Andy Cowell, le responsable du développement moteur chez Mercedes, est un homme-clef du dispositif de la structure allemande. A l’aube d’une nouvelle saison, et à l’occasion de la présentation officielle de la W09, l’ingénieur de talent en a dit plus sur la conception de cette nouvelle voiture.
Andy, l’équipe a lancé sa nouvelle voiture avec une nouvelle unité de puissance, nommée M09 EQ Power+. A quel point ce V6 a-t-il changé par rapport à l’an dernier ?
« Le nombre de changements apportés sur cette nouvelle unité de puissance pour cette année est assez considérable. Et c’était nécessaire pour différentes raisons. Le plus gros défi que nous avons dû affronter, était d’adapter la durabilité de nos moteurs avec la nouvelle règle de trois moteurs seulement autorisés par saison – et deux systèmes ERS. C’est une augmentation de 40 % en termes de durée de vie exigée cette année par rapport à 2017. Nous nous sommes concentrés de manière à essayer d’augmenter la durée de vie de notre matériel sans perdre de performance. »
Sur quels autres aspects du moteur avez-vous travaillé en parallèle ?
« Nous voulions aussi changer l’intégration du moteur pour le bénéfice de la performance d’ensemble de la voiture. Nous avons travaillé très étroitement avec nos collègues de Brackley [usine châssis] pour essayer de trouver la meilleure intégration possible du moteur dans le châssis – en tenant aussi compte du système de de transmission et l’aérodynamique de la voiture. Nous avons aussi travaillé pour améliorer l’efficacité du système de combustion et pour réduire la friction du V6, en partenariat avec Petronas. »
La règle de trois moteurs par saison donne déjà des maux de tête aux ingénieurs moteurs. Mais quelle est l’origine de cette règle qui peut sembler dommageable à première vue pour les fans ?
« Nous avons basculé à trois moteurs par saison - et à deux ERS - pour essayer de réduire le coût des V6 pour les écuries clientes, aussi bien que pour réduire le coût de notre propre travail de développement. A l’heure actuelle, nous avons dû en revanche investir pour mener un travail significatif de développement, mais par la suite, cela nous profitera, ainsi qu’aux écuries clientes. Si un moteur dure 40 % plus longtemps, vous n’avez pas besoin de construire autant de V6. Cela aura un impact positif sur le travail de développement relatif à la performance du moteur que nous devons mener à l’usine, mais cela réduira aussi le prix du moteur pour nos clients, et enfin le coût total nécessaire pour couvrir une saison de 21 courses. Donc nous tirerons très vite le bénéfice de cette nouvelle règle. C’est une formule qui a fait ses preuves pour réduire les coûts. Si l’on remonte 14 ans en arrière, nous avions les premiers introduit l’idée selon laquelle des V10 et ensuite des V8 devraient durer pour l’ensemble d’un week-end d’un Grand Prix, et finalement, nous avons fini à huit V8 autorisés par pilote et par championnat. Tout cela a aidé à contenir les coûts. »
Mercedes n’a jamais connu l’échec depuis le début de l’ère V6 turbo. Quel est l’impact de cette période de triomphes à Brixworth ?
« Nous essayons de rester humbles et de simplement continuer à faire le même travail que par le passé. Il n’y a pas de formule magique de notre côté. C’est du travail d’ingénierie assez simple et honnête. S’il y a une idée qui nous vient pour réduire la friction ou améliorer l’efficacité de la combustion, nous en discutons sur notre forum sur un ton très libre. Les sources de toutes nos idées ? La créativité humaine, la passion et l’enthousiasme. Nous avons des milliers d’idées et nous utilisons notre expérience et nos ingénieurs pour essayer de distinguer les idées qui nous permettront – selon nous – de gagner des courses. Ensuite nous commençons notre travail de développement, avec des bancs d’essai et des moteurs de développement, avec aussi des moteurs à un seul cylindre pour mener un travail de recherche, et ainsi de suite pour vérifier nos théories. C’est ainsi que nous procédons, ainsi que nous essayons de conserver notre avantage. Dans un peu plus de neuf mois, après la course d’Abu Dhabi, nous saurons si nous y sommes parvenus. »