Ce mardi 29 septembre 2015, le pilote français Romain Grosjean a annoncé qu’il rejoindrait la nouvelle écurie Haas F1 pour la prochaine saison du Championnat du Monde de Formule 1.
En parallèle de la conférence de presse annonçant son choix, il a accordé une interview exclusive pour Canal +, qui sera diffusée en intégralité sur INFOSPORT+ ce jour, et dans les Spécialistes F1 demain à partir de 18h05.
Retrouvez-en une retranscription ci-dessous.
Pourquoi ? Comment ?
Déjà, une nouvelle expérience, une envie de changement. C’est vrai que c’était une très belle opportunité, ça s’est fait relativement rapidement avec une nouvelle équipe qui arrive. On ne sait pas comment ça va se passer, mais de toutes les informations que j’ai eues et du travail que l’on a pu faire suite aux rencontres avec Gene Haas et Gunther Steiner, la décision est venue assez clairement dans ma tête. Donc c’est une nouvelle expérience, ça fait 10 ans que j’étais à Enstone. En septembre 2005, c’était la première fois que j’y ai mis les pieds, en Angleterre, en tant que pilote de développement Renault. C’est vrai que c’était une belle histoire, 10 podiums, plus de 70 Grands Prix ensemble, de très belles choses mais aujourd’hui, c’est une nouvelle expérience qui arrive, un beau projet dans lequel je crois et auquel j’ai envie de participer.
Comment avez-vous fait votre choix ?
Assez naturellement. On fait toujours la liste des plus et des moins dans la vie lorsque l’on a un choix à faire, et puis finalement c’est une nouvelle équipe, avec un support assez important de Ferrari. Une équipe qui a de belles ambitions. Première équipe américaine depuis 1986 en Formule 1. Une équipe qui avait envie de moi, qui est venue me chercher, ça fait du bien en tant que pilote. Et puis d’un autre côté, Lotus en difficulté, on n’a toujours pas la certitude du rachat de Renault. Finalement, tout m’a poussé à aller vers Haas et à trouver une nouvelle équipe, un nouveau challenge, très excitant.
Qu’est-ce qui vous plait, qui vous motive dans ce projet ?
Ce qui me plait, c’est la façon dont l’équipe s’est créée. Ce n’est pas sur un coup de tête. C’est quelque chose qui a été réfléchi, qui est monté sur 2 ou 3 ans, avec un partenariat technique très intelligent. Ils ne se sont pas précipités pour aller prendre des pilotes payants. Ils ont voulu chercher et trouver les meilleurs pilotes, les meilleurs ingénieurs, les meilleures solutions pour venir en F1 aujourd’hui et être compétitifs rapidement, c’était extrêmement plaisant à voir. Et la motivation, quand on est pilote de Formule 1 et qu’on a cette chance de monter dans une voiture, on a envie de gagner, ça fait partie de nous, de moi en tout cas, et le compétiteur que je suis à toujours envie d’aller plus vite, d’être plus fort et d’aller encore plus haut.
L’écurie sera motorisée par Ferrari, c’est cet aspect qui vous plait en premier ?
Non, ce n’est pas l’aspect Ferrari de l’équipe, ce n’est pas l’aspect numéro 1 dans les critères qui ont fait mon choix, c’est vraiment l’ensemble de la façon dont ça s’est fait, l’ensemble de la façon dont l’équipe s’est créée, la volonté de réussir, la mentalité américaine : on va faire de la course, pas trop de politique, on avance, on a envie d’aller de l’avant. Et c’est vrai que derrière, quand on sait que l’on a la Scuderia Ferrari qui aide l’équipe, qui amène beaucoup de pièces un peu sensibles qui en général retardent les équipes nouvelles, ça rassure aussi sur la capacité de la voiture dès le début.
Que vous dit Gene Haas sur le projet ? Quelles sont ses ambitions ? Et quelles sont les vôtres ?
C’est toujours compliqué de parler d’ambition quand on commence un projet. Maintenant, on a envie d’être en milieu de grille pour commencer, et pourquoi pas aller chercher des tops 10. Les premiers points pour une équipe américaine, ça serait quelque chose de beau et puis surtout, ils ont voulu un pilote expérimenté pour faire en sorte que l’équipe avance vite, que l’on sache dans quelle direction développer la voiture et donc on va essayer de faire tout ça, comme je l’ai fait avec Lotus dans le passé.
L’écurie vous veut, c’est plaisant. Ils veulent un pilote d’expérience. Cela vous met dans un nouveau rôle, c’est plus de pression ?
Ça ne me met pas forcément plus de pression d’être très attendu par l’équipe ou d’être le pilote le plus expérimenté. C’est quelque chose de plutôt plaisant, quelque chose que j’ai fait depuis le départ de Kimi Raikkonen de chez Lotus. On a connu une année 2014 extrêmement difficile, on a très bien travaillé pour revenir en 2015 avec un podium en Belgique. Voilà, c’est quelque chose que j’ai déjà fait. C’est un nouveau challenge avec une nouvelle écurie. C’est vrai que le choix le plus simple et le plus facile serait de rester chez Lotus où je connais l’usine, où je connais tout le monde, où je connais la façon dont ça fonctionne, mais dans la vie on a envie de challenge. J’ai envie aussi d’apprendre de nouvelles choses, d’apprendre d’une nouvelle expérience et le but ultime est toujours de devenir champion du monde. Est-ce-que je devrai retourner à Enstone pour ça dans quelques années ? Est-ce-que ce sera dans une autre écurie ? Je ne sais pas. Mais j’ai envie d’être champion du monde.
Qu’allez-vous retenir du passé et d’Enstone ?
L’expérience Enstone est assez extraordinaire. C’est la première fois que j’ai conduit une Formule 1, première fois que j’ai été sur un podium. J’ai vécu des moments très très forts avec beaucoup de membres de mon équipe. J’ai appris et j’ai compris pourquoi tous les gens qui quittent Enstone regrettent cette atmosphère particulière. On sent qu’il y a vraiment un esprit d’équipe qui est extrêmement fort. J‘ai appris aussi énormément de choses sur moi, sur la Formule 1, sur mon métier. C’est vrai que les adieux ne vont pas être faciles.
On sait que l’écurie Haas sera très liée à Ferrari, cela vous laisse-t-il quelque chose dans la tête pour plus tard ?
Plus tard, c’est plus tard. Maintenant c’est vrai que quand on est ingénieur, mécanicien, pilote, dans le sport automobile on rêve tous de rouge de Ferrari, c’est une écurie extraordinaire, mythique, donc pourquoi pas un jour passer chez Ferrari après être allé chez Haas, pourquoi pas revenir un jour avec Renault et essayer d’être champion du monde avec une écurie française ? Tout est ouvert, mais c’est vrai qu’aujourd’hui l’idée est d’avancer dans ma carrière et de réussir ce que j’ai envie de réussir.
Comment vous sentez-vous à l’heure de l’annonce ?
C’est un moment particulier de ma carrière. C’est une équipe aux USA, quelque chose de complètement nouveau. Je suis très excité, très heureux de mon choix et j’ai très envie de finir les derniers Grands Prix du mieux que l’on peut. Il en reste 5, il faut les faire correctement et ensuite attaquer la nouvelle saison.