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La voiture médicale, un pilier discret de la Formule 1

Plongée dans les coulisses

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Ce sont les premières voitures à prendre la piste lors d’un Grand Prix. La voiture de sécurité, ainsi que la voiture médicale, chaque jeudi, de 14h à 15h, bénéficient d’une heure d’essais libres à haute vitesse. Respectivement pilotées par Bern Maylander et Alan van der Merwe, la Mercedes AMG GT S et la Mercedes-AMG C 63 S break espèrent passer chaque Grand Prix dans un tranquille anonymat, synonyme de week-end sans incident pour les pilotes. Mais malheureusement, tel est rarement le cas.

Alan van der Merwe se satisfait pourtant de passer un week-end dans l’ombre. « Nous serons plus visibles si nous commettons une erreur – donc la plus grande partie de notre travail est de rester anonyme autant que possible », confie le pilote de 37 ans, qui conduit la Medical Car depuis 2009, au site officiel de la F1.

« Nous voulons être sur la piste le moins possible. Quand nous sommes sur la piste, nous ne voulons jamais être mêlés aux autres voitures de courses. Il y a beaucoup de facteurs qui rentrent en compte. Il faut s’assurer que les voitures soient mécaniquement en règle, et savoir comment il faut conduire sur le circuit pour avoir une marge d’erreur suffisante. »

Alan van der Merwe n’est pas un bleu. Sa carrière aurait même pu l’emmener en Formule 1. Mais l’ancien champion de Formule 3 britannique n’a pu bénéficier en tout et pour tout que d’un essai sans lendemain sur une BAR-Honda.

A bord de la voiture médicale, on compte encore le Dr Ian Roberts, ainsi, le plus souvent, qu’un docteur spécialisé dans les soins d’urgence, originaire du pays où se déroule le Grand Prix. Le Dr Roberts, qui est lui-même un spécialiste d’anesthésie et de soins intensifs, ancien médecin en chef du Grand Prix de Grande-Bretagne, a la charge de coordonner les équipes d’extraction positionnées au bord de la piste.

La tâche de Van der Merwe est donc d’amener le Dr Roberts à destination aussi rapidement que possible. Mais contrairement à ce que l’on pourrait croire, la vitesse ne fait pas tout, loin de là.

« Le facteur le plus important, ce n’est pas de pouvoir conduire une voiture rapidement. Il y a des millions de gens qui pourraient conduire la voiture assez rapidement pour arriver sur le lieu d’un accident en un espace de temps suffisant. Ce qu’il faut considérer, c’est l’environnement. Vous conduisez une grosse voiture, sportive mais lourde, et parfois, vous partagez la piste avec des voitures de course extrêmement rapides, probablement les plus rapides du monde sur un tour. C’est une combinaison difficile. Il ne suffit pas de conduire près de la limite : vous devez constamment penser aux autres également » explique Alan van der Merwe.

« Vous avez besoin de cette capacité supplémentaire à conduire près de la limite tout en pensant à ce qui est devant et à ce qui est derrière. Vous devez être préparés à des erreurs commises par les pilotes, à des commissaires qui sautent par-dessus une barrière devant vous. Il faut avoir la capacité de conduire la voiture assez rapidement pour arriver sur le lieu de l’incident, pour rester devant les voitures sur la piste tout en maintenant une considérable marge d’erreur pour faire face à l’imprévu. »

La voiture médicale est une belle bête de course, avec 550 chevaux au compteur, et un V8 turbo quatre litres. Elle pèse, avec le plein, près de deux tonnes ! Sa conception contraste avec la plus fine et véloce voiture de sécurité, explique Alan van der Merwe.

« Le design de la voiture de sécurité en fait une supercar parfaitement équilibrée. Nous n’avions pas besoin de beaucoup la modifier, en fait, vous pouvez acheter cette spécification, moins l’équipement de sécurité de la FIA. La voiture médicale, d’un autre côté, est un peu différente. Elle doit faire avec deux tonnes de chargement quand il y a le plein, donc elle est extrêmement rigide. Pour s’approcher de la limite avec une voiture comme celle-ci, vous devez être capable de la pousser. Le jeudi, je conduirai plus vite que je le ferai le week-end. Il s’agit de trouver un rythme où je suis à l’aise à 98 %, de telle sorte qu’en course, je puisse conduire à 95 %, pour parler à la radio avec la direction de course, regarder dans mes rétroviseurs. Vous avez ces capacités en réserve, et la voiture aussi. Vous ne voulez pas être à 100 % quand quelque chose d’étrange arrive, il n’y a pas d’option de secours. »

La voiture médicale comme la voiture de sécurité disposent de leurs propres garages – il s’agit en règle générale du premier ou du dernier emplacement dans la ligne des stands. Quelques mécaniciens AMG veillent à la bonne marche des deux voitures. Le plus gros du travail se concentre sur le jeudi, où le pilote de la voiture médicale pousse le plus sa voiture à la limite.

