Cette saison, Nextgen-Auto vous proposera un débriefing noté des Grands Prix, pilote par pilote, afin de lire entre les lignes et mettre en lumière les performances des pilotes en rapport avec le résultat brut de la course et les circonstances de celle-ci. Le Grand Prix d’Australie a marqué le début d’une ère nouvelle en Formule 1 et bien que la course n’ait pas été animée du début à la fin, on a pu constater qu’un vent nouveau souffle sur la discipline et que les jeunes pilotes semblent prêts à attaquer leurs aînés.
Nico Rosberg – 18/20
Malgré une qualification décevante lors de laquelle il a été renvoyé en deuxième ligne, Rosberg n’avait rien perdu de sa motivation et sa rage s’est vue dès le départ puisqu’il a viré en tête après avoir débordé les deux pilotes qui le devançaient. Débarrassé de son plus grand rival dès lors que Lewis Hamilton avait abandonné, Rosberg a assuré en gérant à merveille sa consommation, son rythme de course et en creusant immédiatement l’écart après la rentrée de la Safety Car aux stands. Une course qui a presque paru trop facile puisqu’il termine avec environ 25 secondes d’avance.
Daniel Ricciardo – 17/20
Le jeune Australien n’a pas raté son entrée chez Red Bull malgré toute la pression qui l’entourait en ce début de saison. Aligné aux côtés du quadruple champion du monde en titre, Ricciardo avait de quoi s’inquiéter, d’autant que la préparation de la saison avait été catastrophique chez Red Bull. Sa monoplace a bien choisi son moment pour être fiable puisque Ricciardo a beaucoup roulé vendredi et a réussi parfaitement sa qualification, prenant ses rivaux par surprise. Largement dominateur sur son équipier en qualifications, le remplaçant de Webber a disputé une course solide, profitant de la sobriété de sa monoplace pour attaquer jusqu’à la fin de course et contenir les assauts de son poursuivant. Il signe son premier podium pour sa première course dans une équipe de pointe et se place directement comme un candidat à la victoire. Malheureusement l’Australien est exclu de la course pour flux de carburant trop élevé selon les capteurs de la FIA, ce que nie Red Bull avec ses propres capteurs. Le podium de Ricciardo se jouera donc en appel.
Kevin Magnussen – 19/20
Première course en Formule 1 et premier podium. Les pilotes qui ont réussi cette performance par le passé ont toujours eu une grande réussite par la suite, puisque le dernier à l’avoir fait est Lewis Hamilton, il y a sept ans. Kevin Magnussen n’avait pas une grande expérience de la Formule 1 avant d’arriver à Melbourne mais s’était déjà fait remarquer en essais privés le mois dernier. Quatrième en qualifications dans des conditions difficiles, le Danois a disputé une course régulière et rapide, même si ses espoirs de deuxième place finale ont été douchés par l’obligation d’économiser du carburant. Ce résultat lui permet de devenir le premier Danois à monter sur un podium, et le second à marquer des points après le seul point inscrit par son père en 1998 ! Nul doute qu’il deviendra rapidement le premier à remporter un Grand Prix.
Jenson Button – 15/20
Une belle course pour le Britannique qui a été piégé en qualifications par le drapeau jaune consécutif à la sortie de piste de Kimi Raikkonen. Sa place sur la grille de départ lui coûte une bonne note d’ensemble, mais sa course pleine d’expérience et ponctuée par une réactivité hors pair lors de l’apparition de la voiture de sécurité en piste, qui a emmené Jenson du top 10 aux portes du top 5. Il a ensuite fait le reste et termine à quelques encablures de son jeune équipier. Une belle performance d’ensemble pour les pilotes McLaren qui permet à l’équipe anglaise de prendre la tête au championnat des constructeurs.
Fernando Alonso – 16/20
Il est un peu difficile de noter les pilotes Ferrari tellement le potentiel de la voiture, tout comme ses performances, est flou. Cependant, Fernando Alonso a fait ce qu’il fait depuis plusieurs années chez les rouges, à savoir assurer les meilleures performances possibles en dépit du matériel qu’on lui donne. Les divers soucis apparemment rencontrés par sa F14T ne l’ont pas empêché de rouler aux avant-postes, espérant même un bref instant rattraper les McLaren. Le point positif est d’être à l’arrivée, et Fernando n’a rien à se reprocher. Il peut en revanche s’attendre à vivre une saison difficile de plus chez Ferrari puisque la Scuderia semble encore empêtrée dans ses travers et déjà en retard sur la concurrence.
