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Le bilan des essais F1 des quatre pilotes français

Les quatre mousquetaires de l’Équipe de France FFSA Circuit

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Pour la première fois depuis le milieu des années 90, quatre pilotes français étaient au volant d’une F1 sur la même piste. L’événement a eu lieu cette semaine à Abu Dhabi pour les essais ‘Jeunes Pilotes’. Et ce sont quatre mousquetaires de l’Équipe de France FFSA Circuit, Nathanaël Berthon, Charles Pic, Jules Bianchi et Jean-Eric Vergne qui étient en piste. Aujourd’hui ils dressent le bilan de trois journées fondatrices.

Commençons par Nathanaël, pour lequel l’annonce de ces essais, vos premiers en F1, ont été une très agréable surprise.

Nathanaël Berthon : Ça m’a également pris par surprise ! Je pensais rentrer chez moi le dimanche soir après les courses de GP2 Séries et je suis ressorti d’un rendez-vous avec HRT avec la proposition de rouler ! Pas mal de gens de l’ombre ont travaillé à ce projet, je connaissais HRT depuis quelques temps et Peter Collins a joué un grand rôle.

Quelles ont été vos premières et vos dernières impressions ?

Nathanaël Berthon : Les premières ? Plutôt étranges et après coup, comiques.... j’étais sur le carbone ! On n’avait pas de vrai baquet, on a dû découper plusieurs morceaux pour que je rentre dans l’auto qui est la plus petite des 5 ou 6 dernières années. Quand je monte dans l’auto, je me dis que je ne vais jamais pouvoir rouler. Quand j’en sors, j’ai la certitude que c’est bien en F1 que je veux être dans les prochaines années ! Ça s’est très bien passé et l’équipe était contente de moi.

Jules Bianchi : La première impression est toujours fabuleuse. Ça fait du bien de retrouver le volant d’une F1 et cette monoplace rouge est magnifique ! Je la vois toute l’année mais monter dedans, c’est tout simplement génial. La dernière impression ? Sûrement que c’est trop court.

Jean-Eric Vergne : Premières impressions géniales ! Dernière ? Dommage qu’il n’y ait que 3 jours ! C’était une expérience vraiment fantastique.

Charles Pic : La première est une grande émotion, la dernière c’est « Quand est-ce que je remonte dedans ?

Quel est le premier bilan à chaud ?

Charles Pic : L’objectif principal de ces essais était de découvrir la voiture. Il y a beaucoup de choses apprendre et à modifier sur un volant de F1 !

Jules Bianchi : Je suis très heureux ! Ces trois jours se sont très bien passés et l’équipe est contente. On a réalisé tout le programme prévu et c’est donc très positif. J’ai fait 280 tours de circuit ce qui donne une idée de la fiabilité de notre matériel et de l’intensité du travail. Je ne suis pas habitué à rouler autant et mon corps le sent mais je suis bien préparé et je ne ressens pas de fatigue prononcée. Nous avons fait des simulations de longs runs et tout s’est bien passé.

Nathanaël Berthon : Malgré l’appréhension et ma position de conduite, la mise en route a été facile. Mais pour aller chercher le chrono et les derniers dixièmes, c’est une autre histoire. Il faudrait plus de temps et de travail.

Jean-Eric Vergne : Le bilan est excellent d’un point de vue personnel mais nous sommes un peu déçus de ne pas avoir pu respecter tout notre programme à cause de petits pépins techniques.

De combien de tours avez-vous eu besoin pour vous mettre en action véritablement ?

Jules Bianchi : Pour rouler jusqu’à un certain niveau, ça vient rapidement, mais pour aller vite, pour être à la limite il faut rouler au maximum et être en confiance, il faut faire corps avec sa F1.

Charles Pic : Comme Jules et sans son expérience, je dirais qu’il faut du temps pour rouler à la limite. Sinon, on trouve assez rapidement ses marques pour entrer dans un rythme de base.

Nathanaël Berthon : Mon premier tour était hyper vite d’après ce que l’équipe m’a dit. Après, elle m’a mis des gommes dures. A part dans les portions rapides où j’avais été prudent pour respecter les consignes, j’étais dès mon premier tour dans les meilleurs temps de Clos dans les virages moyens et lents.

Jean-Eric Vergne : Je suis rentré dans le rythme dès la première séance. C’est gratifiant. Du coup, ça nous a permis de travailler pour l’équipe, pour 2012, pour le GP du Brésil, pour les pneus et pas spécialement pour que je m’améliore.

Abu Dhabi n’étant pas le plus complexe des circuits, que vous connaissiez déjà par ailleurs, avez-vous rapidement pu rentrer dans le dur du programme ?

Jules Bianchi : On a débuté calmement, avec des instruments de mesure pour étudier le comportement de l’aéro, ça m’a permis de mettre dans le rythme. Puis, dès l’après-midi du premier jour nous avons commencé le travail de fond.

Nathanaël Berthon : Oui, très rapidement. Le dernier jour, je savais où je mettais les pieds en montant dans voiture.

Charles Pic : Je suis rentré assez rapidement dans le programme, notamment en ce qui concerne les pneus Pirelli dont on avait plusieurs spécifications. On s’est contenté des soft et super soft mais c’est déjà très intéressant car on a passé 6 trains.

Jean-Eric Vergne : En fait, le circuit est assez exigeant avec 21 virages dont certains sont très différents. Ça permet de tester beaucoup de choses. Même si le Yas Marina n’est globalement pas très rapide en dehors des lignes droites, passer les virages 2 et 3 à fond avec le DRS ouvert, c’est ’challenging’ ! L’avant-dernier virage est assez rapide également. Et puis il faut une grande stabilité au freinage et une bonne vitesse en entrée et en sortie de virage. Globalement, c’est un circuit complet pour des essais de fond.

