La victoire de Nico Hülkenberg au Mans, décrite comme « le plus beau jour de sa carrière et peut-être de sa vie, » tombe peut-être au mauvais moment pour la Formule 1, elle qui cherche à se réinventer alors que sa popularité est en baisse.
Car c’est bien un pilote de F1 en activité qui vient de remporter l’une des courses les plus prestigieuses de la planète, étape incontournable du championnat du monde d’endurance WEC qui réunit de nombreux grands constructeurs comme Porsche, Audi ou Toyota, pour ne citer que les prétendants à la victoire.
Les nouvelles règles concernant les moteurs de Formule 1 avaient en partie été établies dans l’espoir de séduire toujours plus de constructeurs, mais il se trouve que c’est bien au Mans que Ford fera son retour l’année prochaine.
« La F1 devrait s’inquiéter, lit-on dans les colonnes du Times britannique. Seule Honda s’est présentée en Formule 1 alors que Porsche, Toyota, Nissan et maintenant Ford se sont toutes tournées vers le monde des voitures d’endurance. »
Le WEC est en effet en train de se tailler une excellente réputation parmi les pilotes.
« On entend dire ‘course d’endurance’, commente Hülkenberg, mais c’est en fait un sprint. Nous attaquons sans relâche entre chaque arrêt aux stands, plus qu’en Formule 1. »
Et son collègue chez Porsche et anciennement en Formule 1 Mark Webber n’a semble-t-il jamais regretté d’avoir changé de discipline.
« Les voitures d’endurance sont sacrément rapides, déclare l’Australien, à peu près comme les F1 d’il y a 5 ou 6 ans. Et je ne me préoccupe certainement pas d’économiser les pneus ou autres, alors c’est super. »
D’autres pilotes de Formule 1 suivront-ils la tendance ?
« N’oubliez pas que Porsche voulait que Fernando Alonso partage le volant de sa troisième voiture avec Hülkenberg au Mans, rappelle Tobias Grüner de Auto Motor und Sport. Mais Honda n’a pas donné son autorisation. »
Lucas di Grassi, autre ancien pensionnaire de la F1 et 4e au Mans avec Audi dimanche, estime que la discipline est prête à accueillir tous les transfuges.
« C’est simple, explique di Grassi, là où les constructeurs investissent dans les sports mécaniques, vous trouverez les meilleurs pilotes. Ce sont ces constructeurs qui proposent les plus gros salaires, disposent des plus grandes ressources, etc. S’ils quittent la Formule 1 et viennent en endurance, on verrait alors davantage de pilotes de pointe franchir le pas. »