Mario Isola, le directeur du département Compétition de Pirelli, était présent lors d’une conférence de presse à Paris, afin de faire le point sur les enjeux de la saison à venir. Au cours de ces échanges auxquels nous avons assistés, le dirigeant de la firme milanaise a évoqué l’actualité immédiate de la F1, dominée par les tests de pré-saison à Barcelone.
La première semaine d’essais en terre catalane, décisive pour le reste de la saison, a été largement perturbée par une météo récalcitrante. Pirelli, détaille Mario Isola, a néanmoins pu refaire une partie de son retard lors de la deuxième semaine. Pour connaître la véritable performance des nouveaux pneumatiques, se fier à Barcelone II n’est tout de même pas la meilleure des options.
« Le test numéro 2 était très bon, la météo était très bonne. Les équipes ont fait beaucoup de simulations de course, de qualifications. Elles n’ont pas montré le vrai potentiel des voitures, mais c’est le lot de chaque essai hivernal. Le tarmac est très différent de celui de l’an dernier, et il faut aussi comprendre quelle est la performance, le niveau de dégradation des pneus. »
« Mais les informations collectées ont été assez bonnes, et nous avons pu les comparer aux informations du test d’Abu Dhabi l’an dernier, qui étaient aussi très importantes pour nous afin de tester les nouveaux pneus et de choisir les composés pour les premiers Grands Prix de l’année. »
Pirelli a en parallèle suivi de près les résultats des tests de départs arrêtés après une période de voiture de sécurité, une innovation réglementaire pour cette saison. Romain Grosjean a dit publiquement un « carnage » à chaque départ, en raison de la chute des températures pneumatiques derrière la voiture de sécurité. Que répond Mario Isola à une accusation qui le concerne directement ?
« Tout le monde est d’accord. Le départ d’une course est un moment riche en émotions. Les départs arrêtés, je pense que c’est un bon changement. Il faut considérer l’impact de cette nouvelle règle sur les températures pneumatiques, car les pneus sont un peu plus froids quand la course redémarre, donc c’est difficile. »
« Mais nous parlons des vingt meilleurs pilotes du monde, donc ce n’est pas à Mario Isola d’aller expliquer à tous les pilotes comment il faut conduire. Mais du point de vue du spectacle, je pense que c’est préférable. »
Les essais de pré-saison barcelonais, compliqués par une météo hivernale peu adaptée, ont relancé le débat autour de la localisation des tests de pré-saison. Ne faudrait-il pas les déplacer à Bahreïn, où la température est beaucoup plus amicale ? Des patrons d’écuries privées, comme Sauber ou Haas, s’opposent toutefois à cette idée pour des raisons logistiques et financières. Lorsque Nextgen-Auto lui demande ce qu’il aurait à répondre à ces directeurs d’écuries privées sur ce point, Mario Isola adopte un point de vue nuancé.
« Nous savons que si nous allons à Bahreïn nous trouverons difficilement la pluie ou une température qui sera entre 25 et 30 degrés. De ce fait, je pense que les essais de Bahreïn sont plus représentatifs. »
« En février, il est difficile de trouver de bonnes conditions ; nous allons ainsi à Barcelone pour trouver de bonnes conditions, mais en général c’est très difficile. Bien sûr pour les pneus, il est aisé d’avoir des conditions plus faciles à Bahreïn. C’est pourquoi par le passé nous allions à Sakhir. C’est un peu plus compliqué du point de vue logistique mais c’est faisable. »
« Il faut aussi prendre en compte les caractéristiques du circuit et c’est pourquoi les équipes poussent pour aller à Barcelone. Sur le plan logistique il est certain que Barcelone est plus facile. S’agissant du tracé, à Barcelone, vous testez bien votre traction, vous avez des portions à haute et basse vitesse, alors que Bahreïn se concentre plutôt sur les freinages et la traction. »
« Du point de vue du tracé, Barcelone est donc un peu meilleur que Bahreïn. Mais en termes de météo, Bahreïn est bien sûr meilleur que Barcelone. Et il faut peser ces deux arguments pour décider où aller. Idéalement nous souhaiterions aller une semaine à Bahreïn et une semaine à Barcelone. C’est sensé de faire quatre jours à Bahreïn et quatre jours à Barcelone. Idéalement, il faudrait aller d’abord à Barcelone. Si l’on fait les deux, on aura plus d’avantages que d’inconvénients. »