Après un hiver compliqué puisqu’il avait fallu installer un moteur Ferrari dans une monoplace conçue à l’origine pour accueillir un bloc Renault, le directeur technique de Toro Rosso, James Key, se dit très satisfait de la nouvelle STR11. La preuve : le Britannique estime même que sa monoplace 2016 est « la meilleure » des Toro Rosso sur le plan des « performances en qualifications pour un début de saison ». Mais pour en arriver là, la petite écurie de Faenza a dû suivre un processus d’évolution technique et psychologique sur plusieurs années.
« Il faut entretenir de bonnes relations avec le personnel de l’équipe pour adopter la meilleure approche, affirme ainsi Key. J’aime l’ambiance qui règne dans une petite écurie : tout le monde joue un plus grand rôle dans les succès de l’équipe, tout le monde en est conscient et en tire satisfaction. La meilleure chose au sujet de Toro Rosso, c’est que tout le monde s’applique vraiment pour réussir, alors il a été très facile de façonner l’équipe de manière à rencontrer le succès. Et il est plaisant de la voir grandir. »
« Quand je suis arrivé en 2012, c’était une année particulièrement compliquée. À l’époque, il y avait trois nouvelles écuries - HRT, Marussia et Caterham - et 7 voitures étaient éliminées en Q1. Alors nous nous estimions heureux de placer l’un de nos pilotes en 14e position. C’était grosso modo notre rang. Cette année n’avait pas été aussi bonne que la précédente mais nous avions tout de même terminé 9e. »
« Je crois que plus de la moitié du défi a été de convaincre tout le monde dans l’équipe que nous pouvions faire bien mieux que ça. C’est très psychologique. Dès qu’une équipe décroche des points de façon plus régulière et à qualifie ses voitures pour la Q3, elle commence à se dire qu’elle en est capable. C’est un changement d’attitude qui peut arriver très vite. »
Et quatre ans plus tard, Max Verstappen se classait 5e des qualifications en Australie derrière les Mercedes et les Ferrari, pendant que son coéquipier Carlos Sainz s’emparait de la 7e place sur la grille. Une grosse performance assurément, étant donné le budget relativement faible de Toro Rosso par rapport aux ténors de la catégorie.
« Je pense que nous avons été plus malins que tous les autres ! reprend Key en riant. Notre moteur est vieux d’un an alors imaginez si nous disposions d’un bloc 2016, ce pourrait être encore meilleur. Nous avons bâti la structure actuelle ces trois dernières années et voulons accomplir de grandes choses, passant d’une équipe plutôt bonne mais toujours en développement à une écurie en assez bonne forme aujourd’hui. »
« Nous nous sommes restructurés depuis 3 ans et avons été très clairs et ambitieux quant à nos objectifs. Je pense que travailler pour atteindre un but précis aide tout le monde à concentrer ses efforts, et il ne s’agit pas que de la conception et du développement de la voiture, mais de la production, des opérations en piste, des arrêts aux stands, toutes ces choses. Nous avons regardé ce que les plus grosses écuries étaient capables de faire et nous pensons qu’il n’y a aucune raison de ne pas y parvenir nous-mêmes. Alors oui, nous avons moins de budget et de personnel, mais c’est tout de même faisable. Il nous faut simplement trouver un moyen, et c’est assez difficile : on en arrive à un point où on ne peut pas faire tellement mieux sans dépenser beaucoup plus de ressources. J’imagine qu’il s’agit donc exploiter au maximum le budget et le temps qui nous sont alloués. »