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La retraite de Rosberg : un désaveu pour le management de Toto Wolff

Le directeur d’équipe en question

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Cette saison, comme en 2014 et en 2015, Mercedes a essayé d’assurer un duel libre et à la loyale entre Nico Rosberg et Lewis Hamilton. En adoptant une telle attitude généreuse envers le public, Mercedes a pris le contrepied des années Ferrari (où Rubens Barrichello était clairement le numéro 2 derrière Michael Schumacher) et nous a ainsi offert trois saisons à suspense.

Imaginons un moment que Mercedes ait clairement favorisé à chaque course tel ou tel pilote. Les réactions ne seraient pas faites attendre. Et la F1 aurait perdu une large part de son intérêt auprès du grand public. C’est ainsi que Toto Wolff lui-même, au terme de la saison, se félicitait de l’attitude adoptée par le management de l’écurie dont il a la charge : « Nous les avons laissés courir depuis trois saisons sans interférer, et je pense que l’équipe a du mérite pour les avoir laissé se battre et ne pas avoir décidé que nous avions un pilote numéro 1 et un pilote numéro 2, parce que c’est la solution la plus facile. »

Il y a tout de même deux exceptions à cette règle. Tout d’abord, les deux pilotes ont interdiction de s’accrocher. Ensuite il faut s’assurer que leur affrontement ne menace pas une victoire de Mercedes. A Abu Dhabi, Lewis Hamilton ralentissait délibérément Nico Rosberg afin que les Ferrari et les Red Bull reviennent sur le pilote allemand, menaçant le doublé Mercedes. C’est à ce moment que Paddy Lowe, le directeur technique, est intervenu pour enjoindre Hamilton à accélérer. Peine perdue.

Mais pourquoi donc Toto Wolff, le patron de l’écurie, n’est-il pas lui-même intervenu à la radio ? Son intervention aurait eu bien plus de poids… « Pour de bonnes raisons, je n’ai pas accès au bouton pour parler à la radio avec les pilotes. Je connais mes faiblesses et j’ai tendance à être trop chaud ! » s’expliquait Wolff après-coup. Est-ce vraiment une réponse responsable de la part de quelqu’un qui est censé incarner le leadership dans une équipe ? Chacun en jugera.

La philosophie adoptée et défendue par Toto Wolff appelle quoi qu’il en soit une autre critique aujourd’hui lourde de conséquences. En laissant ses deux pilotes s’affronter, Toto Wolff a rendu la lutte interne rude, intense, parfois intenable, épuisante moralement et physiquement pour Hamilton comme Rosberg. C’est d’ailleurs pour cette raison que Nico Rosberg a décidé de prendre sa retraite. « J’ai pu parler un peu à Nico. Il m’a avoué qu’il avait pris cette décision à cause du stress » a ainsi confié Niki Lauda.

La retraite surprise de Nico Rosberg est un lourd désaveu pour le management de Toto Wolff. Pourquoi n’a-t-il pas vu que Rosberg était constamment sous pression, presque à bout de nerfs ? Pourquoi n’a-t-il pas pris conscience du fait que l’affrontement interne amènerait à cette situation délicate ? Pourquoi toutes les éventualités n’ont-elles pas au moins été abordées lors de la prolongation de contrat de Nico Rosberg ? Niki Lauda est aujourd’hui en colère contre son pilote. « Il aurait au moins pu évoquer cette possibilité d’arrêter en cas d’obtention du titre lorsque nous avons négocié ensemble. Nous passons pour des idiots, » a ainsi regretté Lauda. Mais l’Autrichien aurait très bien pu s’en prendre aussi à la naïveté de son patron…

Désormais, en raison de la cécité partielle de Toto Wolff, Mercedes se retrouve dans une situation délicate. En vérité, Toto Wolff paie aussi trois années d’inconstance.

Cette année, en Autriche, après le dernier tour tumultueux entre Nico Rosberg et Lewis Hamilton, Toto Wolff haussait vivement le ton. « S’il faut, pour qu’ils comprennent, que je les retienne ou que je donne des consignes d’équipe, nous le ferons » assurait-il ainsi. « Nous avons eu des discussions très constructives, et il est clair pour eux deux que nous sommes face à une situation difficile lorsque nous perdons des points à cause d’un accrochage entre nos deux voitures. (…) Nous les avons prévenus, et il s’agit de notre dernier avertissement » tonnait-il. Une course de suspension était ainsi une sanction « possible » en cas de récidive.

Feu de paille. Même après l’attitude de Lewis Hamilton à Abu Dhabi, Toto Wolff disait « comprendre » le comportement de son pilote anglais. Qui croira encore aux menaces du directeur de l’écurie ? Déjà, en 2014, après l’accrochage entre ses hommes en Belgique, Toto Wolff s’était dit prêt à sacrifier l’un de ses deux pilotes en cas de récidive. Il assurait alors que dans ce cas, Mercedes devrait « prendre des décisions et assumer les conséquences d’aligner une équipe différente ». Résultat ? Feu de paille encore, puisque cette situation s’est répétée plusieurs fois en 2016.

Toto Wolff a donc commis plusieurs erreurs qui ont certainement joué un rôle dans la retraite anticipée de Nico Rosberg. Un manque de constance qui a abouti à une perte de crédibilité. Une absence de sanction qui a immensément accru la pression sur les épaules de l’Allemand au point de provoquer son départ. Un aveuglement quant à l’évolution de sa situation psychologique. On peut louer Toto Wolff pour l’ampleur du travail réalisé depuis trois ans chez Mercedes mais aujourd’hui, ce sont ses zones d’ombre, ses faiblesses, ses manques, qui éclatent au grand jour.

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