictions.
Comment avez-vous fait face à cette interdiction des diffuseurs soufflés ?
La RB7 avait été conçue autour des échappements et sachant que la position des échappements serait règlementée, nous avons dû revenir en arrière et voir comment nous pouvions développer la voiture. L’un des éléments clés est probablement la hauteur de caisse à l’arrière.
L’autre changement majeur se situe au niveau du nez de la voiture. Cela a-t-il créé des difficultés particulières ?
La restriction en ce qui concerne la hauteur maximale du nez n’a pas vraiment changé la forme du châssis. Nous avons gardé plus ou moins la même forme de châssis mais, on a du abandonner le nez tel qu’il était avant et qui était dans la continuité du cockpit.
Diriez-vous que la RB8 est une évolution de la RB7 ou avez-vous repensé de nombreux aspects ?
Je dirais que la RB8 est la quatrième génération de la voiture que nous avons fait démarrer en 2009, la RB5. Donc je suppose que c’est l’arrière petite-fille de cette voiture.
Avez-vous simplement la haine de perdre ou est-ce que ce qui vous fait continuer c’est le processus de conception à résoudre malgré le puzzle créé par les règlements ?
J’ai eu la chance durant ma carrière d’avoir eu une bonne quantité de succès et les gens se demandent souvent si je vais bientôt prendre ma retraite. La réponse est tant que je continue à prendre du plaisir alors je voudrai continuer. Qu’est-ce qui me fascine vraiment au sujet du défi technique ? C’est que nous sommes évalués toutes les deux semaines et vous voyez très vite le fruit de votre travail qu’il soit bon ou mauvais. Donc je prend vraiment du plaisir à travailler avec mes collègues, avec les autres ingénieurs ici à Milton Keynes et avec les pilotes sur les circuits. C’est un travail qui comporte de nombreuses facettes.
Comment abordez-vous ce moment qui consiste à mettre la voiture en piste pour la première fois ? Et êtes-vous serein ou craignez-vous ce que les autres équipes ont pu faire ?
Les gens demandent souvent juste avant que la voiture entre en piste quelles sont nos attentes pour cette année. Ma réponse est toujours que je n’en ai absolument aucune idée. Nous savons ce que nous avons fait pendant l’hiver et nous savons comment nous avons développé la voiture mais, nous n’avons aucune idée de ce que les autres ont fait avec la modification du règlement et les restrictions. Alors le jeu est un peu différent de celui de la fin de saison dernière. C’est impossible de savoir si nous avons fait mieux ou moins bien que les autres. Il y a toujours de l’appréhension quand on commence les essais de pré-saison. Et même les essais de pré-saison sont très difficiles à décrypter. Si nous sommes vraiment peu compétitifs par rapport à une autre équipe nous allons probablement nous en rendre compte. Mais s’il y a deux ou trois équipes qui ont l’air assez semblables alors ce sera très difficile de savoir qui est la plus rapide. Il faudra attendre les qualifications de Melbourne pour en savoir plus.