Valtteri Bottas – 15/20
Des qualifications décevantes et une petite erreur en course, de quoi faire baisser la note d’un Valtteri Bottas pourtant brillant ! Le Finlandais débute sa saison 2014 de fort belle manière puisqu’en plus de marquer plus de points pour Williams en un GP que sur l’ensemble de la saison 2013, Bottas a effectué 22 dépassements ! Avoir percuté le mur aurait pu lui coûter très cher, mais on peut considérer qu’il perd certainement un podium dans l’affaire, vu son rythme tout au long de la course. La Williams a un bon potentiel sur le sec et Bottas l’exploite déjà à fond. Il ne faudra sûrement pas longtemps pour le voir sur un podium, et la plus haute marche n’est pas hors de portée.
Nico Hulkenberg – 17/20
Comme chez Ferrari, les pilotes Force India sont extrêmement difficiles à noter étant donné leur écart. Que vaut la voiture ? Une chose est sûre, Nico Hulkenberg semble toujours dans la même verve qu’en fin de saison dernière, et son résultat en dit long sur le potentiel de cette association, lui qui a finalement évité le pire en quittant Sauber et en ne signant pas chez Lotus. Une place en Q3 hier, la septième place aujourd’hui en course, le bilan est très positif après ce premier Grand Prix de l’année. La voiture semble fiable et Hulkenberg arrive à optimiser ses performances. Vu sa régularité en course, il y a fort à parier qu’il sera un candidat régulier aux points cette saison.
Kimi Raikkonen – 11/20
On attendait avec impatience le duel au sein de la Scuderia Ferrari en ce début de saison 2014 mais il a finalement tourné court ce week-end à Melbourne. Kimi Raikkonen a été l’ombre de lui-même. Au menu : manque de performances en course et erreur de pilotage en qualifications. Le pilote n’a pas cherché d’excuses, il a clairement dit qu’il n’était pas dans le coup. Peu aidé par une Ferrari timide en performances et touchée par divers soucis mineurs, le Finlandais tire son épingle du jeu de la voiture de sécurité pour ne pas finir trop loin de son équipier et reste positif sur la fiabilité de sa monoplace, ce qui lui permet de se placer dans les points à l’arrivée, en attendant de résoudre les soucis de performances. A suivre, mais il va falloir combler un bel écart pour lutter avec Alonso.
Jean-Eric Vergne – 13/20
S’il est une équipe dont on ne connaissait pas le potentiel avant cette course, c’est Toro Rosso. Finalement, les deux monoplaces italiennes ont passé la course dans les points et terminent dans le top 10. Jean-Eric Vergne a disputé une course solide probablement dictée par les inquiétudes concernant la fiabilité et les limitations au sujet de la consommation de carburant. Toutefois, on aurait attendu un peu plus de sa part, lui qui doit s’imposer cette année comme un leader naturel de l’équipe dans laquelle il débute sa troisième saison. Rappelé à l’ordre par des petites erreurs sans conséquences, Vergne termine avec très peu d’avance sur son jeune équipier, ce qui constitue quand même une petite déception.
Daniil Kvyat – 16/20
La Formule 1 nous promet depuis plusieurs mois une entrée dans une nouvelle ère technologique, et elle est effectivement arrivée. Mais ce renouveau n’a pas seulement été technologique puisque de nouveaux noms ont trusté les bonnes places lors de ce Grand Prix d’Australie, et l’on a assisté à de véritables révélations. Daniil Kvyat en fait partie, puisque le jeune Russe place sa Toro Rosso dans les points dès son premier Grand Prix, dans le sillage de son équipier. Malgré son inexpérience, Kvyat a roulé intelligemment et dans un bon rythme. Sa faculté à apprendre rapidement semble très développée, et Vergne devra très vite se méfier de ce jeune pilote aux dents longues. Une vraie bonne surprise puisqu’il devient au passage le plus jeune pilote à inscrire des points dans l’histoire de la Formule 1 à la place de Sebastian Vettel.
