Les écuries négocient actuellement avec la FIA et Liberty Media pour tracer le cadre des prochains Accords Concorde, qui devraient révolutionner tant le règlement technique que la structure et la gouvernance du sport.
Pour Frédéric Vasseur, le patron de Sauber, il s’agit forcément d’une négociation stratégique.
Le premier point concerne la réglementation moteur : le Français comprend les raisons poussant à une stabilité des règles – Renault le souhaite par exemple.
« Aujourd’hui, la tendance est celle-ci : les motoristes préfèrent mettre à niveau le moteur qu’ils ont plutôt que de refaire un moteur entièrement neuf » a expliqué Frédéric Vasseur à Nextgen-Auto dans le paddock de Monza.
« Si on était sûr qu’il y avait trois nouveaux motoristes qui arrivent, on pourrait se poser la question, mais… »
« Je comprends très bien les motoristes qui disent, ‘nous, avant de resigner un Accord Concorde, pour les sept ou huit prochaines années, on a besoin de savoir quelle sera la réglementation moteur’. Et après, pour le règlement châssis, honnêtement, si on doit redessiner une voiture complète, avec un nouveau concept, pour 2021, ça n’a pas de sens si on nous change le moteur pour 2022 et si l’on repart d’une feuille blanche ensuite. Donc c’est compliqué. Mais parfois, il faut faire des choses compliquées dans la vie. Honnêtement, si on ne peut pas le faire pour 2021, je ne vois pas pourquoi on y arriverait pour 2022 ou après. »
Les Accords Concorde pourraient également remettre en cause la règle des répartitions des revenus, pour amener plus d’équité.
« Dans ce monde-là, tout le monde veut plus » poursuit le patron de Sauber, « et comme toujours, les premiers disent qu’ils font le spectacle, et les derniers disent qu’ils meurent de faim et qu’il faut changer la répartition. Les top-teams sont d’accord pour dire que l’urgence est d’avoir un écart plus faible, donc une meilleure équité, et donc ça va dans le bon sens pour nous. Le souci, c’est surtout d’augmenter la taille du gâteau plus que de savoir comment on va se le partager. »
« En ce moment, la F1 traverse un peu une crise, même s’il y a de bons deals qui arrivent l’année prochaine. Mais l’issue de tout cela est quand même d’augmenter les revenus en général, plutôt que de se bagarrer entre nous pour savoir si on prend 3,2 ou 3,4 % et les autres 12 ou 13 %. Il faut œuvrer tous ensemble, plus pour augmenter les revenus. »
L’introduction de budgets plafonnés serait une bonne nouvelle sur le papier pour Sauber…
« Sur le budget cap, je suis assez relax. Vu la liste des exceptions… on n’est pas près de l’atteindre ! »
Les prochains Accords Concorde pourraient encore aller plus loin dans la standardisation des pièces : là encore, n’est-ce pas une bonne nouvelle selon Frédéric Vasseur ?
« Il y a deux sujets qui sont discutés : homologation et standardisation. Il faut faire attention avec la standardisation, il ne faut pas que ça tue la différenciation. Mais d’un autre côté, des choses comme le boîtier électronique ont très bien marché. Quand c’est passé, tout le monde a crié au fou, et aujourd’hui personne ne s’en plaint, tout le monde l’a oublié, alors que c’est certainement la partie la plus technologique de la voiture. Donc quand les constructeurs disent ‘attention, il ne faut pas impacter le côté technologie et développement’, ils acceptent tous que le boîtier le soit aujourd’hui. »
« Je pense que c’est bien de trouver un compromis pour laisser tout le monde travailler, mais il y a certaines pièces de la voiture qu’on développe tous – le steering rack ou des choses comme ça. »
Au moment de l’introduction des budgets plafonnés, est-il envisagé de réduire la masse salariale globale, et donc de payer moins les employés individuellement, afin de permettre d’embaucher plus de personnes ? Sauber a-t-elle cette option sur la table selon Vasseur ?
« Je ne pense pas qu’on baissera les salaires, parce que de toute façon, j’en connais qui vont gueuler si on les baisse (rires en regardant l’attachée de presse à nos côtés) ! Bon, elle, elle n’est pas dans le budget cap, ça va ! »
« Potentiellement, les top-teams ne peuvent pas respecter le budget cap avec 1200 salariés. Donc elles vont être obligées de se séparer d’un tiers de leurs effectifs – on va voir comment c’est mis en œuvre. A partir de là, la spirale inflationniste, qui conduisait à une augmentation des salaires de semaine en semaine en F1, va avoir tendance plutôt à disparaître. Et pour nous, ça tendra à amener aussi le budget vers le bas. Mais honnêtement, le budget cap, nous en sommes encore loin pour Sauber ! »
Enfin, même si son avenir financier s’annonce plus serein, Sauber Alfa Romeo peut-elle être affectée par le récent décès de Sergio Marchionne ?
« L’accord n’est pas entre Sergio Marchionne et Frédéric Vasseur. Il est entre Fiat-Chrysler d’un côté et Sauber de l’autre. Des grandes entreprises comme FCA s’engagent dans le temps. Ils vont définir leur propre stratégie. Nous avons un accord à moyen terme, il sera respecté. »