Haas fera-t-elle partie des équipes à obtenir un classement plus décevant en 2018 qu’en 2017 ? L’écurie américaine n’a fini que 8e au classement des constructeurs l’an dernier, mais contenir McLaren-Renault sera plus difficile en 2018.
« Il semble que tout le monde va progresser » reconnaît le propriétaire de l’écurie, Gene Haas.
« Nous avons identifié nos points faibles et Günther Steiner [le directeur de l’écurie] et moi avons eu une bonne discussion en tête à tête à Mexico, au sujet de la direction que nous prendrons pour cette année et de nos marges d’amélioration. Ce n’est pas un secret, nous utilisons beaucoup de pièces venant de Ferrari, donc c’est notre base de notre travail. Nous devons être dans la même demi-seconde que les Ferrari pour être compétitifs. Ce n’était pas le cas l’an dernier, je dirais que nous étions une seconde ou une seconde et demie moins rapides que les Ferrari. Dans l’ensemble, nous étions peut-être à deux secondes de la pole position, donc il faut que nous trouvions une seconde si nous voulons être vraiment compétitifs. »
La barre semble haute pour Haas, mais l’écurie américaine ne disputera que sa troisième saison en 2018. De l’aveu de Gene Haas, la saison dernière fut d’ailleurs encore une « année d’apprentissage. »
« Lors de notre première saison, tout était nouveau et nous devions tout digérer mentalement. Lors de la deuxième saison, nous en avons appris bien plus sur ce qu’il nous manquait, et au milieu de l’année, il est devenu évident que nos voitures n’étaient simplement pas assez rapides pour être vraiment compétitives. Sur quelques circuits, nous étions rapides, mais sur d’autres, nous ne l’étions pas, et la question était : ‘Pourquoi donc ?’ et ‘Que faire à ce sujet dans le futur ?’. Et trouver comment résoudre ces problèmes, c’est vraiment un tournant important pour nous en termes de progression. »
Gene Haas semble ne pas tracer de différence fondamentale entre la première et la deuxième saison de son écurie… Qu’est-ce qui les différenciait pourtant plus précisément ?
« Lors de notre première saison, nous avons été extrêmement chanceux de performer aussi bien parce que lors de notre deuxième saison, nous nous sentions simplement perdus lors de beaucoup de Grands Prix. On a l’habitude d’imaginer que la deuxième saison sera meilleure, mais j’ai eu le sentiment que c’était en fait pire pour nous, et nos points faibles, nos manques, sont devenus plus criants. Si vous ne savez pas comment résoudre ces problèmes, vous vivrez des journées vraiment difficiles. Et c’est vraiment frustrant parce que vous êtes supposés faire votre boulot, rouler en EL1 et en EL2 pour vous améliorer, mais en fait, votre situation empire en EL3 et vous vous dites ‘Qu’est-ce que je ne fais pas bien ? Est-ce un problème de pilote ? De voiture ? De pneus ?’. Et nous avons été capables de déterminer que c’était un problème de voiture qui affectait nos pneus, et nos pilotes étaient dès lors incapables de bien performer. »
Le constat de Gene Haas est assez pessimiste… Cette deuxième saison a-t-elle vraiment été pire sous tous les plans ?
« Rien ne fut plus facile. Ce fut plus difficile aussi du point de vue de nos concurrents, car la compétition était plus intense. En 2016, il semble que plus d’équipes étaient en difficulté. En 2017, beaucoup de ces équipes ont réglé leurs problèmes et soudainement, sont allées beaucoup plus vite. L’écart entre les écuries de pointe et le fond de grille, quand nous sommes arrivés en F1, était de cinq secondes, et maintenant, cet écart est de trois secondes. Le peloton se resserre et tout le monde s’améliore. »
« La surprise durant cette deuxième saison, c’était de voir que de très, très petites différences sur une voiture pouvaient complètement changer le pilotage. L’un des problèmes, ce sont les pneus. Si vous les sortez de leur fenêtre de température, même pour quelques degrés, ils peuvent totalement changer, et une fois hors de leur fenêtre, comment les remettre dans cette bonne fenêtre ? Les plus grandes équipes savent très bien comment gérer ce genre de problèmes et elles dépensent beaucoup d’énergie pour être là où elles doivent être. »
Tout n’était pas noir évidemment pour Haas en 2017. Quel fut le plus grand moment de la saison selon Gene Haas ?
« Nous avons marqué des points avec les deux voitures à Monaco et à Suzuka. C’était bien. Et j’espérais mieux faire en fin de saison, mais ce ne fut pas le cas au final. Mon sentiment, c’est qu’il nous a manqué 10 points pour être là où nous devions vraiment être. Mais ces difficultés nous ont aussi permis de nous concentrer sur les domaines où nous avions besoin de travailler. »
Cette deuxième saison a-t-elle permis à Haas d’être considérée comme n’importe quelle autre écurie bien installée dans le paddock, selon Gene ?
« Maintenant nous sommes simplement une des écuries présentes en F1. Les gens savent qui nous sommes et je pense que c’est bien. Nous avons survécu lors de ces deux premières saisons. Nous avons montré que nous pouvions concourir à ce niveau, et les équipes autour de nous (de la 6e à la 8e place) se tiennent en quelques points. C’est une position intéressante pour nous et je suis sûr que les équipes qui nous ont battu sont très heureuses d’avoir fini devant nous, parce qu’aujourd’hui, c’est comme si elles avaient un concurrent de plus à battre. »