« Nous punissons les voitures le jeudi. Les gars de chez AMG veulent voir comment les voitures se comportent mécaniquement, et nous devons savoir comment les pneus tiennent. A Sepang, par exemple, avec ces températures, vous ne pouvez pousser les pneus sans limite. Nous pouvons faire peut-être deux ou trois tours et après la situation commence à se détériorer. C’est toujours au fond une voiture de série et quand elle est pleinement chargée, avec l’équipement à l’arrière, et trois personnes à l’intérieur… »

Tout est prévu pour faire face aux imprévus. Il y a même une voiture de sécurité et une voiture médicale en réserve au cas où un véhicule viendrait à défaillir. Mais y a-t-il jamais eu des incidents avec la voiture médicale ? Alan van der Merwe nous révèle un incident jusqu’alors passé inaperçu…

« Nous avions dû échanger la voiture après le premier tour à Silverstone, en 2015. Mais je pense que personne ne l’avait remarqué ! Nous emportons deux voitures médicales à chaque course. Je ne pense pas qu’un observateur extérieur pourrait les différencier. Nous oui, parce que nous, nous passons beaucoup de temps avec elles. Je sais de quelle voiture il s’agit quand je la conduis. »

« A Silverstone, nous avions eu un problème de pneus. Je l’ai senti à la moitié du tour environ et nous avions dû revenir et changer de voiture. Ce genre de choses arrive. Tout s’était bien passé selon le plan et fut parfaitement orchestré. Notre voiture passe sur toutes sortes de débris sur la piste et nous passons sur les vibreurs tout le week-end, alors que le véhicule sort de la ligne des stands avec les pneus assez froids. Un problème en sept ans, c’est assez bon ! »

Il est à noter que la voiture médicale est également mobilisée lors des sessions de GP2 et de GP3, et éventuellement d’autres séries si nécessaire. Au cours d’un Grand Prix, les membres de l’équipage regardent bien sûr la TV, mais ont aussi accès à d’autres données fournies par la direction de course, comme la localisation des voitures par GPS et les alertes transmises par les voitures sur la piste.

Au cours d’un week-end, la piste évolue : l’adhérence s’améliore, les débris apparaissent, la ligne des stands est également nettoyée par les voitures. Or, la voiture médicale et la voiture de sécurité sont les premières à prendre la piste. Elles doivent donc rouler sur un circuit dans les conditions les moins favorables qui soient… d’où un maximum de prudence au volant !

« Sur un circuit comme à Bakou ou à Monaco, vous pouvez rouler comme un héros – mais accrochez un mur, et vous détruirez une voiture de série assez facilement. Il n’y a pas d’adhérence, la piste est sale, et il y avait aussi un peu d’huile à Bakou parce que le tarmac était nouveau, donc vous progressiez lentement. Vous sortez et vous enlevez des débris progressivement. Nous n’allons rien prouver à personne si nous sommes cinq dixièmes plus rapides par tour. Tout le monde s’en fiche, ce n’est pas important. »

Enfin, la dernière tâche d’Alan van der Merwe n’est pas de piloter… Il peut aussi participer aux opérations de secours.

« Cela dépend beaucoup de l’expérience des équipes qui arrivent sur place. Vous devez vous assurer que les véhicules de dépannage aient un bon accès. Les ambulances pourraient devoir être un peu guidées parce qu’elles n’ont pas l’expérience des circuits et vous ne voulez pas qu’une voiture soit bloquée dans les graviers. Les docteurs ont peut-être besoin que l’un de leurs kits de secours leur soit amené en cas d’urgence. Mon travail est essentiellement d’analyser la situation, de s’assurer que tout le monde a ce dont il a besoin, de diriger l’arrivée des véhicules si nécessaire, et généralement de donner un coup de main. Si ma présence n’est pas requise, je reste dans la voiture. Je peux parler à la radio et informer la direction de course de ce qu’il se passe. »

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