Les temps au tour ont beau ne pas être la préoccupation principale des écuries lors de ces essais, la F1 reste un sport de chiffres. Que pensez-vous de vos chronos ?

Nathanaël Berthon : J’avais peur que mon installation plutôt inhabituelle dans le cockpit joue sur ma performance. Je n’avais pas le bon angle pour freiner et accélérer, mes genoux touchaient partout, la tête dépassait et bougeait donc beaucoup en ligne droite. On a mis des ailettes sur le casque, mais du coup il tombait dans les virages ! Honnêtement, on n’a pas cherché la performance et j’ai d’ailleurs passé les pneus hyper tendres quand la piste était pourrie. Je suis donc content d’être devant les Virgin.

Charles Pic : Ce n’était clairement pas l’objectif ce ces deux jours et il est donc inutile de chercher à analyser qui a fait quoi car on est sûr que toutes les conditions étaient différentes de l’un à l’autre.

Jules Bianchi : C’est clair, j’ai regardé les chronos. Mais on ne peut pas savoir dans quelles conditions roulent les autres. Le deuxième jour, on a roulé un peu plus fort, le troisième on a fait des longs runs et on a testé plusieurs set-up, notamment pour étudier la dégradation des pneus. Les temps ne sont donc pas la priorité et il est surtout difficile d’avoir une idée précise. Mais j’avais les data de Fernando et de Felipe et c’était très intéressant et utile pour moi. Je suis content car j’ai progressé tout au long des trois jours.

Jean-Eric Vergne : Mes chronos sont très bons et il ne faut pas les comparer à ceux du Grand Prix. J’ai fait mes meilleurs temps quand la piste était à 45°C alors que Seb a fait la pole à 19h avec des températures idéales. Je n’étais pas non plus totalement en conditions de qualification. Le but n’était pas de faire le meilleur temps.

Jean-Eric, les conditions idéales n’étaient pas réunies, mais d’un autre côté la piste n’a-t-elle pas évolué dans le bon sens ? On se souvient que l’année dernière les temps des essais des jeunes pilotes étaient meilleurs que ceux du Grand Prix.

Jean-Eric Vergne : Au début, les Pirelli nettoient la piste et à la fin ils ne déposent pas de gomme. Ça permet de travailler dans la constance, mais à la fin de la troisième journée d’essais la piste n’est pas plus rapide. J’avais participé aux essais 2010, avec les pneus Bridgestone ; les conditions changeaient beaucoup plus car il y avait un gros dépôt de gomme. A la limite, cette année la piste était moins bonne en fin de journée, à cause de la fraîcheur.

La quantité de paramètres à gérer n’est-elle pas effrayante au début, avec notamment de nouvelles spécifications de pneu ?

Jean-Eric Vergne : Justement non, l’équipe ne regardant pas les temps au tour, le plus important est le travail à fournir avec et pour elle : la compréhension des pneus et de la voiture, la régularité du package. Ça s’est très bien passé. Le fait qu’il y ait beaucoup de choses à tester n’est pas un problème car tout est bien huilé, très bien préparé en amont.

Nathanaël Berthon : Le plus impressionnant ce n’est pas ce qui se passe sur la piste, c’est tout ce qu’il y a à côté : le nombre de mécaniciens et d’ingénieurs, il y en a des dizaines, qui vous sollicitent. Ça c’est bluffant. Pour le reste, non, je n’ai pas rencontré de problème particulier pour gérer le programme.

Charles Pic : Effrayant non, mais ça fait bizarre. Il faut être concentré sur cet aspect là et pas seulement sur le pilotage.

Jules Bianchi : Honnêtement, je pense m’en être bien sorti. Les pneus testés étaient très bons mais nous devrons analyser les données dans le détail avant de pouvoir tirer des conclusions. Plusieurs spécifications étaient à notre disposition mais nous avons uniquement utilisé les pneus softs car c’était la manière la plus efficace de travailler pour l’équipe. Pour le reste non, je n’ai pas rencontré de problème particulier.

Quelle impression ça fait de retrouver beaucoup d’autres membres de l’Équipe de France FFSA Circuit en F1 ?

Jules Bianchi : C’était fun ! Ça fait du bien pour la France, ça montre qu’on peut y arriver et j’espère que ça continuera. Mais j’étais à Abou Dhabi pour travailler et je n’ai pas vu tout le monde. Ces trois jours ont été un pur plaisir de A à Z et je suis très reconnaissant à Ferrari de m’avoir confié sa voiture pendant l’intégralité des essais. C’était une semaine très importante pour ma construction de pilote de course.

Jean-Eric Vergne : Quatre, c’est pas mal ! Ça prouve que l’Équipe de France FFSA a mis sur pied un programme qui fonctionne très bien et que ses pilotes fonctionnent aussi très bien. C’est encore plus valorisant de faire partie de ce groupe.

Nathanaël Berthon : Ça fait bizarre. En regardant les noms sur les écrans, je retrouve tous mes partenaires de l’Équipe de France comme si on était dans un stage spécial. Et puis les autres noms sont également très familiers car j’avais déjà couru avec la plupart des pilotes qui tournaient en même temps que moi.

Charles Pic : Je n’ai pas grand-chose à ajouter. Je suis d’accord, c’est un moment très sympathique à partager et j’espère qu’il y en aura beaucoup d’autres !

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