Sergio Perez – 8/20
L’enjeu est grand cette saison pour Sergio Perez, puisque le Mexicain s’est fait évincer de chez McLaren et repêcher in extremis par Force India. Cependant, cette dernière ne lui a pas fait un cadeau en l’alignant aux côtés de Nico Hulkenberg. Il n’y a pas eu match ce week-end puisque Sergio Perez n’a pas vu le jour face à l’Allemand. Il n’a certes pas été aidé par l’accrochage avec Esteban Gutierrez en début de course, mais on ne peut pas rejeter sur son compatriote la responsabilité de sa performance. Il n’y a pas encore péril en la demeure, mais on attendra bien plus de Perez dès le Grand Prix de Malaisie, où il aura pour impératif de lutter un tant soit peu avec son équipier. Car même s’il a vu le drapeau à damiers, le Mexicain n’a pas joué dans la même catégorie que l’autre Force India à Melbourne.
Adrian Sutil – 13/20
Effectuant le chemin inverse de celui de Nico Hulkenberg en quittant Force India pour Sauber, Adrian Sutil n’a pas forcément tiré le bon numéro, sans pour autant qu’il ait eu le choix. L’équipe suisse était unanime à l’arrivée du Grand Prix d’Australie, la C33 manque cruellement de performances. Partant de là, Sutil a fait parler l’expérience pour s’imposer en leader au sein de sa nouvelle structure et, si ce n’était pas si évident en course, il a étrillé son équipier en qualifications. Un écart d’une seconde et demi qui ne plaide pas en la faveur de Gutierrez et dont on ne sait pas s’il est représentatif. Toutefois, c’était la première fois que Sutil disputait un Grand Prix de Formule 1 au volant d’une monoplace qui n’était pas une Force India, et on peut dire que sa performance a été satisfaisante.
Esteban Gutierrez – 7/20
Comme son compatriote Sergio Perez, Esteban Gutierrez n’a pas réussi à lutter avec son nouvel équipier ce week-end à Melbourne. Un gros déficit de performances peu aidé par la lenteur naturelle de sa nouvelle monture. Là où Sutil a surnagé tant bien que mal, Gutierrez a coulé. Les deux Sauber finissent devant les Marussia en course mais en qualifications, le Mexicain n’a pas réussi à devancer les monoplaces russes. D’où le ressenti d’un week-end complètement manqué.
Max Chilton – 14/20
En souffrance face à Jules Bianchi tout au long de la saison 2013, Max Chilton semble avoir capitalisé sur ses progrès. Devancé 17 fois en qualifications la saison dernière, il entame 2014 en plaçant sa Marussia devant celle de Bianchi. Devançant également les Lotus, une Caterham et une Sauber, Chilton a malheureusement perdu ce bénéfice en rencontrant un problème sur la grille de départ. Esseulé lors de la course, Chilton a amené la monoplace à l’arrivée en tournant pratiquement dans les temps de son équipier. Mission accomplie pour le Britannique.
Jules Bianchi – 10/20
On attendait mieux de Jules Bianchi en performances pures, mais on ne peut pas qualifier son week-end de mauvais pour autant. Devancé en qualifications par Max Chilton, Bianchi a subi comme son équipier des soucis techniques sur la grille. Plus graves que ceux de Chilton, les problèmes ont coûté 7 tours à Bianchi, et la possibilité d’être considéré comme pilote classé à la fin de la course. En effet, n’ayant pas disputé au moins 90% de la distance de course, le Français est considéré comme arrivé mais non classé. Un premier Grand Prix moyen pour débuter cette saison 2014, mais on peut se réjouir de la lutte qui promet d’animer Marussia et qui pourrait se révéler un facteur de progression déterminant pour aller chercher les points au cours de l’année.
