Eddie Irvine n’avait pas la réputation d’être un pilote lisse du temps de sa carrière professionnelle ; aujourd’hui retiré des circuits, il n’a assurément pas perdu son tempérament.
L’ancien pilote Ferrari et Jaguar a ainsi dit tout le mal qu’il pensait de la F1 actuelle. Le Nord-Irlandais est catégorique : la F1 le lasse terriblement…
« Je ne regarde plus la F1 parce qu’elle m’ennuie. Je regarde les voitures tourner sur le circuit et je pense que c’est incroyablement ennuyeux, parce que c’est si monotone. Le sport est si artificiel, il n’est pas pur. Il est trop parfait. Et quand vous commettez une erreur, vous n’en payez pas le prix. La moindre des choses, dans ce cas, serait de perdre beaucoup de temps. »
« Dans les années 1950, vous vous tuiez si vous faisiez une erreur. Dans les années 60, vous courriez le risque de vous tuer. Dans les années 70, vous vous blessiez la plupart du temps. Et dans les années 1980, vous perdiez du temps.
« Le sport devient juste de plus en plus sûr. Ce qui est une bonne chose. Mais c’est allé trop loin. Il n’y a que du progrès, du progrès… jusqu’à ce qu’on se dise : ‘Mais comment en sommes-nous arrivés là ?’. Et je pense que nous avons fini par avoir quelque chose d’un peu ramolli, qui n’est pas intéressant. »
Si la F1 est dans l’état déplorable que dépeint Eddie Irvine, il est alors grand temps de la réformer en profondeur. Liberty Media devrait justement remodeler la discipline dans le cadre des prochains Accords Concorde, en 2021. Le vice-champion du monde 1999 fait-il confiance aux Américains ? Quelles pistes proposerait-il pour que le sport se porte mieux ?
« Les manufacturiers ne devraient pas être autorisés à rouler en F1. Ils devraient être autorisés à être des motoristes, et c’est tout. »
« Quand les manufacturiers arrivent dans le sport, ils dépensent beaucoup d’argent. Parfois, ils dépensent bien cet argent, parfois non. S’ils le dépensent bien, ils quitteront le sport, parce qu’ils n’auront plus rien à prouver. S’ils le dépensent mal, ils quitteront aussi le sport, parce qu’ils seront embarrassés. »
« Ferrari a tant de pouvoir… et absorbe beaucoup l’énergie des autres équipes. Mercedes a trop de puissance financière, ce qui crée le même problème. »
« C’est un mal nécessaire. C’était formidable pour moi, parce que Ferrari m’a grassement payé. Mais je pense que cela affaiblit un peu le sport. »
« Il faut vraiment étudier la question en profondeur. Et je pense qu’il faut vraiment faire un virage à 180 degrés pour ce qui est des questions budgétaires, afin que [Liberty] refasse de la F1 ce qu’elle était, à savoir un sport qui était plus un sport de gladiateurs, un sport pur. »
« Il y a beaucoup de choses qu’il faut changer, et chaque changement aura des conséquences. »
Pour autant, Eddie Irvine, visiblement fataliste, n’imagine pas Liberty Media se montrer à la hauteur de la tache…
« Le nouveau propriétaire a dépensé beaucoup d’argent pour la F1, donc je ne pense pas qu’ils prendront le risque de faire tout cela. »