Robert Kubica cherche à revenir en Formule 1 l’année prochaine et alors que les portes de Renault se sont fermées il y a deux semaines pour lui, il espère décrocher un volant chez Williams. Il est prévu qu’il fasse un essai avec l’équipe anglaise, de la même manière qu’il a déjà roulé pour Renault cette saison, allant même jusqu’à faire une séance d’essais privés en Hongrie sur une voiture de la saison en cours.
Pour lui, ce test représentait déjà un succès puisqu’il a réussi à surmonter les difficultés après son très grave accident de rallye, il y a plus de six ans. Le Polonais avait percuté un rail de sécurité qui avait traversé sa voiture, lui arrachant quasiment le bras au passage. Dix-sept opérations et de nombreux mois de convalescence plus tard, il pouvait reprendre le volant et essayer des catégories de plus en plus contraignantes, malgré le manque de mobilité de son bras.
"Après l’accident, je ne voulais pas assister à un Grand Prix dans le paddock ou à des essais, malgré le nombre d’invitations reçues" explique-t-il. "Les gens pensaient que je ne voulais pas accepter ma nouvelle situation, mais la vérité est que j’avais décidé de ne revenir que lorsque je me serais senti prêt à redevenir un pilote de Formule 1".
Bien que Renault ne lui ait pas offert un volant pour 2018, le Polonais reste très reconnaissant envers le constructeur français de lui avoir offert un programme de réadaptation à la Formule 1, d’abord lors d’essais privés sur une vieille monoplace, puis cet été à Budapest, où il a pu faire 142 tours en une journée sur l’un des circuits les plus intenses en termes de pilotage.
"La chance offerte par Renault a été incroyable et de plus, j’ai senti une grande affection. Il y a un ADN spécial à Enstone, le sentiment qu’il s’agit d’une vraie équipe et c’est une chose qui n’a pas changé au fil des ans. Même les employés que je ne connaissais pas m’ont offert un accueil chaleureux et c’était très important pour moi car ce n’était pas acquis. Nous sommes tous des humains et il aurait été normal qu’ils doutent".
Kubica tient toutefois à rester réaliste et ne se berce pas d’illusion quant à son possible retour. Les six dernières années lui ont appris à relativiser et à ne pas s’emballer puisque son avenir n’a jamais été certain depuis l’accident qui a fauché sa carrière.
"Je suis très réaliste et je sais que la possibilité d’un retour à plein temps est assez faible. Chaque jour, je découvre mes nouvelles limites, mais j’ai toujours espéré que j’aurais au moins la chance de le tenter. J’ai fait beaucoup de kilomètres dans le simulateur et j’ai piloté dans d’autres catégories, mais je savais que piloter une F1 me donnerait ce sentiment unique, et ça a été le cas".
"Le 6 juin, quand j’ai piloté à Valence, était l’un des plus beaux jours de ma vie même si je n’ai rien gagné ni terminé sur un podium. Il ne m’a fallu que quelques tours pour retrouver ce ressenti incroyable qui m’a fait réaliser pourquoi j’aime autant ce sport. Je ne suis pas facilement émotif mais ce jour-là, je l’ai été car j’ai réalisé que piloter une Formule 1 était ce qui me rendait heureux et je me suis senti en paix".
Kubica ne mâche pas ses mots quand il s’agit d’expliquer les difficultés, notamment psychologiques, rencontrées depuis son accident : "La vie m’avait donné énormément et en un instant, elle m’a tout repris. On dit que le temps guérit tout mais ce n’était pas le cas pour moi, en réalité ça m’a fait souffrir encore plus. Je pensais retrouver rapidement toutes mes fonctions mais ça n’a pas été le cas et les progrès que j’espérais ne sont pas venus. C’était dur mais j’ai réalisé que je devais l’accepter. Une fois que j’ai fait cela, j’ai pu ouvrir un nouveau chapitre".