Romain Grosjean – Non noté
Difficile de noter les Lotus ce week-end puisque non seulement elles n’ont pu se mesurer à la concurrence, mais aucun point de comparaison tangible n’a pu être trouvé entre les deux sociétaires de l’équipe. Grosjean a eu plus de roulage que Maldonado et a logiquement effectué un tour plus rapide en course, ayant parcouru plus de distance et donc consommé plus de carburant, mais les caprices mécaniques des Lotus ont gâché le week-end de leurs pilotes dont le seul objectif a été de faire tourner la voiture.
Pastor Maldonado – Non noté
Le Vénézuélien a subi les mêmes désagréments que Grosjean à Melbourne et n’a pu préparer sa course que samedi matin en essais libres 3. Sa qualification a été avortée par un problème moteur qui l’a empêché de prendre la piste au moment où celle-ci était encore sèche et, partant dernier, Maldonado a simplement profité de la course pour apprendre et comprendre sa monoplace jusqu’à ce qu’elle rende l’âme au 31ème tour.
Marcus Ericsson – 12/20
Des débuts discrets mais pas mauvais non plus pour le jeune Suédois. Sa faible expérience de la Formule 1 n’a pas été aidée par le manque de roulage de sa CT-05. Aucun tour parcouru le vendredi, Ericsson s’est lancé un peu au hasard dans l’exercice difficile des qualifications ; en a résulté une vingtième place, juste devant les Lotus. En course, il faisait le boulot jusqu’à ce que la Caterham n’en décide autrement. Une première expérience difficile à juger mais qui a semblé assez positive compte tenu encore une fois de son expérience.
Sebastian Vettel – Non noté
Sa course a tourné si court qu’il est difficile de le noter, mais on ne peut pas dire que Sebastian Vettel ait été à la hauteur de son numéro 1 en cette ouverture de saison. Toutefois, on peut largement remettre en cause sa monoplace, lourdement affectée par des soucis de cartographie durant toute la journée du samedi. Vettel rate pour la première fois en plus de 18 mois la Q3 au moment où son équipier place l’autre Red Bull en première ligne. Se plaignant de manque de puissance de son moteur dans le tour de formation, l’Allemand a finalement vu ses espoirs de résultat s’éteindre au cinquième tour en même temps que son bloc propulseur.
Lewis Hamilton – Non noté
Il est dommage de ne pas noter le poleman, mais la course de Lewis Hamilton n’a pas duré plus de trois tours. Dès lors, impossible de dire ce qu’il en aurait été même si le Britannique était cinquième lorsque son équipe lui a dit que le retrait était envisagé. Un départ manqué qui gâchait une pole position obtenue avec panache. La saison démarre toutefois bien pour Hamilton puisque les performances sont là. La fiabilité devra être étudiée de son côté puisqu’il avait déjà subi un problème vendredi en essais libres. On devrait cependant le retrouver très rapidement sur le podium.
Kamui Kobayashi – Non noté
Le Japonais effectuait ce week-end son retour en Formule 1 après une année sabbatique imposée suite à son licenciement par Sauber. En quête d’un pilote d’expérience pour travailler sur sa monoplace, Caterham a vu en Kobayashi un bon compromis entre vitesse et expertise technique. Le choix fut vraisemblablement le bon puisque Kobayashi s’est qualifié quinzième et a pris le départ en quatorzième position suite à la pénalité de Bottas. Une magnifique performance qui égale le meilleur résultat de l’équipe en qualifications. Sa course s’est terminée dès le premier virage suite à un problème de freins qui l’a conduit à percuter la Williams de Felipe Massa.
Felipe Massa – Non noté
Evincé de chez Ferrari suite à plusieurs années ternes, Massa a trouvé en Williams un second souffle afin de terminer sa carrière sur une bonne note. Il a fait une bonne affaire puisque la Williams-Mercedes semble être bien mieux née que la nouvelle monoplace de son ancienne équipe, Ferrari. Instable sur piste mouillée, la FW36 a fait rater ses qualifications à l’équipe Williams. Un semi échec puisqu’avec les deux monoplaces en Q3, la performance dépasse largement ce qu’on a pu voir de leur part l’an dernier. Cependant, à voir le rythme de Valtteri Bottas aujourd’hui en course, on peut être sûrs que Felipe Massa aurait terminé dans les points, voire sur le podium, s’il avait terminé la course. Les freins de Kamui Kobayashi en ont décidé autrement.